Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



L’Observateur N° 8364 du 30/4/2013

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles


Comment

Société

Mali : Daou libéré, Sanogo acculé
Publié le jeudi 2 mai 2013   |  L’Observateur




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Toute la presse se réjouit aujourd’hui de la libération de Boukari Dao, Directeur de publication du journal le Républicain, embastillé pour avoir diffusé une lettre évoquant le traitement de faveur accordé au capitaine Amadou Haya Sanogo. Il était reproché au journaliste d’avoir incité «au crime» et au «délit» et la «publication de fausses nouvelles». Et pourtant, il n’y a rien de plus vrai que ce qui avait été écrit par un «groupe de soldats au front» qui se disaient «indignés».


Noir sur blanc, le décret présidentiel du 22 janvier a fixé les avantages accordés au président du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité (le capitaine Sanogo), qui portent sur un traitement mensuel de 2 500 000 F CFA sans oublier d’autres faveurs, comme l’indemnité de responsabilité et la prime de sujétion pour risque, qui sont de 300 000 F CFA et de 250 000 F CFA, l’indemnité de logement, de 500 000 F CFA, l’indemnité forfaitaire d’entretien au titre de la consommation d’eau, d’électricité et de téléphone, de 400 000 F CFA, la prime d’installation, de 2 500 000 F CFA, un véhicule de fonction, la gratuité des soins et examens médicaux, une assurance couvrant les accidents de transport par voie aérienne et de surface.

Dites-nous, bonnes gens, ces émoluments ne sont-ils pas en effet très exagérés pour un officier dont le grand mérite est d’avoir profité d’une période de turbulences pour occuper la présidence et d’avoir favorisé l’installation des rebelles dans les grandes villes du Nord? Notre journal ayant de la mémoire, rappelons que c’était d’ailleurs le même étonnement que nous avions manifesté dans notre Regard sur l’actualité du mercredi 13 mars 2013, dans lequel nous nous demandions : «quels services ce soldat a-t-il bien pu rendre à son pays pour mériter pareilles attentions ? Le coup d’Etat qui a permis l’occupation du Nord par les Djihadistes peut-être !». L’arrestation du journaliste Boukari Dao n’était-elle pas en réalité un règlement de compte politique ? L’essentiel est qu’il en sorte lavé de tout soupçon, après moult tractations et manifs. Provisoirement élargi, il a vu les charges retenues contre lui abandonnées. Un bon point pour la Justice malienne, qui vient de faire preuve d’indépendance et d’impartialité. Ça tombe d’ailleurs à pic, à la veille de la célébration de la Journée de la liberté de la presse (le 3 mai).

Mais comme pour donner raison au Directeur de publication du Républicain, il se susurre que l’on veut élever l’homme de Kati au grade de général. Et la même main présidentielle qui avait signé le décret offrant des avantages exorbitants à l’homme de Kati peut tout aussi confirmer la rumeur. L’annonce arrive par contre à un moment où le potentiel bénéficiaire semble se chercher, craignant pour sa vie. Des récriminations de plus en plus vives se font entendre au sein de la soldatesque qui avait perpétré le coup d’Etat du 21 mars 2012 avec lui, ces derniers attendant vainement les avantages à eux promis par leur meneur.

Et plus compliqué pour le capitaine Sanogo, il n’est pas sûr qu’une grande partie de la population porte l’éphémère chef d’Etat dans le cœur. La sanction de la rue est plus implacable. A lui, trois péchés capitaux : l’occupation du Nord par les extrémistes aussitôt après son putsch, sa non-réaction (militaire s’entend) devant l’offensive islamiste pendant son règne, sa timide contribution à l’effort de défense quand l’armée française est intervenue. Aujourd’hui, il n’y a peut-être qu’une espèce - en voie de disparition - et dont fait certainement partie le politicien Omar Mariko, à oser encore donner le bon Dieu sans confession au capitaine Sanogo. Certainement acculé, ce dernier lorgnerait un point de chute du côté du Gabon ou du Nigeria. Les Américains, quant à eux, ont opposé une fin de non-recevoir à sa requête.


Issa K. Barry

 Commentaires