Il ne se passe plus un seul jour, à Ouagadougou et au Burkina en général, sans que l’on ne constate une augmentation anarchique des prix des produits de première nécessité : les céréales et bien d’autres produits tels que le pétrole, le carburant, le ciment. Ce, pour des raisons, le plus souvent, fort peu convaincantes. Laissant ainsi le libre cours aux commerçants véreux et avides de spéculer, comme bon leur semble et sans être inquiétés, sur le prix de ces marchandises, surtout du gaz butane. C’est à croire que l’Etat burkinabè, lui-même, se rend complice de tels actes visant plus à protéger et favoriser le commerçant au détriment du consommateur. En effet, le gouvernement a décidé, dans une note rendue publique par le Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures (CIDPH) et dont l’entrée en vigueur était prévue pour le 21 avril dernier, de procéder à une augmentation du prix du gaz butane. Ainsi, à compter de cette date, la bouteille de 2, 75 kg est passée de 715 F CFA à 915 F CFA, soit une augmentation de 200 de CFA. Celle de 6 kg a connu une hausse de 440 F CFA, tandis que la bouteille de 10, 80 kg a subi une inflation de 860 FCFA. La bouteille de 12, 5 kg est passée de 4000 F CFA à 5000 F CFA, celle de 17, 5 kg de 8 750 F CFA à 10 500 F CFA ; la bouteille de 32 kg (16 000 F CFA contre 19 200 F CFA), celle de 38 kg (19 000 F CFA contre 22 800 F CFA).
Selon certaines indiscrétions, cette mesure vise à donner un nouveau souffle à la nationale des hydrocarbures qui semblait visiblement émousser.
Ainsi, ce sont les pauvres Burkinabè qui paieront, comme cela à toujours été le cas d’ailleurs, les erreurs et la mauvaise gestion d’une certaine catégorie de personnes. Mais, il ne faudrait pas perdre de vue que le revenu mensuel des ménages, lui, n’a pas profité de cette générosité des gouvernants. Que feront les ménages qui n’auront pas les moyens de suivre ce rythme, sinon de retourner à leurs anciennes amours : le bois de chauffe ou le charbon ?
Or, l’Etat, lui-même, s’est engagé, il y a plusieurs années, dans une large et profonde campagne de sensibilisation, avec à la clef plusieurs millions de francs CFA dilapidés, pour lutter contre la désertification et les changements climatiques. Ainsi les populations, notamment celles rurales, ont été sensibilisées et informées sur les dangers de la coupe abusive du bois, de l’utilisation du charbon : de la destruction des forêts et autres réserves florales du pays sahélien qu’est le Burkina Faso et qui, logiquement, n’en dispose pas assez.
L’Etat a encouragé l’utilisation du gaz butane par la subvention, mais aussi l’utilisation des biodigesteurs. Ces actes ont, nul ne peut le nier, conduit à une véritable révolution comportementale au sein des populations burkinabè.
Mais, avec une telle décision, ne faudrait-il pas craindre un retour aux vieilles pratiques ?
Que veut le gouvernement à la fin ? Une question qui vaut son pesant d’or. A l’analyse, c’est à croire que le gouvernement ne sait véritablement pas ce qu’il veut; d’autant plus que cette décision d’augmenter le prix du gaz butane n’est pas de nature à encourager les Burkinabè à poursuivre l’élan de la reconversion au gaz butane.
S’il est vrai que l’idée de remettre d’aplomb la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) n’est pas une mauvaise idée en soi, force est de reconnaitre que le couac se situe au niveau de la manière de le faire. Le gouvernement aurait pu trouver le financement ailleurs.
En effet, il appartient au gouvernement de vite revoir sa copie sur la question. Car, il est plus qu’évident que l’augmentation du prix du gaz butane aura à coup sûr –si elle ne l’a déjà pas- de graves conséquences sur la vie et le comportement des ménages et donc sur les acquis engrangés en matière de lutte contre les changements climatiques .