L’actualité économique est dominée au Burkina Faso par l’ouverture, depuis hier 20 septembre 2012, de la conférence internationale des investisseurs de Bagré pôle. 9 mois après la conférence des bailleurs de fonds pour financer la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) chiffrée à plus 7 000 milliards de F CFA à Paris (France), on peut dire que les autorités burkinabè continuent leur opération de charme en direction des investisseurs internationaux. Dans la mise en œuvre de cet ambitieux plan de développement, l’agriculture et les mines ont été identifiés comme secteurs prioritaires qui ont un fort potentiel de croissance.
Réputé pour sa stabilité, félicité par les institutions financières internationales pour ses performances économiques (une croissance moyenne de 5% au cours de la dernière décennie), le pays jouit d’une bonne audience. C’est cet aura que les autorités veulent mettre au service de la création de richesses et surtout d’emplois, capables d’amener le pays à réaliser une croissance à deux chiffres. L’argentier du Burkina, Lucien Marie Noël Bembamba n’a-t-il pas déclaré à la presse internationale à l’occasion de la conférence de Paris, que le Burkina vise une croissance de 10 % et peut devenir un hub de la sous-région ? Sa position géographique, au cœur de l’Afrique de l’Ouest, l’y prédispose fortement. C’est un objectif louable dans la mesure où plusieurs études ont confirmé qu’il faudrait une croissance au moins à 9 % pour que le rythme de création de la richesse puisse combler ou compenser le besoin d’investissements en matière d’infrastructures socio-éducatives (centres de santé, écoles, forages, etc.) C’est dire que les 5 % de croissance enregistrés en ce moment sont largement insuffisants.
Le besoin est d’autant plus pressant que le niveau d’investissement direct étranger est encore marginal. Il atteint à peine 10 % selon des sources. Or, il se trouve qu’au cours des dernières années, le pays a été particulièrement actif en matière de prise de mesures visant à faciliter le climat des affaires. Ainsi, on peut retenir la mise en œuvre des réformes recommandées par la rencontre annuelle gouvernement/secteur privé, instituée en 2001. Cette rencontre a permis aux acteurs étatiques et privés d’apporter des solutions aux goulots d’étranglement qui plombaient l’investissement privé. L’aboutissement de ce dialogue fructueux s’apprécie par la prise de mesures visant à faciliter la création d’entreprises. Désormais, les délais pour créer une entreprise sont de trois jours dans les centres de formalités des entreprises (CEFORE). L’extension de ces centres dans les régions du Centre-Nord et du Sud-ouest a favorisé, en 2010, la création de 4400 nouvelles entreprises dont 3381 entreprises individuelles et 1019 sociétés. Cela représente une progression de 20,51% par rapport à 2009. Dans le même sens, le Centre de facilitation des actes de construire à délivré deux fois plus de permis de construire, soit 592. A côte de cela, des mesures ont été prises en matière de fiscalité (relecture en cours des codes minier et des impôts).
Le monde des affaires a donc rendez-vous au Burkina, un pays stable et sûr pour tous ceux qui veulent faire du business en Afrique. Il faut dire que le pôle de croissance de Bagré constitue une énorme opportunité d’investissement. Cité comme un exemple de partenariat public-privé, la zone de Bagré située à environ 230 km de Ouagadougou veut partir du barrage hydroélectrique sur le fleuve Nakambé pour développer la riziculture, l’élevage, la pêche et l’aquaculture. Ce projet financé par la Banque mondiale à hauteur de 115 millions de dollars US, soit environ 67 milliards de F CFA, devrait aider le gouvernement à développer la zone de Bagré pour en faire un modèle de développement agro-industriel. C’est ce potentiel que les autorités vont vendre aux 585 investisseurs présents à Ouagadougou. Bagré devrait donc donner une autre dimension à l’agriculture burkinabè jusqu’ici dominée par l’exploitation familiale, c’est-à-dire de subsistance. La prédominance du secteur rural dans l’économie n’est plus à démontrée. Plus de 80 % des actifs y vivent, alors que le secteur agricole contribue bon an, mal an, à la formation du produit intérieur brut à hauteur de 34 %.