A la veille des vacances gouvernementales de 2012, le Burkina Faso a été secoué par des affaires de corruption relevées par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat dans son rapport d’activités 2011 et deux commissions parlementaires dans les domaines de la santé et des marchés publics. L’incapacité des pouvoirs publics à combattre la corruption a été relevée par les différents acteurs. Le gouvernement avait promis que les rapports ne dormiront plus dans les tiroirs comme il était de coutume. Quelques jours après le retour des vacances, le Premier ministre Luc Adolphe TIAO a rendu visite à l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat au cours de laquelle, il a pris des engagements pour lutter contre la corruption. Pour commencer, le PM veut la liste de tous ceux qui ont été cités comme impliqués dans des affaires de corruption.
Le Premier ministre, Luc Adolphe TIAO a fait une sortie étonnante lors de la rencontre à l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat (ASCE) ; étonnante car personne ne s’attendait à de telles mesures dans le cadre de la lutte contre la corruption au Burkina Faso. Le Premier ministre a notamment demandé à Bruno Bessin, Contrôleur général de l’ASCE et ses collègues de lui fournir la liste des personnes impliquées dans des cas de corruption relevés dans les quatre rapports successifs. Il s’agit donc des 04 rapports publics : rapports 2008, 2009, 2010 et 2011. On s’attend à ce que l’ASCE, conformément à la volonté du Premier ministre, livre des noms connus ou inconnus de l’opinion.
Les personnes qui seront citées pourraient être classées en deux catégories. Il y a celles qui sont poursuivies par la Justice et dont les dossiers sont toujours en cours. Dans ce lot, il y a 14 structures concernées. De façon générale, l’ASCE n’a pas publié l’identité des individus impliqués. En se référant à un de nos encadrés ci dessous, chacun pourrait se faire une idée de ceux dont les noms seront communiqués au chef du gouvernement dans les prochains jours.
L’autre catégorie concerne ceux à qui l’ASCE a demandé tout simplement (et donc sans poursuites judiciaires) le remboursement de sommes dont la mauvaise gestion leur a été imputée.
Parmi eux on cite :
L’Ambassadeur du Burkina Faso en France et ancien ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, Joseph Paré. Il doit 262 586 309 F CFA à l’Etat. A ses côtés on retrouve, ses anciens collaborateurs que sont l’ancien ministre délégué auprès du ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique chargé de l’enseignement technique et professionnel, le Directeur Général de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Secrétaire général de la Commission pour l’Unesco, le premier responsable de l’ISESCO.
Sur la liste à transmettre au Premier ministre, il y aura également un fort contingent de la mairie de Boulmiougou.
Tiendrebéogo B. Alfred, comptable ; Kaboré Issaka, ex-premier adjoint au maire de Boulmiougou ; Ouédraogo Johanny, premier Adjoint au maire de Boulmiougou (l’actuel maire) ; le cabinet Betti ; Ouédraogo Séraphine, ex-maire de Boulmiougou.
Une troisième liste devrait voir le jour avec principalement les noms de ceux qui sont impliqués dans les cas de corruption relevés pour les deux commissions d’enquêtes parlementaires dont les résultats dans les domaines de la santé et des marchés publics ont été publiés au mois de juillet 2012. Le gouvernement a transmet ces dossiers à l’ASCE et attend qu’elle fasse les vérifications nécessaires.
Après lecture et analyse des dernières mesures du chef du gouvernement, on pourrait dire qu’il « a osé ». En attendant de voir la suite concrète de ces actes, Luc Adolphe TIAO mérite qu’on lui tire le chapeau. Il a demandé de le juger selon ses actes et il doit être conscient qu’on l’attend au rendez-vous des résultats.