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Le Pays N° 5348 du 30/4/2013

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Prochain déploiement des casques bleus : Le peuple malien face à son destin
Publié le lundi 29 avril 2013   |  Le Pays




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Beaucoup d’eau aura certainement coulé sous les ponts, d’ici à l’arrivée prochaine des 12 600 casques bleus, chargés de stabiliser le Nord-Mali. En effet, le contexte est encore trouble, et la question se pose de savoir si la classe politique sera capable de prendre ses responsabilités et de sortir le Mali de sa profonde léthargie. Or, selon la résolution du Conseil de sécurité, la mission devrait être déployée le 1er juillet prochain si la sécurité sur le terrain est suffisante. Des forces extérieures viendront donc aider à préserver l’intégrité territoriale du Mali et assurer la protection de ses populations. Mais, comment se comportera la classe politique malienne ? Elle nous a habitués à un tel louvoiement que cette fois-ci au moins, l’on attend des acteurs politiques, toutes tendances confondues, qu’ils fassent vraiment preuve de réalisme et de sagesse, pour cheminer paisiblement jusqu’à l’élection présidentielle du 16 juillet prochain.

A Bamako, la capitale, il y a sans doute ceux qui sont convaincus qu’il est possible de parvenir à organiser le scrutin présidentiel à la date indiquée. L’argent est disponible et la volonté de réaliser l’impossible existe. Mais il y a aussi les sceptiques et peut-être ceux qui sont indifférents à l’évolution de la situation nationale. C’est dire que les amis du Mali devront fournir encore plus d’efforts pour que les acteurs politiques de ce pays fassent de moins en moins preuve d’hypocrisie et de manque de sincérité. Parviendront-ils à se réconcilier d’ici là ? En tout cas, de leur conduite, dépendra l’organisation d’élections crédibles et transparentes susceptibles d’aider à repositionner le Mali dans le concert des nations.

La sécurité devrait par contre être au rendez-vous. Les milliers de casques bleus attendus viendront ainsi constituer la MINUSMA, Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali. C’est donc elle qui prendra le relais de la force panafricaine, la MISMA. La MINUSMA sera autorisée à faire usage de la force, en cas de légitime défense, ou bien pour prévenir des attaques terroristes. Son mandat va donc plus loin que les missions d’interposition de l’ONU comme celles, par exemple, qui ont été déployées en République démocratique du Congo ou en Côte d’Ivoire. La MINUSMA n’aura pas, pour mission la lutte antiterroriste, mais devra protéger les civils et sécuriser les zones libérées. La traque aux terroristes incombera à la force d’appui française, dans la continuité de l’opération « Serval ». Cette force composée d’un millier d’hommes environ ne sera pas financée par l’ONU, contrairement à la MINUSMA. Cela laissera sans doute à la France une plus grande liberté d’action. En cas de coup dur, cette force d’appui française pourra également intervenir en soutien à la nouvelle mission onusienne. Probablement, on s’enlisera moins dans les éternels débats sur la clarification ou pas du mandat des casques bleus. Celui-ci semble suffisamment clair. Reste à savoir qui devra prendre le commandement des troupes onusiennes. En tout cas, le Tchad qui s’est sérieusement battu contre les « djihadistes », et a perdu beaucoup de ses soldats, est bien positionné pour diriger l’état-major militaire. Surtout qu’il a l’appui de la France. La venue de ces casques bleus donne de réels motifs de satisfaction. Cela augure de bonnes perspectives. Encore faudra-t-il d’abord résoudre le problème touareg. Car, il faut le dire, l’occupation de la région de Kidal dans le Nord-Mali par les rebelles du MNLA, pose vraiment problème. Après le passage ambigu des Français dans la région, la question se pose réellement de savoir quels rapports les casques bleus devront entretenir avec les rebelles du MNLA qui tentent toujours de défier l’Etat malien. Il urge vraiment de résoudre cette équation aux multiples inconnues.

Il appartient à la classe politique malienne de relever le défi en rapport avec la coexistence pacifique entre communautés, et surtout la démocratisation et le développement. L’Elysée, en débarrassant le Nord-Mali des envahisseurs « djihadistes », mais en feignant d’ignorer la présence des rebelles touaregs, semble avoir voulu rattraper le temps, et réécrire l’histoire. Les Maliens ont été implicitement mis devant leurs responsabilités face à l’histoire des peuples. Après les errements du passé, il est donc temps de prendre en compte certaines réalités, et de mériter l’effort fait par l’ancien colonisateur. Il faut en convenir, au sein des acteurs politiques maliens, l’unanimité est loin d’être un acquis, s’agissant de l’envoi de forces étrangères sur le territoire national. Il y a ceux qui l’applaudissent, comme étant garant de paix et de sécurité. Mais il y a aussi ceux qui le voient comme un désagrément, une intrusion de gens qui bousculeront à l’occasion, des traditions de vie qu’on voudrait ne jamais compromettre. Mais alors, pourquoi, dans ce cas, n’avoir pas su vite prendre les devants, en allant de compromis en compromis plutôt qu’en se cloîtrant chacun dans son moi ?

Le Mali est aujourd’hui ce que sa classe politique a voulu qu’il soit. Il ne sert à rien de prêcher dans le désert. Vaut mieux faire avec, et travailler continuellement à unir ses forces pour éviter de se faire humilier davantage. Au-delà de sa composition, de son commandement et de son agenda, c’est donc davantage l’impact que la force onusienne aura sur l’évolution politique du Mali, qui paraît important. Plus ou moins débarrassés du cancer sécuritaire, c’est en effet désormais aux ultimes tâches de négociations politiques à la base et au sommet, que les acteurs interpellés devront s’atteler. Il faut vraiment espérer qu’avant la date présumée des élections, ils sauront se réhabiliter aux yeux de l’opinion nationale et de la communauté internationale.

Plus ils prolongeront la transition et l’incertitude politique, plus les casques bleus s’éterniseront dans le pays. Aux Maliens donc de commencer à prendre maintenant en main leur destin.

« Le Pays »

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