L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2015, qui a engendré la mise en place d’un pouvoir transitionnel, a suscité et suscite aux yeux des Burkinabè, l’espoir d’un changement positif et l’établissement d’un nouvel ordre démocratique au Burkina Faso. L’occasion sera donc offerte dans quelques semaines où, pour la première fois, depuis 27 ans les Burkinabè seront appelés à participer à des élections ouvertes, libres et démocratiques. Ces élections seront d’autant plus ouvertes que personne ne peut prévoir les résultats, contrairement à celles organisées depuis 27 ans où les résultats sont connus d’avance, parce qu’un parti au pouvoir dictait sa loi à tous les maillons du processus électoral. Mais n’allons pas vite en besogne, parce que ces élections du 29 novembre étant ouvertes, elles ouvrent par la même occasion la voie à dérives. La victoire à tout prix sera comme le leitmotiv des acteurs politiques concernés. Mais comme on le sait, la recherche effrénée de la victoire à tout prix expose à de joutes verbales et des empoignades fratricides, à des soupçons de fraudes et autres actes et propos susceptibles de nuire au processus. La perspective de ces élections de novembre ne doit donc pas nous faire perdre de vue certaines valeurs cardinales chères à notre pays, à savoir l’intégrité, la cohésion sociale, l’unité nationale, la stabilité et la paix. Le moindre dérapage pourrait remettre en cause les légitimes espoirs suscités par les événements d’octobre 2014 et même les acquis engrangés depuis ces dates historiques des 30 et 31 octobre 2014. Dans un tel contexte comment ne pas se remémorer le dernier message des évêques en date de septembre dernier qui, comme un cri de cœur relevait bien à propos que : « …L’expérience politique a prouvé que les tenants du pouvoir, nouveaux comme anciens, opposants comme organisations de la société civile, n’ont pas souvent su, après avoir défait les gouvernements, se montrer d’habiles architectes pour reconstruire lorsque vient leur tour. Que ceux qui seront élus s’en souviennent et travaillent à faire advenir une démocratie vraiment participative. L’expérience des transitions démocratiques en Afrique semble révéler presque partout, l’incapacité des acteurs politiques à aller au bout de leur propre engagement, à respecter l’éthique, à honorer tout simplement leur signature. Alors, le manque de confiance entre acteurs politiques, l’indignité et la mauvaise foi manifeste ont souvent conduit au bout du compte, à des conflits postélectoraux plus ou moins violents, chacun réclamant la victoire du scrutin. Cela n’arrive pas qu’aux autres… Les élections 2015 s’annoncent comme des plus ouvertes de l’histoire de notre pays. On nous observe de toute part. Allons-nous nous en sortir ou allons-nous sombrer ? ». Cet extrait du message des évêques du Burkina, comme on peut le constater résume à lui seul les espoirs mais aussi les inquiétudes de tout un peuple. Espoirs et inquiétudes de tous ceux qui de jour comme de nuit prient pour que le Burkina traverse cette périodes des élections avec honneur et dignité. Mais des élections transparentes avec des résultats crédibles et acceptables par tous, seront le fruit de nos comportements et de notre langage. Pour ce faire. Dés à présent, le travail de sensibilisation doit se mener à tous les niveaux, mais surtout au niveau des acteurs politiques, qui en général sont les premiers à susciter ou à installer les chienlits post-électorales dans les pays. Chacun doit travailler pour que la campagne électorale, les deux scrutins et l’après élections confirment tout le bien qu’on dit du Burkina et des Burkinabé. Nous n’avons donc pas droit à l’erreur. Bien contraire, après avoir réussi à chasser un pouvoir vieux de 27, après avoir résisté avec bravoure, abnégation et exemplarité pour faire échec au coup d’Etat « le plus bête du monde », enfin après avoir réussi à démanteler le RSP ,malgré ses armes et « ses hommes bien formés », comme on le dit, nous n’avons pas plus d’autre choix que de rentrer dans l’histoire par la petite porte. Nous devons réussir ces élections. Ce sera sans doute le couronnement d’une longue année de lutte et de sacrifice au sens noble du terme. C’est ainsi que les martyrs de l’insurrection et du coup d’Etat du 16 septembre dernier ne seront pas mort pour rien. Hommes politiques, candidats aux deux élections, société civile, CENI, Conseil constitutionnel, CSC, hommes de médias, observateurs nationaux … la balle est dans votre camp. A chacun de la jouer avec fair-play pour que s’écrive, comme il se doit, une belle page de notre histoire politique. C’est assurément un défi pour tous et pour chacun. Un défi à relever. Nous sommes des Burkinabé ! C’est tout dire1
La Rédaction