« Le pire est devant nous si… », Laurent Bado
Les élèves de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) ont eu droit à une conférence publique, le jeudi 15 octobre 2015, au sein de ladite école. Face à eux, le ministre de la Fonction publique du Travail et de la Sécurité sociale, Augustin Loada, patron de l’ENAM en qualité de modérateur et du « prophète » Laurent Bado, comme conférencier. D’un langage tel qu’on sait de lui, il a tenu le public en haleine plus d’une heure.
Après plus d’heure d’échange, les élèves, les professeurs et le personnel administratif
de l’Ecole nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), partagés entre silence et rires, se sont remis à « la prophétie du prophète Laurent Bado », comme le dit le ministre Augustin Loada. Bado, a animé devant les futurs agents de l’administration publique un thème en vogue dans le secteur de la Fonction publique : « Les conditions de construction d’un véritable Etat de droit au Burkina Faso ». Pour Laurent Bado, il n’y a que deux solutions possibles : Rétablir le sens civique des Burkinabè et instaurer une nouvelle gouvernance politique, administrative et institutionnelle.
Selon Bado, pour rétablir le sens civique, il faut une discipline. « Une société humaine n’est pas une masse d’individus », clarifie Laurent Bado. « Sans discipline il n’y a pas de paix possible », souligne le conférencier pour qui la 4e république est responsable de cette indiscipline qu’elle a fait naître en « laissant faire quitte à ce que le fauteuil présidentiel ne soit pas touché ». Ce qui fait dire à Bado, que le « pire est devant nous si jamais le sens civique n’est pas rétabli ». De toutes les façons, il n’y a que deux voies : « la lumière et les ténèbres ». Pour lui, « l’Etat est absent ». Pour que « les portes » ne s’ouvrent pas, « il faut faire prendre conscience au Burkinabè de ses propres devoirs et ses responsabilités », estime Bado.
« Le fonctionnaire qui arrive en retard croise le fonctionnaire qui repart tôt dans les escaliers »
Le « prophète » Laurent Bado, prévient en rappelant les différentes crises que le pays a traversé que : « le pire est devant nous. Jusqu’à présent ce sont les fenêtres qui sont ouvertes. Il reste les portes ». Comme à ses habitudes, il a cité des exemples des gens qui brûlent les feux tricolores au détriment du code de la route, les camions qui transportent le bois, les excès de vitesse des cars de transport etc.
La nouvelle gouvernance politique, administrative et institutionnelle tant prônée par Bado, prendra en compte, la limitation de la floraison des partis politiques sans un bon programme politique, l’immixtion des chefs coutumiers dans la vie politique et les crimes économiques et de sang etc. Côté administratif, il cite les agents de la Fonction publique qui ne sont jamais là ou qui quittent les bureaux quand et comme ils veulent pour arriver ou revenir quand ils veulent. Sur ce point, il s’est étalé. Pour lui, « il faut une revalorisation des principes directeurs de tous les services publics» du pays. Cela requiert « un fonctionnement continue, efficace et équitable des services publics », dit-il. En un mot, Laurent Bado estime qu’il ne faut plus que « le fonctionnaire qui arrive en retard croise le fonctionnaire qui repart tôt dans les escaliers ». Que ce soit au niveau des hôpitaux, de la Justice et de l’Education, le conférencier prône de grandes réformes. En ce qui concerne le ministère de l’Education, Bado met en exergue, les horaires des enseignants, et surtout, l’évaluation des enfants, qui amène Laurent Bado à conclure que : « l’école rend bête au Burkina».
« La discipline est fondamentale »
Sur le plan institutionnel, Laurent pense que certaines institutions ne méritent pas d’exister dans un Etat pauvre comme le Burkina Faso. Il cite comme exemple, « le Médiateur du Faso et le CES ». Selon Bado, cette situation vient d’une seule chose : Le mimétisme !
Le modérateur, le ministre Augustin Loada, estime comme le conférencier que « la discipline est fondamentale ». Pour lui, elle n’existe pas. « Il suffit de faire un tour au RU (Restaurant universitaire) pour voir ce qui se passe », souligne-t-il. Pour mettre tout le monde devant sa res-ponsabilité, le ministre Loada indique que « la discipline commence dans la famille et à l’école ». Les élèves de l’ENAM ont promis à Laurent Bado et leur ministre Loada, d’être des exemples une fois dans l’administration publique même s’ils reconnaissent la difficulté pour « une graine saine de survivre au milieu de mille graines pourries »1
Par Salifou OUEDRAOGO