Ceci est une déclaration du Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B). Dans celle-ci, il revient sur la situation nationale dominée par le coup d’état avorté des éléments de l’ex-RSP et sur la rencontre gouvernement/syndicats. Le SNEA-B invite aussi, le MENA à résoudre les vrais problèmes de l’éducation au lieu de « s’attarder sur les épiphénomènes ».
Camarades militantes et militants, sympatisantes et sympathisants du SNEA-B, travailleuses et travailleurs du monde de l’éducation, élèves et parents d’élèves, la rentrée scolaire 2015-2016 s’effectue dans un contexte très particulier marqué par des troubles socio-politiques que traverse notre pays. En effet, alors que la Transition s’acheminait vers sa fin avec les élections couplées présidentielle et législatives prévues pour le 11 octobre, l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avec à sa tête le Général Gilbert Diendéré a choisi de freiner l’encrage de notre démocratique chèrement arraché par l’ensemble des Burkinabè lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, en perpétuant ce qu’il convient d’appeler de « coup d’Etat le plus bête au monde » le 16 septembre 2015.
Cette forfaiture a été unanimement condamnée par le peuple burkinabè et la communauté internationale. Debout comme un seul homme, le peuple burkinabè a fait échec à ce putsch grâce à une mobilisation et une résistance à nul pareil. Nous saluons et félicitons les travailleurs en général et les enseignants en particulier qui ont répondu massivement à l’appel de l’Unité d’Action Syndicale pour une grève générale et illimitée et leur engagement actif dans les comités de résistance sur toute l’étendue du territoire national afin d’exiger le rétablissement des autorités de la Transition.
Vous avez prouvé par cette mobilisation que la victoire conquise par le sang les 30 et 31 octobre ne peut être volée ou remise en cause par une milice, une horde de hors la loi fut-elle surarmée.
Cette barbarie digne d’un autre âge a malheureusement entraîné d’énormes conséquences sur notre pays en commençant par les nombreux décès, des blessés, des pertes métérielles et économiques…
Le bureau national salue la mémoire des martyrs et présente ses sincères condoléances aux familles éplorées. Il souhaite un prompt rétablissment aux nombreux blessés.
Cette situation a également eu des répercussions sur la rentrée scolaire et académique contraignant les autorités de l’Education à son report au 08 octobre 2015.
Comme vous l’avez constaté aussi la Journée Mondiale de l’Enseignant (JME) célébrée chaque 5 octobre n’a pas non plus été commémorée par nos organisations cette année, car vous convenez avec nous que dans un contexte pareil, il faut éviter de baisser très vite la garde et du reste, les esprits ne sont guère présdisposés en ce moment à des réjouissances.
Camarades militantes et militants, bien que surfant sur les vagues de la Transition dont le refrein était l’organisation des élections couplées présidentielle et législatives, le Bureau National refusant de réduire ce rôle qui relègue les préoccupations des travailleurs aux calendes grecque, a soumis la plateforme revendicative issue du conseil syndical extraordinaire du 7 mars 2015 aux autorités du MENA. Après plusieurs rencontres de travail sur les revendications spécifiques au MENA, on est parvenu à un communiqué conjoint dont l’essentiel des acquis est le suivant :
•Pour le traitement diligent des dossiers des enseignants au bureau ayant déposé des demandes pour leur reversement dans les emplois de PAG, le MENA a prévu un atelier technique courant mois de juillet 2015 en vue d’examiner et de traiter les demandes en souffrance en collaboration avec le Ministère de la Fonction Publique, du Travail et de la Sécurité Sociale d’ici fin septembre. Afin de permettre à la commission de mener à bien son travail, un projet d’arrêté portant rétribution des membres du comité a été envoyé au Directeur Général du Contrôle Financier, DGC/MEF pour visa. Le MENA s’engage donc à faire diligence pour l’aboutissement du dossier.
•En ce qui concerne l’octroi de l’indemnité de logement à tous les enseignants même ceux qui sont logés et la rétrocession des logements aux collectivités territoriales pour gestion, le MENA accède à cette revendication. Le processus de rétrocession des logements administratifs des enseignants aux collectivités locales pour gestion est même amorcé et a fait l’objet d’un atelier de réflexion entre le MENA, le MEF, et le MATDS à Ouagadougou du 15 au 19 juin 2015. Un atelier de validation des travaux de cet atelier technique, a eu lieu à Ouagadougou (DRINA) le 7 juillet 2015 pour l’application de la mesure. Au stade actuel, ce dossier a été déjà traité en conseil de Ministres. Désormais, chaque enseignant recevra son indemnité de logement et libre de contracter avec la collectivité pour son longement.
•Pour la révision de l’arrêté portant organisation et fonctionnement des écoles d’application pour leur donner un statut fixe, le Ministre veillera à l’élaboration d’un nouvel arrêté qui régira les écoles d’application en collaboration avec l’ensemble des partenaires sociaux.
Quant à l’élaboration et l’octroi de plans de carrière aux formateurs des CEBNF, une rencontre de réflexion sur le plan de carrière des formateurs aux métiers dans les CEBNF s’est tenue dans la salle réunion du MENA le 21 mai 2015. Une correspondance a été adressée à Monsieur le Ministre de la Fonction publique sur le sujet. Cette démarche devrait permettre la création de nouveaux emplois propres aux formateurs des CEBNF avant la fin du projet ES/CEBNF prévue pour le 31/12/2015. Au-delà des formateurs, la mesure sera élargie aux emplois du non formel.
Sur certains points, le MENA n’a pu proposer des réponses qui nous satisfassent, par conséquent nous poursuivrons la lutte pour obtenir des conditions meilleures.
Il s’agit notamment des indemnités d’encadrement des élèves-maîtres pour lesquelles les autorités du MENA proposent un rehaussement pour passer de 7 500 F à 9 000 F CFA par mois pour les maîtres-conseillers et de 8 000 F à 10 000 F CFA pour les directeurs. Alors que le SNEA-B exige 15 000 F CFA pour les maîtres-conseillers et 17 000 F CFA pour les directeurs d’école. Nous estimons qu’il est possible de servir ces taux au regard de la prolifération des écoles privées de formation des enseignants du primaire et des sommes reversées au MENA par les promoteurs de ces écoles pour assurer le stage pratique.
En tous les cas, le bureau national vous invite à rester mobilisés pour la mise en œuvre de ces points d’accord qui sont au stade d’engagement. Un premier bilan de la mise en œuvre de ce communiqué devait intervenir dans le mois de septembre mais vous l’avez constaté « la situation nationale nous contraint à un report de ce bilan à une date ultérieure ».
Camarades militantes, militants sympathisantes et sympathisants du SNEA-B, la rencontre annuelle Gouvernement/Syndicat de cette année 2015 a été sanctionnée par un communiqué final le 10 septembre avec comme acquis essentiel pour les travailleurs du secteur public, la relecture de la loi 013 portant régime juridique applicable aux agents de la Fonction publique.
Des amendements des syndicats sur le projet du nouveau statut général de la Fonction publique devaient être intégrés à partir du 17 septembre par une commission mise en place à cet effet. Mais la suite, vous la devinez vous-mêmes. Nous espérons que le gouvernement de la Transition relancera ces travaux incessamment.
Militantes, militants, sympathisantes et sympathisants du SNEA-B, la suspension de la mise en œuvre du transfert du pré-scolaire et du post-primaire au MENA constitue un des points important de non consensus entre le MENA et le SNEA-B à l’issue de nos échanges sur la plateforme revendicative. Les problèmes soulevés par les syndicats de l’éducation dès les premiers moments de sa mise en œuvre restent en l’état et s’empire d’ailleurs par endroits. Plusieurs problèmes occasionnés par cette réforme depuis l’année scolaire 2014-2015 n’ont guère trouvé de solutions. Au lieu de chercher à résoudre ces questions cruciales qui peuvent impacter négativement la rentrée scolaire 2015-2016, les autorités du MENA ont plutôt choisi de s’attarder sur des épiphénomènes. Il s’agit des mutations à effet sensationnel de directeurs d’école, mais sans impact aucun sur la bonne marche du système éducatif. Dès le départ, le SNEA-B s’est opposé à ces mutations et il maintient sa position du fait que les vrais motifs sont toujours attendus. Que les autorités du MENA nous donnent les preuves prétextes pour nous convaincre.
Nous sommes d’autant surpris que le MENA lors de nos rencontres s’est dit ouvert à nos propositions sur la question mais en fait à sa guise. Par ailleurs, il nous revient que ce sont les Chefs de circonscription d’éducation de base (CCEB) qui ont pris l’initiative de muter les directeurs d’école alors que cela ne relève pas de leurs prérogatives.
Camarades militantes et militants, chers parents d’élèves, le SNEA-B voudrait vous prendre à témoin et inviter plutôt les autorités du MENA à :
- résoudre le problème des élèves qui ont passé une année blanche ou une demi-année scolaire faute d’infrastructure ou d’enseignants en 2014-2015 ;
- régler les arriérés de vacation de l’année scolaire 2014-2015 ;
-- mandater les enseignants recrutés sur mesure nouvelle l’année passée dont un grand nombre ne sait plus comment rejoindre le poste d’affectation ni même se prendre en charge ;
-- trouver des infrastructures pour les élèves admis au CEP cette année dont la majorité risque de ne pas fréquenter faute de places ;
-- recruter en nombre suffisant les enseignants pour le primaire et le poste-primaire ;
-- faire avancer le dossier du statut particulier du personnel de l’éducation de base en souffrance depuis 2012.
Ce sont là les vrais problèmes du ministère et non pas l’ancienneté des braves directeurs dans leurs écoles.
Militantes et militants, sympathisantes et sympathisants, travailleuses et travailleurs du secteur de l’éducation, tout en vous souhaitant une bonne et heureuse année scolaire 2015-2016, le bureau national vous invite à rester vigilants et mobilisés pour la résolution des vrais problèmes de notre système éducatif.
Vive le SNEA-B !
Unité – Solidarité – Justice
Ouagadougou, le 10 octobre 2015-10-15
Le Secrétaire Général
Séma BLEGNE
Chevalier de l’ordre national