Les premières inculpations ont été annoncées mardi dans l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara, 28 ans après la mort de l’ancien président charismatique du Burkina Faso, dont la dépouille est criblée de balles selon le rapport d’autopsie, ont annoncé les avocats de la famille.
Icône du panafricanisme, Thomas Sankara a été assassiné, après 4 ans au pouvoir, le 15 octobre 1987 lors d’un putsch qui a porté son compagnon d’armes Blaise Compaoré au pouvoir. L’enquête sur sa mort a été ouverte fin mars 2015, après le renversement de Compaoré en octobre 2014, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir. Les ossements de Sankara ont été exhumés fin mai dernier.
Cette enquête, dont les résultats étaient très attendus, vise à lever le voile sur le mystère entourant les circonstances de la mort de Thomas Sankara. Le sujet était entièrement tabou pendant l’ère Compaoré, qui a été soupçonné d’avoir commandité son assassinat.
« Il y a huit ou neuf inculpés », dont certains « sont déjà déférés », a indiqué Me Bénéwendé Stanislas Sankara, un des avocats de la famille. Parmi les inculpés figurent « des militaires de l’ex-RSP (Régiment de sécurité présidentielle) », l’unité qui a perpétré le coup d’Etat avorté du 17 septembre, a-t-il ajouté.
« Au niveau des impacts, ce qu’on a pu relever sur le corps de Thomas Sankara, c’est vraiment ahurissant. On peut dire qu’il a été purement et simplement criblé de balles », a déclaré Me Ambroise Farama, un des avocats de la famille.
« En ce qui concerne les autres (personnes assassinées en même temps que Sankara), on a pu retrouver par-ci par-là un ou deux impacts de balles. Mais en ce qui concerne Thomas Sankara, il y en avait plus d’une dizaine à tous les niveaux, et même en bas des aisselles. Ce qui montre qu’il avait certainement levé les bras, si en tout cas c’est bien lui. Il y en avait partout, dans la poitrine, les jambes. Tout porte à croire que c’est lui, il a été simplement et purement criblé de balles », a-t-il expliqué.L’avocat a souligné qu’il fallait attendre le résultat de tests ADN, en cours en France, pour formellement identifier le « père de la révolution burkinabè ».
Pour Me Bénéwendé Stanislas Sankara, « il y a beaucoup d’éléments qui concourent à pouvoir dire que c’est le corps de Thomas Sankara qui se trouvait dans la tombe ».
Le médecin colonel-major Fidèle Guébré, directeur de la santé militaire à l’époque des faits, a été inculpé pour « faux en écriture publique » pour avoir déclaré que le président Sankara était décédé de « mort naturelle » dans le certificat de décès qu’il avait établi.