Des populations du secteur 14 de l’arrondissement n°3 de Ouagadougou se sont mobilisées le 24 avril 2013 pour exiger que leur pompe soit remise à leur endroit. Elles ont exigé du mécanicien ayant démonté la pompe de la remettre à sa place et elles s’en prennent aux autorités municipales qu’elles tiennent pour responsables dans la disparition de leur pompe.
Des pompes disparaissent dans le secteur 14 de l’arrondissement n°3 de Ouagadougou. Les populations ignorent, en réalité, ce qui se passe et cherchent donc à comprendre. Au total, ce sont cinq pompes qui ont disparu dans le quartier en un temps record. De fil en aiguille, les populations ont pu démasquer la personne ayant démonté l’une des pompes : un mécanicien. Excédées, elles ont décidé de prendre leur destin en main. Le 24 avril 2013, elles se sont rendues chez le mécanicien qui a démonté leur pompe. Selon Lassané Sawadogo, habitant du secteur, la pompe à eau a été installée depuis la période où la zone n’avait pas encore fait l’objet de lotissement. Puis vint la période des lotissements et certaines familles ont pu se procurer des robinets dans leur concession. Néanmoins, il reste une grande partie de la population qui ne dispose toujours pas de moyens pour se procurer des robinets avec l’ONEA. Alors, les pompes sont un recours et d’une grande utilité pour les populations, aux moyens limités. Mais voilà « que les espaces où se trouvent les pompes sont utilisés maintenant comme des parcelles d’habitation ». En effet, la pompe en question se trouve entre deux parcelles d’habitation. A en croire les témoignages recueillis sur place, la pompe jouait un rôle très important pour les populations. Mais comment la pompe a-t-elle été démontée ? Beaucoup, parmi les habitants, ne sont pas au courant mais une jeune femme témoigne. « Un soir, je voyais Pierre qui partait avec la pompe et je lui ai demandé si elle ne sera plus réparée. Il m’a répondu qu’il partait garder d’abord » et depuis ce jour, point de réparation jusqu’à ce que des constructions commencent. Une autre dame, Ami Sawadogo, s’approche de nous et crie sa colère à l’endroit de ceux qui sont derrière cette « manœuvre » : les autorités municipales. Elle dit se moquer éperdument de la destination réservée aux constructions qui sont à leur début. « Ce n’est pas notre chapeau de guerre », a-t-elle lancé. Insistant sur l’importance du forage, elle nous fait comprendre qu’au moment où le forage était en panne, elle a poussé une barrique d’eau depuis le quartier Nonsê pour rejoindre son domicile, pendant qu’elle était enceinte et « j’ai accouché juste le lendemain même ». Au fur et à mesure qu’elle expliquait sa mésaventure, sa colère montait puis elle lâcha ceci : « nous leur demandons de remettre la pompe à sa place sinon, les maisons qui y seront construites, nous allons les démolir. Ces constructions, je peux les détruire en trente minutes, croyez-moi ». Un homme d’un âge avancé explique comment la pompe a été installée. « Nous avons cotisé pour l’installation de cette pompe. Nous avons veillé jour et nuit pour que tout se passe bien mais nous pensons qu’il y a ici une force qui est en train de nous être faite. Nous ne comprenons pas que l’on puisse démonter cette pompe sans rien nous dire. L’une des rares pompes que nous avions, voilà que l’on veut nous la retirer. Les autorités sont en train de nous tuer à petit feu. Trop c’est trop, où voulez-vous qu’on aille ? ».
Une parcelle vendue ?
C’est dans cette colère que les populations ont obligé le mécanicien qui a démonté la pompe à revenir la réinstaller. Ce dernier revient, mais avec du matériel manquant. La population a insisté mais, peine perdue. La pompe ne peut pas être réinstallée. Certains matériels, les tuyaux en l’occurrence, se trouvent dans la cour d’un chef coutumier. A la question de savoir à qui appartient la parcelle, Lassané Sawadogo a laissé entendre que les informations qui circulaient actuellement n’étaient que des rumeurs. Mais Pierre, le mécanicien lui dira qu’il s’agit de Moussa Paré, un habitant du secteur 14. Lui, Pierre, aurait reçu l’ordre de Moussa Paré de démonter la pompe. Il poursuit en expliquant que la destination de la parcelle ne le préoccupe pas du tout. « Je fais mon travail, le reste, je ne sais pas ce qui s’est passé », dit-il. Lassané Sawadogo a continué en disant qu’à propos des rumeurs et sans preuve pour l’instant, c’est « un des responsables communaux de l’arrondissement n°3 qui aurait vendu la parcelle à Moussa Paré ». Au total, ce sont cinq pompes qui ont été démontées dans le secteur, a précisé Lassané Sawadogo et l’une des pompes aurait été même installée par un chef coutumier et ce, personnellement. Les habitants qui sont sortis disent avoir entrepris des démarches auprès du délégué du secteur qui a promis qu’il y aurait une suite mais jusqu’à présent, rien n’a été fait.