YAOUNDE -- Un consensus mérite d'être trouvé lors du sommet de Paris sur le climat en décembre pour que les pays riches, principaux responsables du réchauffement de la planète qui affecte sévèrement un grand nombre de populations et les économies africaines, soient incités à verser des compensations aux pays du continent, a plaidé mardi à Yaoundé un expert camerounais.
Du 30 novembre au 11 décembre, des experts et des dirigeants du monde se réuniront dans la capitale française pour une rencontre de haut niveau censée déboucher sur un accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans le but de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2 degrés, a mentionné le professeur Jean Louis Essame Oyono en marge d'une communication scientifique.
"Nous espérons que les Africains auront la voix aux décisions qui seront prises", a plaidé le chercheur, directeur de l'Institut de recherches médicales et d'études des plantes médicinales, organisme gouvernemental sous tutelle du ministère de la Recherche scientifique et de l'Innovation.
Ces assises, sous les auspices des Nations Unies, sont en effet cruciales pour la recherche des solutions au phénomène de changement climatique, qui se vit en Afrique à travers les sécheresses, les famines, les inondations, la disparition de territoires, ou même l'émergence des "maladies infectieuses causées par des vecteurs dont le moyen d'action a changé, suite à l'élévation des températures".
Dans son analyse des enjeux et des défis du développement durable présentée à l'occasion de la troisième édition de la rentrée scientifique organisée par le ministère de la Recherche scientifique et de l'Innovation, il déplore que les préoccupations éthiques soient rarement présentes dans les débats sur le changement climatique, qui a pourtant conduit au fil de l'Histoire à l'effondrement de civilisations.
"Les changements climatiques sont d'abord un problème mondial. Mais si on revient au contexte camerounais, les changements climatiques vont poser d'année en année, d'abord des problèmes de subsistance. Mais au-delà des problèmes de confort, ça va poser des problèmes économiques. Vous comprenez que notre agriculture devra s'adapter à un autre rythme climatique", a-t-il noté à Xinhua.
Par exemple, décrit-il, "dans le temps, nos papas, quand ils cultivaient, ils savaient qu'il y a une petite saison sèche et une petite saison des pluies, une grande saison sèche et une grande saison des pluies. Mais maintenant, à cause des changements climatiques, la pluie devient de plus en plus rare et la désertification va gagner de plus en plus de terrain".
En ce moment, quelque 12 millions d'Africains, selon les estimations, sont frappés par la sécheresse et la famine, à cause de la rareté des ressources due à la dégradation de la couche d'ozone. La uperficie du lac Tchad a diminué en quelques années de 25.000 à environ 2.500 kilomètres carrés. La destruction des écosystèmes forestiers du Bassin du Congo représente aussi une menace.
Le professeur Jean Louis Essame Oyono appelle donc à la restauration des équilibres par l'adoption au plan mondial de mesures contraignantes pour limiter cette dégradation de la couche d'ozone, dont surtout les populations pauvres paient un lourd tribut.
Comme d'autres pays africains, le Cameroun prendra part au sommet de Paris sur le climat (COP21) par une délégation officielle.