Peut-être qu’au moment où vous lisez ces lignes, le Conseil des ministres a déjà statué et décidé de la nouvelle date de la présidentielle burkinabè. Hier à la rencontre entre le chef de l’Etat et les signataires de la charte de la Transition (1) au palais de Kosyam sur le sujet, c’est la date du 29 novembre prochain qui a été en tout cas avancée.
«En principe, nous aurions dû voter avant-hier (NDLR : dimanche 11 octobre) mais cela n’a pas eu lieu. Une force majeure nous a poussés à arrêter le processus. Mais nous allons le continuer.» C’est en ces termes que le Président du Faso, Michel Kafando, a introduit sa rencontre avec les signataires de la Charte de la Transition. Mais avant, il a fait observer une minute de silence à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie par suite du putsch du 17 septembre 2015.
«Il y a une certitude que des actions isolées sont programmées»
Et de couper court aux rumeurs sur les intentions de «lenga» transitionnel : «contrairement à ce qui se dit, car j’ai entendu jaser beaucoup de gens, il n’est pas question d’opérer un prolongement, tout doit être fait en 2015, c’est-à-dire dans les trois mois qui viennent. Des dates ont été avancées, si ces dates peuvent convenir il y a lieu de tenir compte du fait que nous sortons d’une grave crise dont les séquelles persistent et nul ne saurait engager le pays dans des élections qui risquent de se terminer dans la violence. En tout cas, pas moi. Il y a une certitude que des actions isolées sont programmées. Ce qui s’est passé à Samorogouan est très parlant. Il y a aussi d’autres éléments qui peuvent laisser penser qu’il ne s’agit pas simplement d’une opération djihadiste mais d’une opération qui participe d’un plan qui est savamment arrêté et qui consistait à faire en sorte que nous nous lancions dans la violence, cela pour permettre à certaines personnes d’assouvir leurs ambitions politiques.
Nous le savons et c’est pour ça que nous devons être vigilants. Notre rencontre de ce soir vise à échanger sur le chronogramme en vue d’en arrêter un nouveau pour les élections.» La parole est ensuite donnée au Chef d’état-major général des armées, le Gal Pingrenooma Zagré, pour faire une «esquisse de la situation sécuritaire». Un exposé auquel la presse n’a pas pu assister, celle-ci ayant été invitée à se retirer pour la poursuite des échanges à huis clos.
«Un consensus a été trouvé pour le prochain chronogramme», annonce le président du Faso à leur sortie. A quand donc la date de la présidentielle ? Réponse diplomatique de l’ex-diplomate : «Je ne peux pas vous dire la date avant que le Conseil ne l’avalise, mais je peux vous préciser que ce sera à la fin du mois de novembre». Mais quelle est donc la situation sécuritaire ? Est-on prêt pour des élections sécurisées ? Qu’a donc voulu dire le président du Faso par «il y a une certitude que des actions isolées sont programmées» ? Autant de questions qui ont été posées au chef d’état-major général des armées, dont l’exposé semble avoir été déterminant dans l’obtention du consensus. Mais à ce propos, le Gal Zagré est resté muet comme… un patron de la grande Muette.
Boowurosigué Hyacinthe Sanou
(1) Ce sont :
- Les partis politiques
- Les partis politiques affiliés au CFOP
- Les autres partis politiques
- Les organisations de la société civile
- Les forces de défense et de sécurité
- Les autorités religieuses et coutumières
Encadré :
Ce qu’ils pensent
Roch Marc Christian Kaboré, candidat du MPP
«Selon l’exposé du CEMGA, il y a des raisons incompressibles»
En ce qui concerne notre parti et en particulier le CCPP, nous avions proposé le 15 novembre pour les élections, mais pour des raisons d’ordre sécuritaire exposées par le CEMGA et qui sont des raisons incompressibles, puisque ce sont les mêmes troupes qui doivent sécuriser le pays qui doivent désormais servir pour les élections, le président a proposé qu’au lieu du 15, ce soit le 29 qui soit arrêté. Nous avons pris acte de cette proposition, étant entendu que c’est le gouvernement qui a tous les éléments en ce qui concerne la sécurité et le bon déroulement des élections. Je pense que ce qui intéresse les Burkinabè, c’est d’avoir une perspective sur la date de cette élection.
Ablassé Ouédraogo, candidat de Le Faso Autrement
«Si le CEMGA nous rassure…»
Ça me convient parce que ça ne sert pas d’organiser des élections dans une situation où la sécurité n’est pas contrôlée. Nous nous disons qu’une élection, c’est une équation à plusieurs inconnues. Et le CEMGA, dans sa note d’information, nous a assuré qu’en allant jusqu’au 29 novembre les élections pourraient se faire en toute sécurité. Nous félicitons d’ailleurs nos forces de défense et de sécurité pour le travail gigantesque qu’elles sont en train de faire sur toute l’étendue du territoire pour nous permettre d’avoir des élections en toute sécurité et dans la paix.