Ouagadougou- Le 15 octobre 1987, le capitaine Thomas Sankara, considéré comme le "Che africain" et à la tête du Burkina Faso depuis août 1983, est tué avec douze de ses compagnons lors d'un coup d'Etat qui
porte au pouvoir son frère d'armes Blaise Compaoré.
Son corps a été "criblé de balles", selon le rapport d'autopsie présenté mardi à Ouagadougou, alors que les premières inculpations viennent de tomber 28 ans après sa mort.
C'est par un putsch, le 4 août 1983, qu'à l'âge de 33 ans Sankara prend les rênes de la Haute-Volta. Le capitaine proclame une "révolution démocratique et populaire" et rebaptise l'ex-colonie française en Burkina Faso ("patrie des hommes intègres").
Quatre ans plus tard, le jeudi 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné par un commando à la présidence alors qu'il se rend au palais pour un conseil des ministres extraordinaire. Il porte un survêtement, car tous les jeudis soirs sont consacrés au sport de masse, obligatoire pour tous.
Le général Gilbert Diendéré, considéré comme le cerveau du coup raté du 17 septembre 2015, est largement soupçonné d'avoir été à la tête du commando qui a abattu Sankara. Il était alors l'homme de l'ombre et le bras droit de Blaise Compaoré. Il est actuellement écroué à Ouagadougou, inculpé "d'attentat à la sûreté de l'Etat" et de "haute trahison" pour le putsch avorté.
Thomas Sankara est enterré en catimini le soir même au cimetière de Dagnoën, en banlieue est de Ouagadougou avec d'autres victimes.
En 1990, sa veuve, Mariam, s'installe avec ses deux enfants à Montpellier, dans le sud de la France.
En septembre 1997, quelques jours avant la prescription, elle porte plainte contre X au nom de ses enfants pour "assassinat". La famille Sankara demande alors l'exhumation du corps pour vérifier que celui enterré est bien le sien.
Le régime de Compaoré, soupçonné d'avoir commandité son assassinat, refuse l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de sa disparition. Evoquer son nom au Burkina devient tabou.
Mais quand Blaise Compaoré est chassé du pouvoir par une insurrection populaire, le 31 octobre 2014, les jeunes brandissent des portraits de Sankara et scandent l'hymne national écrit sous la révolution.
Dès son investiture, le président de la transition Michel Kafando annonce que des investigations seront menées pour identifier sa dépouille présumée.
Début mars, le gouvernement de transition autorise l'exhumation du corps de Sankara, et de ses douze compagnons, dans le but de l'identifier formellement.
La justice burkinabè ouvre une enquête et convoque Mariam Sankara pour l'auditionner.
Les tombes sont mises sous scellés début avril par la justice militaire. A la demande du juge d'instruction, la dépouille présumée de Thomas Sankara et des douze autres victimes sont exhumées fin mai.
Le 17 juin 2015, dans un rare entretien sa veuve confiait à l'AFP: "Je n'ai pas abandonné, je n'abandonnerai pas, jusqu'à ce que vérité soit faite".
bur-acm/pgf/sba