À l’instar du reste du pays qui est en route pour l’émergence, et pour renforcer cette marche, la république du Congo s’est dotée d’ECAir, une compagnie aérienne internationale. Elle a réussi en très peu de temps à devenir un des fleurons de l’aéronautique mondiale. D’où vient-elle, où va-t-elle, sa directrice nous dit tout. Entretien.
Diasporas-News : Pouvez-vous faire une genèse de la création de la compagnie ?
Fatima BEYINA-MOUSSA : Equatorial Congo Airlines est la compagnie aérienne de la république du Congo. Depuis 2011, nous offrons à nos voyageurs des avions conformes aux normes internationales. Notre flotte s’établit actuellement à 7 avions (1B 767-300, 2B 757-200, 2B 737-700, 2B 737-300). Notre compagnie a une identité africaine, congolaise forte. Ces éléments sont très importants pour les passagers, qui apprécient de voyager avec une compagnie panafricaine respectant les standards internationaux. ECAir vient de passer le cap du millionième passager et nous en sommes très fiers. Nous bénéficions aussi de la vision du président de la République, Son Excellence Monsieur Denis Sassou Nguesso et de son gouvernement, qui ont investi massivement dans les infrastructures aéroportuaires. Avec un aéroport aussi moderne que celui de Maya-Maya, je peux vous assurer que nous avons les moyens et la capacité de faire de Brazzaville un véritable hub régional. L’une de nos ambitions est de relier les principales capitales d’Afrique entre elles, de faciliter les échanges entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, et avec le reste du monde. Cette année, nous avons ouvert une nouvelle destination en Afrique centrale, Libreville, et, en Afrique de l’Ouest, nous avons commencé Dakar et Bamako. Sur le réseau international, nous desservons depuis le mois de juin, Beyrouth au départ de Brazzaville, en vol direct. ECAir, c’est donc 12 destinations au départ de Brazzaville, avec Pointe-Noire et Ollombo (réseau domestique), Douala, Cotonou, Libreville, Dakar, Bamako sur le régional, Paris, Dubaï, Beyrouth sur l’international et Bruxelles, ainsi que Kinshasa par transport multi-modal. Notre compagnie se développe rapidement parce que la qualité de service que nous proposons, ainsi que nos tarifs, séduisent les passagers. Nous sommes satisfaits de ces résultats mais nous travaillons dur, tous ensembles, afin de devenir la compagnie aérienne leader en Afrique centrale.
D-N : En très peu de temps ECAir est devenue une compagnie aérienne qui compte. Quelle est aujourd’hui votre stratégie de développement ?
F.B.M : Notre stratégie de développement est calquée sur la stratégie du gouvernement congolais en matière de développement des transports. C’est ainsi qu’ECAir a été créée dans la dynamique de modernisation des infrastructures aéroportuaires du pays, afin de doter le Congo d’une véritable compagnie aérienne répondant aux standards internationaux, en mesure d’attirer les passagers africains sur nos plateformes. Notre vision est de devenir la compagnie aérienne leader de la sous-région, celle qui offre le meilleur réseau et relie l’Afrique centrale au reste du monde.
Pour ce faire, nous avons traversé de nombreuses difficultés. Tout d’abord, l’expertise en aviation commerciale ayant presque totalement disparu de notre pays après la disparition d’Air Afrique, nous avons dû nous rapprocher de partenaires internationaux expérimentés pour la maintenance de nos avions, la formation de nos équipages et du reste du personnel... Il a également fallu constituer la flotte petit à petit, tout en négociant les droits de trafic avec de nombreux pays, afin de pouvoir desservir les destinations qui nous intéressaient. Par ailleurs, nous avons dû déployer une débauche d’énergie en matière commerciale pour se faire connaître et attirer des passagers.
D-N : Votre compagnie ne dessert que Brazzaville et Pointe-Noire au niveau national. Quelles sont les dessertes que vous envisagez et comment vous y prendrez-vous pour y arriver aussi bien au plan local ?
F.B.M : Il demeure encore de nombreux marchés inexploités. Beaucoup de connexions restent à créer et il reste un énorme travail à réaliser. L’ouverture des vols vers Abidjan, Yaoundé, Bangui et N’Djamena fait partie de notre stratégie de développement. Avant la fin de l’année ou au plus tard, début 2016, Brazzaville sera reliée à 16 destinations internationales, régionales et domestiques. Pour nous, il est important de pouvoir circuler sur notre continent et d’aller d’un point à un autre sans avoir à transiter par l’Europe ou le Moyen-Orient. C’est notre mission première. Exemple : Entre Yaoundé et Brazzaville, il n’y a pas de desserte directe. Pourtant, ce sont deux capitales importantes d’Afrique Centrale. Avec ECAir, nous allons instaurer cette desserte, car notre rôle, c’est d’innover. Concernant le réseau domestique, nous comptons lancer la ligne Brazzaville-Ouesso, qui deviendra notre troisième destination domestique au départ de Brazzaville, après Pointe-Noire et Ollombo.
D-N : Votre flotte est essentiellement constituée de Boeing. Pourquoi pas d’avions Airbus ?
F.B.M : Nous avons opté pour Boeing parce que les appareils correspondaient à nos besoins compte tenu des destinations que nous desservons au départ de Brazzaville (Pointe-Noire, Ollombo, Cotonou, Douala, Libreville, Dakar, Bamako, Paris, Dubaï, Beyrouth), sans oublier Kinshasa et Bruxelles qui sont connectées à l’ensemble de notre réseau via transport multi-modal. Après quatre ans d’activité, nous sommes satisfaits de ce choix. Pour des questions de maintenance, c’est beaucoup plus simple d’avoir une flotte cohérente appartenant à la même firme. Dans le cadre de notre expansion, il n’est pas interdit que nous puissions analyser la possibilité d’avoir recours à des appareils d’autres constructeurs.
D-N : Vous avez été désignée Présidente de l’Association des compagnies aériennes africaines, AFRAA, pour l’année 2015. L’AFRAA regroupe, rappelons-le, 45 compagnies aériennes africaines membres et une centaine de partenaires divers. Quel bilan peut-on faire à un mois de l’assemblée générale de l’AFRAA?
F.B.M : J’ai été nommée à la Présidence de l’Afraa en novembre 2014 lors de l’assemblée générale de l’association à Alger. Cela signifie que je vais présider les travaux de la 47ème Assemblée générale Annuelle de l’Afraa. Cette grande rencontre des principaux acteurs du secteur de l’aérien en Afrique aura lieu à Brazzaville, du 8 au 10 novembre 2015. C’est un honneur pour notre jeune compagnie ECAir. C’est aussi un signal fort pour notre pays qui investit et innove dans les infrastructures aéroportuaires. C’est aussi l’occasion de montrer ce que nous avons réalisé en quatre ans, de promouvoir l’aéroport de Brazzaville, de montrer qu’il y a un pays africain qui s’est intéressé à l’aviation civile commerciale et qui est en train de se battre pour innover dans ce domaine. La coopération est essentielle, et ce n’est pas encore une réalité.
Mon rôle de présidente cette année m’a amené à faire du lobbying auprès des autorités compétentes, pour les sensibiliser aux problématiques de notre secteur. Un des sujets brûlants pour les compagnies aériennes africaines est la question de la libéralisation du ciel, qui peine à se réaliser, malgré la signature de la Déclaration de Yamoussoukro en 1998. La plupart des Etats africains ont du mal à ouvrir leur ciel contrairement à la tendance mondiale, ce qui ne facilite pas la tâche aux compagnies du continent, qui aimeraient se déployer plus facilement pour améliorer les conditions de transport des passagers. J’en ai discuté à Addis-Abeba avec la présidente de l’Union Africaine, Nsokazana Dlamini-Zuma, qui nous soutient, mais aussi avec Tony Tyler, le directeur général de l’association internationale du transport aérien (IATA), et mes collègues dirigeants des compagnies aériennes africaines.
D-N : Le mot de la fin? 2015 se termine, bientôt 2016. Quelles perspectives?
F.B.M : Cette année 2015 est une année majeure pour ECAir, une année charnière avec l’ouverture d’une dizaine de destinations. L’objectif est de faire de l’aéroport de Maya-Maya un hub pour l’Afrique centrale. C’est-à-dire une plate-forme de correspondance, permettant ainsi à des milliers de passagers de transiter par notre belle capitale avant de s’envoler vers d’autres destinations. L’avantage de ces dessertes est de permettre aux passagers de se rendre rapidement d’un point à un autre du continent sans avoir à le quitter, mais aussi de faire des vols rapides vers des destinations très prisées, à l’extérieur de l’Afrique. En 2016, nous comptons continuer notre expansion, améliorer la qualité du service offert aux passagers, développer le hub de Brazzaville.
Malick DAHO, envoyé spécial à Brazzaville.