La brigade territoriale de gendarmerie de Samorogouan a été attaquée, le vendredi 9 octobre 2015 aux environs de 4 heure du matin,  par des bandits armés. L'attaque a malheureusement coûté la vie à trois gendarmes. Un habitant d'un village voisin à Samorogouan, accusé d'avoir logé les bandits, a aussi rendu l'âme des suites de ses blessures, de même qu'un otage des bandits, retrouvé égorgé. Un berger aurait été également tué par les assaillants, dans un autre village, pendant leur fuite. Pour l'heure, on ne connaît pas l'identité de ces malfrats, dont un a d'ailleurs été abattu.
Ce sont des tirs d’armes automatiques qui ont réveillé la population de Samorogouan le vendredi 9 octobre 2015. C'est une commune rurale située à 50 km de Orodara, dans la province du Kénédougou. La brigade territoriale de gendarmerie a été en effet prise d’assaut par environ une trentaine de bandits armés. L’attaque a duré près de 2 heures. Le bilan  officiel fait état de quatre morts, dont trois gendarmes et un assaillant. A  cela, s’ajoutent deux blessés, un véhicule et une moto de la gendarmerie  incendiés. Au cours l'attaque, un autre gendarme de la brigade de Samorogouan  a été porté disparu. Mais aux dernières nouvelles, il a été retrouvé vivant à Gnanwèrè, dans la commune rurale Banzon, non  loin de Samorogouan.  C’était la panique au village, a confié Michel Traoré, un habitant  de Samorogouan : « Nous avons eu très peur. Les gens sont restés terrés chez eux et ne savaient pas à quel saint se vouer ». De nombreux témoins ont affirmé que les bandits, lourdement armés, prononçaient régulièrement l'expression « Allahou akbarou ». A notre arrivée le vendredi 9 octobre dernier à Samorogouan, c’est un calme plat  qui y règne. L’ambiance est morose et effrayante. Le village est sous haute surveillance sécuritaire. La zone commerciale quasiment déserte, à l’exception du centre de santé et de promotion sociale (CSPS) où le personnel médical vaque à ses occupations habituelles. C'est là-bas, que les deux blessés enregistrés pendant l’attaque, ont été évacués pour des soins préliminaires, sous la surveillance de deux jeunes pandores. Les usagers du CSPS assis sur des bancs, par petits groupes, échangent sur l’actualité du jour. Sur leurs visages, se  lit la peur et la tristesse. A la brigade territoriale de Samorogouan, l’ambiance  est aussi tendue. Dans la cour, se trouve un important dispositif sécuritaire  composé de gendarmes, militaires et  de  policiers, les carcasses du véhicule et de la moto incendiés ainsi que les corps des quatre personnes mortes. Sur les lieux, l’on note la présence du colonel Omer Tapsoba, commandant  de la 2e région de gendarmerie et celle   du haut-commissaire de la province du Kénédougou, Sayouba Sawadogo qui avait à ses côtés le préfet du département de Samorogouan, Dominique Kouda.
Complicité?
Il est difficile pour l’instant de connaître les mobiles réels de cette attaque. Mais à écouter les témoignages des uns et des autres, la menace  était pressentie dans la  zone depuis un certain temps. Par ailleurs, certaines sources affirment que l’attaque du vendredi a été perpétrée avec la complicité d’un habitant de Tenasso, village situé à quelques encablures de  Samorogouan, qui serait leur logeur. Interpellé par la gendarmerie, il a été gravement blessé par les assaillants lors de l’attaque et évacué d’urgence pour des soins à Bobo-Dioulasso.  Malheureusement, celui-ci a succombé de ses blessures. Le préfet de Samorogouan, Dominique Koura a dit avoir constaté la présence d’hommes armés dans la zone depuis le mercredi 7 octobre 2015. "Les populations ont alerté la gendarmerie. Apparemment, ils ont pu prendre trois personnes en otage. Deux de ces otages ont pu s’échapper. La nuit du jeudi 8 octobre dernier, en faisant le ratissage, la gendarmerie a découvert le corps sans vie d’un otage qu’ils ont égorgé,  puis a emporté  des motos abandonnés par les assaillants. Ensuite, ils sont revenus au niveau de la gendarmerie  pour attaquer ». Cette version des faits a été confirmée par le chef de village de Tenasso, Lassina Traoré qui a dit  avoir joué un rôle important dans la traque des bandits armés en collaboration avec la gendarmerie. Malheureusement, a-t-il  ajouté, les  choses ont tourné au drame. Selon les autorités provinciales, les assaillants ont également abattu un jeune berger dans leur fuite, dans la mi-journée du vendredi 9 octobre 2015 à Pédongo, dans la commune de Samorogouan. Pour certaines personnes, l’attaque de la brigade territoriale de Samorogouan pouvait être  évitée, si des dispositions  avaient été prises à temps par l’Etat pour la sécurisation  de  la zone. A Samorogouan tout comme à Ténasso, la majeure partie des personnes interrogées ont émis le souhait qu’il y ait une coordination des  actions  entre les forces  de défense et de  sécurité au niveau local.
Le gouverneur des  Hauts- Bassins  sur le site du drame
 
Dans la matinée  du samedi  10 octobre 2015, le gouverneur  de la région des Hauts-Bassins, Alfred Gouba s’est rendu à la brigade territoriale  de gendarmerie  de Samorogouan. L’objectif de cette visite est de constater de visu les dégâts causés par cette attaque, mais aussi d’encourager et soutenir les forces de défense et de sécurité déployés à Samorogouan pour la sécurisation de la zone. Le colonel Omer Tapsoba, commandant de la 2e région de gendarmerie, s’est dit très touché par cette visite du premier responsable de la région. Les  assaillants ne sont pas encore appréhendés. Ils  sont en fuite vers le Mali. Toutefois, il convient de souligner que toute la zone  frontalière du Kénédougou  est quadrillée par les forces de l’ordre avec le concours des chasseurs Dozo et des populations pour traquer ces malfrats. L’assaillant tué a été inhumé dans la soirée du vendredi  9 octobre  à Samorogouan. Il portait sur lui une forte somme d’argent et un téléphone portable satellitaire. De peur de se faire attaquer, la population de Samorogouan a passé la nuit du vendredi dans le noir. L’éclairage public a été expressément coupé et aucune lumière dans les concessions.
Apollinaire  KAM
AIB/Orodara