Burkina Faso : le putsch avorté a permis aux populations de se "réconcilier" avec leur armée (ANALYSE)

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Publié le samedi 10 octobre 2015 | Xinhua

Le putsch avorté en septembre au Burkina Faso n'a pas réussi à renverser le gouvernement de la transition, mais a permis aux populations de se réconcilier avec leur armée, un résultat que les putschistes n'ont pas imaginé.

Dans un pays sahélien qui a connu plus de cinq coups d'Etat depuis son indépendance, ce dernier putsch du général Gilbert Diendré est qualifié par bon nombre d'observateurs de "coup d'Etat le plus bête".
La tragédie aura endeuillé des dizaines de familles ajoutées à la trentaine de morts de l'insurrection populaire en fin septembre, mais il aura aussi permis au Burkina et à son peuple de se remémorer les paroles de feu le président Thomas Sankara qui disait en substance qu'un peuple mobilisé pouvait terrasser des montagnes et que personne ne viendra construire le Burkina à la place des Burkinabé.

Les populations mobilisées à travers les comités de résistance, ont piqué l'amour propre des "vaillants" soldats de l'armée régulière, qui, au bout du compte, sont sortis de leur "tanière" pour donner une leçon de vie à leurs frères d'armes "rebelles" de l'ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), fort d'environ 1300 hommes.

L'armée, après la période révolutionnaire, n'était plus en phase avec son peuple. Parce que le peuple avait compris que l'armée, au lieu de veiller sur lui et le territoire national, ramait à contre-courant de la démocratie et des droits de l'homme.
"Depuis sa création, le Régiment de sécurité présidentielle a été utilisé par le régime du président Compaoré pour freiner les aspirations légitimes du peuple burkinabè à une vie démocratique réelle", a dit le Premier ministre, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, ex-commandant en second de cette même unité d'élite, lors de la cérémonie marquant la fin de son désarmement.

De façon spontanée, toute l'armée, dont les soldats venus de plusieurs régions du pays, a réussi à faire avorter le fameux coup d'Etat du 16 septembre et, du même coup, se réconcilier avec les populations. La liesse populaire dans leurs localités respectives au retour de la mission de Ouagadougou, en atteste.
Cette opération coup de poings a permis à tous, même aux civils, de comprendre que l'armée doit être désormais républicaine et au service de la nation.

Les premiers responsables de l'armée auront eux aussi compris la nécessité d'une réorganisation profonde de cette armée qui vient de se réconcilier avec elle-même. "Plus de RSP pour humilier (le reste de l'armée) à toute épreuve, plus de RSP d'arrogants et dominateurs. Aujourd'hui et désormais, c'est une armée nationale restaurée dans sa dignité. Une page de notre histoire est ainsi tournée", avait lancé le président de la Transition, Michel Kafando, alors qu'il visitait le camp des ex-putschistes après l'assaut mené contre eux par l'armée loyaliste.

Les messages martelant aux populations que les éléments du Régiment de sécurité présidentiel, auteur du coup de force, sont leurs frères, sont également un début de la réconciliation de l'armée avec elle-même.
Ce coup de force avorté de Gilbert Diendéré est, par ailleurs, un signal fort pour les acteurs politiques qui doivent avoir tiré un enseignement de cette forfaiture. Qui veut gouverner "le pays des Hommes intègres" désormais, doit savoir qu'il faut repenser la façon de faire la politique.

C'est véritablement par des programmes politiques, la bonne gouvernance que les gouvernants tireront leur épingle du jeu. Il ne sera plus possible de prendre ses desiderata comme étant des priorités pour le pays.
Deux préoccupations de la jeunesse sont à même de faire partir le prochain gouvernement légalement élu, si on n'y prend garde. Il s'agit de la bonne gouvernance et la création d'emplois. Car, la soif de changement de la jeunesse inclus une bonne distribution des richesses et une bonne gestion des biens de ce pays. Fin