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Intoxication alimentaire á Mogdin / commune de Saaba : un homme et ses 3 enfants meurent
Publié le vendredi 9 octobre 2015  |  Le Quotidien




L’information commençait à circuler dans la ville de Ouagadougou, dans la soirée du mercredi 7 octobre 2015. Un homme et ses trois enfants dont l’âge est compris entre 3 et 10 ans ont trouvé la mort simultanément, suite, dit-on, à une intoxication alimentaire d’origine inconnue pour l’instant. Sa femme tout comme son chien sont dans le coma au moment où nous quittions le domicile du défunt. Ces décès seraient dûs à « une intoxication provoquée par la consommation d’aliments », selon une source proche du Laboratoire national de santé publique. Le drame a eu lieu dans le village de Môgdin, commune rurale de Saaba. En attendant, les services de sécurité et les services de santé (hôpital Yalgado, le dispensaire et le Laboratoire national de santé publique) conjuguent leurs efforts à la recherche d’indices pouvant permettre de dire ce qui est à l’origine de ce drame.

Dans cette grande ferme clôturée de grillage, dans le village de Môgdin, à quelques mètres du dispensaire et de l’école, se trouvait la famille nucléaire de Dominique Dolbzanga. Sa femme et ses trois enfants y ont élu domicile, il y a environ cinq mois. Les services de Dominique avaient été sollicités par le propriétaire de ladite ferme pour assurer l’entretien du site et des arbres qui s’y trouvaient selon les explications de son frère, moralement abattu. Le défunt, sa femme, ses trois enfants et son chien vivaient ensemble dans le quartier Wapassi de Ouagadougou. Le besoin du travail et de rendre service l’a poussé à déménager dans ce village loin des siens, à jamais. Dans cette maison (chambre-salon), au milieu de cette grande clôture, cinq personnes vivaient sans souci majeur jusqu’à ce jour fatidique du mardi 6 octobre 2015. Que s’est-il passé exactement ? Son frère Mathias, lui, répond par des larmes. Un de ses frères, Blaise Dolbzanga, qui a eu le courage au téléphone de nous indiquer sa maison, n’a pas pu aussi dire un mot, les larmes aux yeux. Le propriétaire de la ferme non plus, est resté sans voix. Finalement, c’est la femme de Mathias, Bertine Séguéda, la gorge serrée, qui s’essaye aux explications.

Les faits tels qu’elle nous a raconté : « Dans la matinée du mardi 6 octobre, la femme, son mari (Dominique) prennent le chemin de leur champ pour y récolter du haricot avant que la femme ne revienne préparer le repas de midi, « pour la dernière fois ». A son retour, elle s’empressa de cuisiner pour que son mari puisse manger et partir au boulot dans la soirée. Quand elle a fini de préparer, ils ont mangé ensemble comme d’habitude et ils ont donné à manger à leur chien. Le mari prit le chemin de son travail et la femme resta avec ses enfants à la maison (en attendant la rentrée scolaire prévue pour le 8 octobre). La petite commença à pleurer pour des maux de ventre. La femme appelle son mari qui revient aussitôt. Peu de temps après, la petite perd la vie. Simultanément, les deux autres enfants d’environ 5 et 10 ans décèdent après s’être plaints de maux de ventre et vomi du sang. Le père assiste inconscient aux décès des enfants avant de subir le même sort peu avant l’aube du mercredi 7 octobre. La femme qui a été admise à l’hôpital réussit à raconter l’histoire, avant de sombrer dans le coma à l’hôpital Yalgado, vers la fin de la journée du jeudi 8 octobre 2015.La femme a dit qu’après avoir fait sortir la farine du moulin, elle en a préparé du tô le premier jour. Le deuxième jour, elle a préparé du riz avant de préparer à nouveau ce tô qui allait leur coûter la vie. Mais, avant de préparer le tô, le dernier jour, elle a constaté que la farine n’était pas totalement sèche. Elle a alors fait sortir la farine sous le soleil avant d’accompagner son mari au champ. Elle note qu’elle a fait boucler les deux portails du grillage avant de partir. Comme la farine, l’eau également reste dehors tous les jours. Pendant que la femme souffrait à l’hôpital, le chien aussi souffrait à la maison. Quand nous quittions le domicile du défunt, les nouvelles provenant de l’hôpital inquiétaient l’équipe du LNSP, qui s’inquiétait de ne pouvoir avoir les urines de la « souffrante » par voie normale pour des besoins de l’enquête.

Emotion palpable au domicile du défunt

A notre arrivée au domicile du défunt, nous avons trouvé une équipe du Laboratoire national de Santé publique (LNSP) sur place. Pendant que l’équipe procédait à un prélèvement d’échantillons de tout ce qui pourrait permettre de faire avancer l’enquête (restes du tô, condiments, eaux, etc.), des membres de la famille et le propriétaire de la ferme se mettent à fouiller les buissons à la recherche du chien. Ils le retrouvent à quelques encablures de la maison, dans les buissons, agonisant. A l’image du silence qui règne dans la cour, un silence traduisant un soutien de compassion et de pitié envahit l’atmosphère. Après les prélèvements et les prises de vue de l’équipe du laboratoire, les membres de la famille entamèrent la destruction, par le feu, de plusieurs ustensiles dont les plats de tô et de la sauce restante.
Les deux barriques visiblement neuves qui contenaient de l’eau ont été vidées après les prélèvements. A l’origine, ces types de barriques contiennent des acides dangereux et même mortels pour la santé humaine. Reste à savoir si les barriques ont été utilisées pour la première fois et si cet usage a été précédé d’une attention particulière.

Y a-t-il eu une bagarre entre les membres de la famille? Non, rétorque Bertine Séguéda qui assure qu’ils vivent en amoureux depuis longtemps et qu’il n’y a jamais eu de dispute entre eux ni depuis, ni ces derniers jours. Par contre, une voisine nous confie qu’il y a quelques mois, ce sont les porcs du défunt qui ont été décimés par une substance dont l’origine n’a jusqu’à présent pas été connue. Au domicile du défunt, nous posons la même question à son frère. Après un temps d’hésitation, il finit par nous dire qu’il n’est pas au courant de cette affaire de porcs morts bizarrement. Une chose est certaine, l’émotion a envahi toute cette grande cour devant laquelle on peut lire sur la porte, « interdit de rentrer ».

Par Salifou OUEDRAOGO
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