La présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC), Nathalie Somé, est allée, le vendredi 2 octobre 2015, apporter son soutien au promoteur et au personnel de la radio Manegmoogo de Pissila, victime d’un incendie en août passé.
Ce sont des locaux de la radio Manegmoogo portant encore les stigmates des flammes, qui ont accueilli la présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC), Nathalie Somé, à Pissila, commune rurale de la province du Sanmatenga située à 30 Km à l’Est de Kaya, le chef-lieu de la région du Centre-nord. En effet, cette radio communautaire s’est tue depuis le 24 août 2015, suite à un incendie perpétré par des individus non encore identifiés. Nathalie Somé a confié être venue, le vendredi 2 octobre dernier, pour apporter le soutien moral de son institution au fondateur, au personnel et aux auditeurs de la radio. « Il était du devoir du CSC d’effectuer le déplacement de Pissila pour apporter nos encouragements d’abord au promoteur, ensuite au millier d’auditeurs et ensuite aux autorités de la région et montrer son attachement à cet outil de développement », a indiqué Mme Somé. Elle a déploré, en passant, n’avoir pas pu effectuer le déplacement dès le lendemain des faits, à cause de « l’agenda très chargé du CSC mais aussi et surtout de la situation nationale ». Après une visite guidée par Emmanuel Bamogo, président de l’association fondatrice de la radio, la présidente du CSC a tenu à échanger avec le personnel et les auditeurs fortement mobilisés à l’occasion. Selon le directeur de la radio, c’est dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 août que le veilleur de nuit de la radio a reçu la visite d’inconnus dont la mission était de la faire taire à jamais. L’ayant grièvement blessé, ces criminels ont incendié le bâtiment principal et ses équipements. « Les archives, les ordinateurs, les mixeurs et autres appareils ainsi que le mobilier ont cramé », a expliqué Emmanuel Bamogo. Seul l’émetteur qui se trouvait dans un autre bâtiment a été épargné, a précisé le directeur. Il s’est réjoui qu’il n’y ait pas eu de perte en vie humaine. Il a précisé que le gardien qui avait été admis au CHR de Kaya a recouvré la santé. « Réduire une radio au silence, ça ne se justifie pas. Nous avons de la peine à comprendre ce qui est arrivé», a regretté Nathalie Somé. « Je ne suis pas venue avec des solutions toutes faites, mais nous allons ensemble conjuguer les efforts pour que cette radio puisse émettre de nouveau », a-t-elle rassuré, tout en lançant un appel à l’ensemble de la population à toujours préserver les outils de développement comme la radio de Pissila.
La solidarité manifestée
Pour Emmanuel Bamogo, cette visite est une marque de considération qui ne fait que galvaniser le personnel dans sa mission d’éducation et d’éveil des populations de l’aire de couverture de la 106.5. Depuis ce grave incident, le président dit avoir reçu des encouragements de partout. «Les autorités administratives locales, les confrères des organes au niveau local, les organisations de journalistes telles que l’AJB et le RIJ, des organes à l’échelle internationale telle RFI nous ont appelé ou fait le déplacement pour nous encourager», s’est-il réjoui. Afin de redonner à la radio Manegmoogo son lustre d’antan, de généreux donateurs se sont déjà exprimés. Emmanuel Bamogo de citer le ministre de la Communication avec une enveloppe de 200 000 F CFA, la radio LPC de Bobo-Dioulasso qui a fait don d’un ordinateur de bureau et d’une console. D’autres se sont annoncés, à croire le directeur de la radio. Ainsi, après la visite de l’ONG Internews de Londres, la représentation au Burkina Faso a annoncé un don de matériels dont deux ordinateurs portables, une console, un disque dur externe et deux micros. Le Centre technique radiophonique, quant à lui, a promis d’installer gratuitement les logiciels de montage et de diffusion ainsi que le raccordement technique de la Radio. Saluant cet élan de solidarité, Nathalie Somé a émis le vœu que d’autres puissent emboîter le pas de ces donateurs afin que la 106.5 recouvre la voix au bénéfice des populations locales. « Cette radio est notre vie, elle nous permettait de passer des informations entre nous à travers des communiqués et d’autres émissions mais surtout d’entrer en contact avec le reste du monde. C’est vraiment regrettable que cela arrive », a relevé le président des auditeurs qui espère que la radio Manegmoogo reparlera. La radio Manegmoogo est une radio communautaire implantée dans la commune de Pissila depuis le 1er mai 2011 par l’association Manegmoogo. Avec un rayon de couverture de 100 km, elle s’est donnée pour mission de créer un cadre d’échange, de sensibilisation et d’information des populations sur les problématiques de développement liées à l’éducation, la santé, l’environnement, la culture et la décentralisation entre autres. En 2010, la radio Manegmoogo avait été incendiée suite à une manifestation populaire contre son directeur Emmanuel Bamogo, alors maire de ladite commune. Si ce premier incident était lié aux activités politiques du directeur, la forfaiture du 24 août 2015 semble ne pas se justifier, selon lui. A le croire, il s’est désengagé de la politique active pour s’adonner à la vie de la radio.
Augustin Irwaya OUEDRAOGO
Tous les articles d'actualités
