Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU), commémore le 11 octobre 2015 la journée internationale de la fille.
Cette journée consacrée à la promotion de la lutte contre les discriminations et les violences subies par des millions de filles se penche cette année au plan international sur le thème: « le pouvoir des adolescentes : horizon 2030 ».
Au plan national, la réflexion va porter sur « la problématique du harcèlement sexuel des filles en milieu scolaire et professionnel : défis, moyens d’actions et perspectives ».
Dans sa résolution 66/170 du 19 décembre 2011, l’Assemblée Générale des Nations Unies a déclaré le 11 octobre de chaque année, journée internationale de la fille, afin de reconnaitre les droits des filles et lutter contre les obstacles particuliers auxquels elles se heurtent.
En plaçant cette journée sous le thème : « le pouvoir des adolescentes : horizon 2030 », les Nations Unies affichent leur volonté de combattre l’extrême pauvreté dans le milieu des adolescentes et être en phase avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) qui projette éradiquer l’extrême pauvreté d’ici 2030.
Durant donc les quinze années à venir, ce sera le moment opportun de doter les filles d’un pouvoir fondamental qui leur permette de briser la transmission intergénérationnelle de la pauvreté, de la violence, de l’exclusion et de la discrimination.
Il est certain que si les filles sont accompagnées durant l’adolescence, elles auront le potentiel de changer le monde.
Il faut donc promouvoir leur autonomisation par :
- l’investissement afin de les doter de compétences et de systèmes de soutien social, économique et sanitaire ;
- l’accessibilité des infrastructures, des services et des technologies ;
- l’intégration dans la vie civique, économique et politique ;
- le travail constant pour rendre la violence contre les filles et les femmes visible et inacceptable à la fois dans les domaines privés et publics ;
- le renforcement de données, en ce qui concerne l’autonomisation et la violence à l’égard des adolescentes.
Or, tout cela passe par l’accès à une formation et une éducation scolaire de qualité.
Malheureusement, le comportement de certains encadreurs constitue parfois un obstacle à l’accès, au maintien et à la réussite scolaire et professionnelle des filles.
C’est conscient de cette situation que le Burkina Faso a choisi de placer cette journée sous le thème : « la problématique du harcèlement sexuel des filles en milieu scolaire et professionnel : défis, moyens d’actions et perspectives ».
Le harcèlement sexuel selon l’Organisation des Nations Unies peut être définit comme « Toute conduite ou abus de pouvoir se manifestant une ou plusieurs fois par des paroles, des actes ou des gestes à connotation sexuelle et non désiré et qui est de nature à porter atteinte à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychologique de la femme ou de nature à entretenir pour elle des conditions de travail ou d’études défavorables ou un renvoi ».
Le harcèlement sexuel en milieu scolaire se traduit généralement par un comportement agressif, de l’intimidation, des avances sexuelles de la part de la gent masculine, notamment les enseignants, parfois même des agressions physiques sous forme de châtiments corporels et des humiliations en public.
Selon des enquêtes statistiques faites par le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation du Burkina Faso, 365 cas de harcèlement sexuel ont été enregistrés de 2009 à 2011. Ces enquêtes montrent que les filles et les enseignantes sont les premières victimes du harcèlement sexuel en milieu scolaire.
Des études rapportent un certain nombre de causes dont les plus significatives seraient : la vulnérabilité des victimes, l’ignorance aussi bien des victimes et des auteurs, l’impunité pour plusieurs raisons des auteurs, la relative jeunesse des enseignants, la difficulté de trouver des compagnes en milieu rural, l’habillement indécent de certaines filles, etc…
Le harcèlement sexuel en milieu scolaire a des conséquences néfastes sur la scolarité des enfants et partant sur leur avenir.
Il se répercute gravement sur les filles et les pousse à abandonner l’école.
Pour ce qui concerne le harcèlement sexuel en milieu professionnel, une étude a été commanditée par l’Association Marche Mondiale des Femmes et l’Association d’appui et d’éveil Pugsada sur un échantillon de 279 personnes enquêtées.
Cette étude a révélé que 58,91 % de femmes et 49,35 % d’hommes disent avoir été victimes de harcèlement sexuel dans leur milieu de travail. Ces statistiques mettent en exergue l’ampleur du phénomène. Aussi, prouvent-elles que les femmes sont les plus exposées.
Des mesures de luttes contre le fléau
Le gouvernement burkinabé avec l’appui du Système des Nations Unies, a élaboré un Programme conjoint de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles au Burkina Faso (PCVEFF) pour la période 2014-2015.
Ce programme est une réponse collective du Système des Nations Unies, du gouvernement burkinabé et des organisations de la société civile aux défis majeurs en matière de promotion et de protection des droits de la femme et de la fille.
Il a pour objectif global de contribuer à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles sous toutes leurs formes dans six régions de notre pays.
Par ailleurs, une loi spécifique portant prévention, répression des violences à l’égard des femmes et des filles et prise en charge des victimes a été adoptée le 06 septembre 2015 par le Conseil National de la Transition (CNT).
Cette loi en son article 10 incrimine le harcèlement sexuel et prévoit des peines d’emprisonnement allant de trois mois à un an et des amendes de trois cent mille à cinq cent mille francs CFA pour les fauteurs.
Un centre de prise en charge des victimes de violences est en construction.
De même, une stratégie nationale de promotion et de protection des droits de la jeune fille au Burkina Faso est en cours d’adoption.
Un numéro vert sera bientôt disponible pour la dénonciation des cas de violences basées sur le genre.
La lutte contre le harcèlement sexuel implique l’adhésion de tous les acteurs à tous les niveaux, à commencer par les filles elles-mêmes.
C’est donc unis que nous pourrons vaincre le harcèlement sexuel.
Ministère de la Promotion de la femme et du genre