L'ambassade de France à Tripoli a été la cible d'une attaque à la voiture piégée, tôt dans la matinée du mardi 23 avril 2013. Une voiture piégée a explosé peu après 7 h devant la chancellerie, une maison de deux étages située dans le quartier chic de Hay al-Andalous, dans l'ouest de la capitale libyenne. Il n’y a pas de pertes en vies humaines, pour l’instant ce sont deux gendarmes en faction qui ont été blessés, dont l’un grièvement, mais cet attentat aurait pu être plus sanglant.
La France paye-t-elle désormais le tribut de ses engagements militaires sur le sol africain ? La chancellerie de France à Tripoli, site historique de l'ambassade, venait d'être restaurée après avoir été saccagée par les kadhafistes lors de la guerre civile de 2011. Et depuis, l'ambassade était en alerte, comme toutes les représentations diplomatiques occidentales en Libye. En 2011, la France de Nicolas Sarkozy a participé aux opérations militaires de la coalition qui a mené des raids aériens contre les forces du régime Kadhafi, contribuant à la chute du régime de Mouammar Kadhafi, tué le 20 octobre 2011, à l'issue d'un conflit de huit mois.
Si le peuple libyen dans sa globalité a entériné et salué la chute de Kadhafi, grâce à l’intervention française, il n’en demeure pas moins qu’il se déroule des révoltes contre le gouvernement actuel de la Libye et ses alliés, essentiellement des Occidentaux, depuis 2011. L'insécurité est persistante en Libye, particulièrement dans la région de Benghazi frappée par des attentats et assassinats ayant conduit les Occidentaux à évacuer la ville. L’on se rappelle l’attentat contre le consulat américain à Benghazi en 2012, et qui a tué l'ambassadeur et trois autres Américains. Les violences sont souvent imputées à des islamistes radicaux, pourchassés sous Kadhafi et qui règlent leurs comptes. A cela s'ajoute un contexte régional marqué par le conflit au Mali où l'armée française est intervenue à la demande des autorités de Bamako, à la suite d'une offensive islamiste vers le Sud, en janvier.
Les groupes armés djihadistes, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), visés par l'intervention française dans le Nord du Mali, avaient menacé, en représailles, de s'attaquer aux intérêts français. Est-ce cette menace qui vient d’être ainsi mise en exécution ? Pour l’instant, et en attendant les résultats des enquêtes conjointement menées par des magistrats français et libyens, l'attentat n'a toujours pas été revendiqué. Mais, daredare, le chef de la diplomatie française a été dépêché sur le terrain, le même jour. Et dans tous les cas, aucune hypothèse n’est à exclure, d’autant plus que déjà, du côté des responsables français, l’on crie à une « attaque terroriste ». Cela est de bonne guerre, vu que la gangrène terroriste a poussé ses tentacules, désormais très longues et bien enfoncées dans le sol africain, ce qui peut être une aubaine pour les ennemis que nous nommons ici djihadistes, de frapper les intérêts français partout où ils veulent.
Qu’est-ce qui prouve aussi qu’ils se limiteront à cette seule opération. Puisque la France vient, à travers son Assemblée nationale, de réitérer son engagement au Mali, en prolongeant la durée l’opération serval. Si toutefois il est avéré que ce sont les assaillants du Nord Mali qui ont agi contre la représentation française en Lybie, pareilles opérations pourraient donc être une sorte de pression de la part des djihadistes pour dissuader la France et les autres Etats occidentaux engagés dans la guerre.
Du reste, il est aussi utile de rappeler les Etats africains dont les troupes sont au front à la méfiance. L’exemple qui vient d’être donné contre la France en Lybie est en ce sens bien éloquent. Surtout qu’en plus de la France, d’autres capitales africaines, dont la nôtre, Ouagadougou, avaient été citées sur la liste noire des djihadistes .