Le Burkina Faso s'est lancé depuis juillet 2011, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO), dans un processus intense de spécialisation dans les filières fruits et légumes. Depuis lors, de Kamboinsé à la vallée du Kou, des laboratoires aux périmètres irrigués, chercheurs et producteurs sont à pied d’œuvre afin de faire du pays une référence dans la production de l’oignon, de la tomate et de la mangue à travers le Centre national de spécialisation en fruits et légumes (CNS-FL).
PPAAO : Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest. C’est un vaste programme de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour générer et diffuser des technologies améliorées. Ces technologies sont appelées à l’intensification durable des productions agricoles dans un contexte de coopération scientifique régionale en vue de contribuer à l’augmentation de la productivité agricole dans les filières majeures.
Et pour être plus efficient, le PPAAO a été décomposé en quatre (4) composantes. La première vise à créer des conditions propices à la coopération régionale en matière de développement et dissémination de technologies améliorées. La deuxième porte sur le Centre national de spécialisation en fruits et légumes (CNS-FL).
La troisième composante concerne le financement à la demande du développement et de l’adoption des technologies améliorées. La quatrième composante se consacre à la coordination, vise à mettre en place une structure et des instruments efficaces de coordination, gestion, suivi-évaluation et communication. Le Burkina Faso a adhéré à ce programme pour la période juillet 2011-juillet 2016 pour un montant de 11 683 130 000 FCFA.
Le pays a choisi de mettre l’accent sur les fruits et légumes, d’où la dénomination Centre national de spécialisation-Fruits et Légumes (CNS-FL) pour sa composante II. Le CNS-FL vient renforcer les capacités opérationnelles des systèmes burkinabè de recherche agricole en matière de fruits et légumes, en conformité avec les priorités régionales. Le CNS-FL est coordonné par l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA), en collaboration avec l’Institut de recherche en sciences appliquées et technologies (IRSAT).
La Coordination nationale du PPAAO a organisé, du 17 au 19 avril 2013, une visite de presse pour prendre connaissance des travaux en cours d’exécution. Première étape de cette tournée, la station INERA de Kamboinsé.
Là, du laboratoire phytopathologie à celui du sol, de l’eau et des plantes en passant par le laboratoire de biotechniques végétales et de virologie, les chercheurs sont a pied d’œuvre pour non seulement réduire les pathologies mais aussi rendre le sol fertile pour la culture de l’oignon, de la tomate et de la mangue. «Nous intervenons dans la gestion des pathogènes sur l’oignon et la tomate et les mauvaises herbes censées causer une baisse de rendement», a précisé Djibril Yonli, malherbologue au sein dudit Centre.
Le département technologie alimentaire (DTA) de l’IRSAT travaille sur la transformation et la conservation et l’assurance qualité des produits alimentaires. Depuis août 2012, son laboratoire de microbiologie est compétent et qualifié au plan international, selon la norme internationale ISO/CEI 17025 version 2005, pour réaliser trois méthodes d’analyse microbiologique (flores totales, coliformes totaux et coliformes thermotolérants) sur les produits destinés à la consommation humaines ou à l’alimentation animale. Ces résultats d’analyse sur les produits ne pourront plus être contestés dans aucun pays demandeur ou acheteur de produits agricoles et agroalimentaires.
Le 18 avril, les hommes de médias ont rallié la région des Hauts-Bassins). A la vallée du Kou (commune de Bama), le Programme, en collaboration avec l’Union nationale des producteurs semenciers du Burkina (UNPB), produit des semences certifiées de riz. Les semences produites dans la vallée et sur d’autres sites seront distribuées gratuitement à des producteurs afin d’augmenter la productivité de cette spéculation.
Le riz n’est pas une filière du CNS-FL. Mais il est avec le maïs, le karité, le niébé et le bétail viande, une filière que le PPAAO de façon générale soutient dans la diffusion de technologies. Les ravages causés par les mouches des fruits inféodées au manguier restent une préoccupation majeure pour les acteurs de la filière.
A Sakabi (commune de Bobo- Dioulasso), les journalistes ont pu voir la technique du piégeage de la mouche. A partir d’un certain seuil de population, on doit passer au traitement du verger avec, entre autres traitements le SUCCESS APPAT, qui est un mélange de substances alimentaires et d’insecticide produit par fermentation de bactéries du sol. C’est un produit certifié en agriculture biologique. Appât alimentaire, il attire les mouches des fruits qui le consomment et les tue rapidement.
Dans la station de Farako-Bâ, les chercheurs expérimentent dans leurs laboratoires des méthodes pour venir à bout des organismes nuisibles aux fruits et légumes. En la matière, ils sont assez avancés dans l’élaboration de formes de lutte biologiques contre les mouches des fruits. L’équipe de journalistes a visité sur place les laboratoires de riz, de maïs, de phytopathologie, d’entomologie et l’insectarium sous la conduite du coordonnateur du CNS-FL, le Pr Dona Dakouo.
A un jet de pierre de Farako-Bâ (trois kilomètres) se trouve l’insectarium du PATTEC (Campagne panafricaine de lutte contre la mouche tsé-tsé et la trypanosomiase). Bien que ne faisant partie ni du CNS-FL ni de l’INERA, son insectarium (en construction) destiné à stériliser les mouches tsé-tsé pour ensuite les lâcher dans la nature intéresse fortement le CNS-FL dans le cadre de la lutte contre les mouches des fruits.
Si pour le moment il n’y a pas une explosion dans la production des fruits et légumes, au Burkina Faso, ce n’est pas pour autant que les choses n’évoluent pas. Les chercheurs (INERA) ont mis au point trois nouvelles variétés de tomates qui vont permettre d’avoir de la tomate à toutes les saisons de l’année (Voir encadré). Le CNS-FL étant aussi le renforcement des capacités en formations modulaires et diplômantes. Douze candidats en master et huit en doctorats ont été retenus pour bénéficier de bourses d’études.