C’est un secret de polichinelle que de dire que l’Université de Ouagadougou traverse une des crises les plus sérieuses de son histoire. Une crise notamment caractérisée par les chevauchements des années académiques provoqués par un retard criard dans les cours. Cette crise qui perdure a d’ailleurs amené les autorités gouvernementales à opter pour le blanchiment technique de l’année dans certaines unités de formation et de recherche afin de résoudre particulièrement le problème des chevauchements des années. Sans surprise, bon nombre d’étudiants ont marqué leur mécontentement vis-à-vis de cette mesure. La suite, on la connaît. L’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB) a tenu une assemblée générale, le samedi 13 avril 2013, au cours de laquelle les étudiants ont décidé d’aller en grève pour, entre autres, dire non au blanchiment technique et au système LMD (Licence master doctorat). Une grève qui a, d’ailleurs, été observée du jeudi 18 au vendredi 19 avril dernier. Soit ! Passons toutefois sous silence la question du blanchiment technique sur laquelle nous avons beaucoup épilogué dès que la mesure a été prise. Intéressons-nous plutôt à la suspension du système LMD ‘’jusqu’à ce que toutes les conditions soient réunies pour son application’’ telle que revendiquée par l’ANEB. Sur ce point, il n’y a pas de débat : les autorités universitaires sont allées trop vite en besogne dans l’application de cette mesure. En réalité, le système LMD, dans son application, exige que les étudiants fassent beaucoup de recherches afin de compléter les 80% de cours dispensés par le professeur. Toute chose qui requiert une plus grande disponibilité des documents et autres moyens de recherche comme Internet. Malheureusement, ces conditions ne sont pas réunies pour permettre aux étudiants, moins nantis financièrement, de satisfaire leur soif du savoir. A cela s’ajoutent les problèmes liés à l’insuffisance de personnels enseignants et d’infrastructures telles que les amphithéâtres. Bref, un ensemble de mesures qui doivent impérativement suivre la mise en application du système LMD. Si on tient compte de tous ces paramètres- dont la liste n’est pas exhaustive- les inquiétudes soulevées par les étudiants quant à l’application dudit système sont bien fondées. Mais seulement, exiger la suspension du système LMD est-il opportun ? Non assurément, car ce serait faire volte-face sur une décision qui, tôt ou tard, sera appliquée, surtout que le système LMD (approuvé par le CAMES) est celui qui régit la plupart des universités en Afrique. C’est dès le départ qu’il fallait refuser l’application du système et exiger que toutes les conditions soient réunies. Aujourd’hui, il est un peu tard de revenir sur la décision, même temporairement. Le vin est tiré, il ne reste plus qu’à le boire. Dans une dynamique de mondialisation où chaque Etat est appelé à s’ouvrir au monde extérieur, les universités burkinabè ne sauraient se retrancher sur elles-mêmes et rester en marge. C’est donc dire qu’il n’est pas judicieux de suspendre, encore moins d’annuler le système LMD. Mais, en même temps, il ne faudrait pas que les étudiants soient les grands perdants dans cette affaire. Il est clair que l’Etat, à travers le gouvernement, doit accompagner les étudiants et les professeurs pour un meilleur fonctionnement de nos systèmes universitaires. Des financements pourraient être négociés à cet effet. Seulement, au Burkina, on a l’impression que plus on a les moyens, plus on a certaines facilités. Pour s’en rendre compte, il suffit de se rappeler ce fait qui paraît anodin : il y a peu, la Chine Taïwan, dans le cadre de sa coopération avec le Burkina, a mis la disposition des élus nationaux, un certain nombre d’outils informatiques. Pourtant, on sait bien que les députés ont largement les moyens de s’en procurer. Pourquoi le gouvernement ne s’est-il pas saisi de cette opportunité pour négocier un certain nombre d’ordinateurs au profit de l’Université de Ouagadougou ? Bien malin qui saura répondre. Dans tous les cas, pour que l’université de Ouagadougou retrouve sa stabilité d’antan, il faut résoudre tous les problèmes, sinon les plus cruciaux. Sans quoi, on aura beau blanchi l’année, l’Université de Ouagadougou ne rattrapera pas son retard. Pire, d’autres problèmes pourraient se greffer à ceux déjà existants. Tous, que ce soit le gouvernement ou l’ANEB, ont leur contribution à jouer pour retrouver cette stabilité. Aussi l’ANEB doit-elle revoir sa position sur le système LMD. Demander un accompagnement de l’Etat dans la mise en œuvre du système LMD nous parait plus logique .