La cérémonie d’installation du maire de Ouahigouya a eu lieu le samedi 20 avril 2013. L’évènement a mobilisé du monde puisqu’il a enregistré la présence de personnalités politiques, judiciaires, diplomatiques, administratives, militaires, paramilitaires, coutumières, religieuses et économiques. Lennart Karlsson, chargé de programmes de CIS Suède, en était le parrain.
Si l’objectif de Gilbert Noël Ouédraogo était de donner un éclat particulier à la cérémonie de son installation à la tête de la mairie de Ouahigouya, il a alors réussi son pari. L’événement a surpris plus d’un de par son envergure. Le samedi dernier, très tôt le matin, hommes, femmes et enfants ont revêtu leurs habits à l’effigie du nouveau maire. Tous n’étaient pas forcément des militants du parti politique du maire, mais également des partis que compte le conseil municipal. Venus de loin et de près, tout le monde convergeait vers la Place de la Nation. C’est le lieu choisi par le comité d’organisation pour procéder à l’installation officielle du maire. Dès 8 heures, l’endroit choisi était bondé de monde. La sécurité (police nationale, municipale, gendarmerie, CRS) avait du mal à faire respecter l’ordre. L’on note la présence de Bangrin Ouédraogo, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Nord, assis à côté de son représentant régional, Abdoul Salam Boly, de Simon Compaoré et de Marin Ilboudo, respectivement ex et actuel maires de Ouagadougou, de Me Pacéré Titinga, de Ablassé Ouédraogo, de Arba Diallo, de Alidou Ouédraogo (ex-président de MBDHP), des anciens ministres et ceux en activité, des maires de Mopti et de Wa (Ghana), etc.
9h50mn : Le Roi du Yatenga, Sa Majesté Naaba Kiiba, précédé une heure plutôt de son Premier ministre, le Toogo Naaba, fit son apparition à la Place de la Nation. Devant une foule compacte, il est ovationné avant d’aller prendre place auprès des officiels. Deux minutes plus tard, c’est Gilbert Noël Ouédraogo qui arrive escorté par quatre cavaliers. Il prend un bain de foule, salue l’assistance qui l’acclame tout en liesse. Il fait le tour pour terminer ses salutations au niveau de la tribune officielle. Lorsqu’il vit l’ex-maire de Ouaga, Simon Compaoré, Gilbert avait presque des larmes aux yeux. Puis, c’est dans la ferveur que Gilbert alla s’asseoir à la tribune d’honneur. Assis à la deuxième loge, l’heureux élu est prié de se lever par l’inépuisable Ambroise Tapsoba, qui lui tient ce langage : « Gilbert Namdouda Noël Ouédraogo, regardez autour de vous et constatez tout ce beau monde. N’est-ce pas un grand jour pour vous ? ». Gilbert se met debout, regarde autour de lui et reste visiblement très ému par ce qu’il constate.
Une séance de prières
Le ton de la cérémonie est ainsi donné avec en premier lieu une séance de prières faite d’abord par la communauté musulmane, ensuite par celle chrétienne. Chrétiens et musulmans ont imploré le bon Dieu pour qu’il donne la force nécessaire à Gilbert Noël Ouédraogo afin qu’il puisse accomplir pleinement la mission à lui confiée.
Sa Majesté Naaba Kiiba, majestueusement dans ses attributs de roi des rois du Yatenga, est annoncé à la tribune. Le leader coutumier s’est voulu pragmatique comme dans ses habitudes. Il a demandé à tous les conseillers, sans distinction aucune, d’accompagner le maire dans sa nouvelle mission. Il a même tapé du poing sur la table en demandant à l’autorité compétente de sévir contre ceux qui tenteraient de bloquer le fonctionnement du conseil municipal. La parole fut ensuite donnée au maire sortant de Ouahigouya, Abdoulaye Sougouri qui, en dépit de sa maladie, a tenu bon, en prononçant un discours réaliste. Le bourgmestre sortant s’est félicité de la paix sociale qui a prévalu au Yatenga, avant, pendant et après ces élections. Survolant le bilan du mandat écoulé, Abdoulaye Sougouri a reconnu que l’équipe sortante a fait ce qu’elle pouvait, mais ses efforts ont été quelque peu sapés par la crise de mars 2011. Tout en félicitant son successeur pour son élection, le maire a eu une pensée pour tous ses ex- collaborateurs. Place au parrain, Lennart Karlsson, Suédois et président d’un programme de développement.
Pour lui, la place qu’occupe Ouahigouya dans le Royaume mossi est importante. Aussi poursuit-il, la ville dispose de potentialités à exploiter. Il a, par la suite, loué le courage, la détermination et le sens élevé de la rigueur du nouveau locataire de l’Hôtel de ville. Il dit connaître de mieux en mieux l’homme et n’ignore pas ses compétences. En revanche, il lui a prodigué des conseils en lui demandant d’être un homme ouvert qui met au devant la transparence, la communication et la clairvoyance. « C’est un homme de qualité, pétri d’expériences », a-t-il dit. Il reconnaît que diriger une commune comme Ouahigouya n’est pas chose aisée, mais avec force et détermination, Gilbert Ouédraogo peut y arriver.
Le moment solennel
Lorsque le soleil se dirigeait vers le zénith (11h52), est intervenu l’acte officiel d’installation officié par le haut-commissaire du Yatenga, Seydou Coulibaly, sous les applaudissements nourris du public. Mise de l’écharpe à la hanche, remise de la clé de la mairie et du code général des collectivités, tels ont été les moments forts de la cérémonie. Les membres du bureau du conseil municipal ont, séance tenante, été présentés aux autorités qui les ont félicités. Dernier à prononcer son allocution, Gilbert Noël Ouédraogo a prévenu : « Je n’ai pas l’habitude de faire de longs discours, mais aujourd’hui, je vais déroger à la règle. Mon discours va durer au minimum vingt minutes ». Une vingtaine de minutes pour un discours axé essentiellement sur les remerciements, les grandes lignes de son mandat. Citant nommément tous ses prédécesseurs à la tête de la mairie depuis 1958, il a demandé une minute de silence pour certains d’entre eux qui ne sont plus de ce monde.
Mais, d’emblée, il dit placer son mandat sous les signes de l’humilité, la cohésion sociale, la rigueur. Il n’entend pas faire du sentimentalisme quand il s’agira de fructifier les caisses de la mairie. A ce niveau, il a pris à témoin l’exemple de l’ex-maire de Ouagadougou qui, selon lui, n’était pas toujours en bons termes avec les citadins, mais s’est évertué à donner une belle image à la ville. Gilbert a promis d’être le champion de la bonne gouvernance en travaillant dans la transparence avec ses administrés. « C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai pas voulu qu’un seul copeck de la mairie vienne s’immiscer à cette cérémonie. » Il entend aussi travailler dans la loyauté, avec tout le monde, en tenant compte de l’intérêt général de la commune. Tenir des cadres de concertation, mettre l’accent sur l’assainissement, le civisme, les investissements, l’éducation, le logement, la mobilisation des ressources, la sécurité des personnes et des biens, l’eau potable, ce sont là, entre autres, les priorités du nouveau maire qui annonce, d’ores et déjà, la construction de « Ouahigouya 25 » à l’image de « Ouaga 2000 ». En cas de la non-réalisation de cette grande infrastructure, le maire a désigné des responsables auprès desquels les Ouahigouyalais devraient se plaindre : lui-même et Yacouba Barry, fils de Ouahigouya et ministre de l’Habitat et de l’urbanisme. Mais Gilbert Ouédraogo n’est pas dupe : « Que la mairie croule sous le poids des dettes, cela ne m’empêchera pas d’avoir des ambitions pour ma ville ». Invités de marque et anonymes, tous ont salué la nouvelle configuration du conseil municipal. Ainsi, Abdoulaye Sougouri passe le témoin à Gilbert Noël Ouédraogo. Ce qui a fait dire à ce dernier que c’est la démocratie qui a triomphé. Ancien ministre des Transports, des postes et de l’économique numérique, Gilbert Noël Ouédraogo a été élu, le 11 mars dernier, maire de Ouahigouya face à Mamadou Ouattara, candidat malheureux du CDP. La quarantaine bien sonnée, le maire entrant est avocat de profession. En plus de sa casquette de maire, il est député à l’Assemblée nationale.
Les à-côtés de la cérémonie
La mobilisation a dépassé toutes les prévisions
Avant l’arrivée de tous les invités, la place réservée aux officiels était déjà occupée. Débordé, le comité d’organisation était obligé de « négocier », avec certains, pour trouver de la place à ceux qui sont venus de loin. Si certains obtempéraient, d’autres refusaient. L’évêque de Ouahigouya, le procureur, son substitut, et bien d’autres autorités n’avaient pas eu de places. Le représentant de la Chambre de commerce et d’industrie du Nord, Abdoul Salam Boly, a dû céder sa place à une autorité. Pour beaucoup, il faut remonter à la campagne de la dernière présidentielle, lors de la venue de Blaise Compaoré, pour voir une telle mobilisation.
La Radio Wend-Panga félicitée
Dans les seuls soucis de permettre à ses nombreux auditeurs de suivre cette cérémonie comme s’ils étaient à la place de la Nation, la Radio Wend-Panga a aménagé son programme, en retransmettant en direct, en intégralité et sans contrepartie, la cérémonie. Pendant des heures, les reporters ont donné la parole à tout le monde sans distinction aucune. Des hommes de médias, des leaders politiques, économiques, coutumiers, religieux, etc. ont analysé, avec une certaine émotion, la mobilisation. Ce travail professionnel a valu à la Radio des félicitations venant des auditeurs qui ont jugé que la démarche était appropriée.
Tout le monde a perdu son latin
Alors qu’il parlait de Ablassé Ouédraogo, Gilbert Noël Ouédraogo l’a pris, par deux fois, pour Ablassé Compaoré. Interrogé en direct sur la Radio Wend-Panga, Ablassé Ouédraogo a mentionné Gilbert comme « maire de Ouagadougou ». Et un des reporters qui interviewait le député et président de « Le Faso Autrement » l’a fait passer pour le patron de l’UPC avant de se ressaisir. Et que dire de cet animateur radio qui, parlant de l’honorable députée, Myriam Ouédraogo, épouse de Gilbert, a dit « mari de Gilbert » !
Un candidat malheureux fair-play du nom de Mamadou Ouattara
Après avoir perdu le contrôle de la mairie contre Gilbert, Mamadou Ouattara se faisait rare dans la ville de Ouahigouya. On le disait très amer et diminué physiquement. Pour beaucoup, pas question, pour lui, d’assister à cette cérémonie pour cautionner quoi que ce soit. Mais c’était mal connaître l’ex-maire de Tangaye, qui était bel et bien à la tribune et qui a même félicité Gilbert pour sa brillante élection. Ce fair-play politique a été bien apprécié.
La déception d’un harangueur de foule
On les appelle des humoristes DJ. Ils ne sont ni maîtres de cérémonie, ni des membres de comités d’organisation encore moins des artistes invités. Mais on les retrouve parfois lors des grandes occasions, faisant les « atalakou », pardon, les éloges des personnalités. L’un d’entre eux a été, ce jour-là, mal inspiré, lui qui croyait pouvoir « prester » devant le parterre des gros bonnets. Mal lui en prit. Il a été purement et simplement déclassé par les organisateurs d’où sa déception.
Le Burkinabè est-il gourmand ?
Lors de la réception en l’honneur des invités à la salle de spectacles, c’était, à la limite, ridicule. Des femmes, des hommes, responsables de famille, dont certains occupent de hautes fonctions, n’ont pas trouvé de gêne à se chamailler à cause d’un plat. Ce qui a fait dire à quelqu’un que le Burkinabè est de nature gourmand.