« Après l’arrestation du cannibale, il y a un calme relatif dans les secteurs 24 et 25 de Bobo »,
DR de la police nationale des Hauts-Bassins, Marcel Paré
Dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme, le gouvernement burkinabè a renforcé ses actions à travers la prévention et la répression de toutes les formes de banditisme. Une des actions en amont est la présentation des délinquants à la presse pour dissuader d’autres personnes de cultiver la personnalité délinquante entre autres. Dans la région des Hauts-Bassins, des dispositifs sont mis en œuvre pour lutter contre le grand banditisme. Un des grand succès des actions dans la région est bien l’arrestation de L.A qui semait la terreur dans les secteurs 24 et 25. Cependant, le constat que l’on a fait, au terme d’une visite des locaux de la direction régionale de la Police des Hauts-Bassins le mercredi 27 mars 2013, est qu’il y a une insuffisance de moyens logistiques et humains pour mener efficacement les opérations de sécurisation.
La question de la sécurité dans la région des Hauts-Bassins concerne la sécurisation intra-muros d’une part et celle des grands axes routiers d’autres parts. Selon le directeur régional des Hauts-Bassins, Marcel Paré, les actions impliquent une synergie entre le service régional de police judiciaire (SRPJ), la Brigade anti-criminalité et les commissariats d’arrondissements. « D’abord nous avons un dispositif à plusieurs étages. Au niveau de la région ou des régions, nous avons le service régional de police judiciaire (SRPJ) qui a pour rôle de prévenir et de lutter contre la criminalité, non seulement dans la région des Hauts Bassins, mais aussi dans les Cascades et dans la Boucle du Mouhoun. Donc, nous avons un service de Police judiciaire qui couvre trois régions et qui a pour mission de lutter contre le grand banditisme. Au niveau des Hauts Bassins, nous avons déjà ce que nous appelons «la couverture sécuritaire traditionnelle». C'est-à-dire que nous avons les directions provinciales de police nationale qui sont des services de lutte contre le grand banditisme organisées et dotées de programme de patrouille. Donc, vous allez remarquer qu’au niveau du kénédougou ou du Tuy la direction la police est organisée de telle sorte à couvrir tout le ressort territorial. Les services patrouillent avec les différents commissaires de district. Chaque commissariat est doté d’un programme de patrouille mensuel. Commissariats centraux, commissariats d’arrondissements et des commissariats de district interviennent dans l’organisation », a expliqué le directeur régional de la police des Hauts-Bassins. La lutte contre ce qui est appelé dans le jargon ‘’l’insécurité urbaine’’, place la brigade anticriminalité (BAC) au cœur du dispositif. « Si vous descendez au niveau de la ville, il y a ce que nous appelons l’insécurité urbaine. A ce niveau, non seulement les services traditionnels, à savoir les commissariats ont pour mission de couvrir la ville, de lutter contre l’insécurité mais aussi et surtout, un service a été mis sur pied dont la mission essentielle est de prévenir l’insécurité et de réprimer la criminalité en zone urbaine c’ est la BAC, la brigade anticriminalité. A ce titre, la BAC couvre la ville, patrouille 24 h sur 24. Plusieurs équipes sillonnent la ville, recherchent et interpellent les délinquants. Ils arrêtent les délinquants et les mettent à la disposition des autres services de police de la ville. Ils n’ont pas de procédure pour déférer les délinquants au parquet. C’est uniquement patrouiller, rechercher, arrêter et mettre à la disposition des autres services », a précisé Marcel Paré. Selon les responsable de la police régionale, il y a toujours au moins deux équipes de patrouilles. Quand l’une est en ville l’autre sillonne les zones périphériques. A côté des plans traditionnels de sécurisation, des plans opérationnels spéciaux sont souvent mis en œuvre. En témoigne le directeur régional de la police des Hauts-Bassins. Sa structure a mis en œuvre une opération spéciale de sécurisation couvrant la période du 15 novembre 2012 au 15 janvier 2013. Ce plan spécial, à en croire le directeur régional, a mobilisé 4 milles fonctionnaires de police. Pourtant, la direction est loin de disposer de cet effectif. Le directeur régional explique : « Nous n’avons pas 4 milles fonctionnaires, mais en prenant opération par opération, en 2 mois ce sont 4 milles fonctionnaires qu’on a mobilisé ». Selon le directeur, ces opérations ont permis de faire des prises importantes. Cependant, et comme ce qu’on reproche à la direction régionale des Hauts-Bassins, il y a eu moins de tapage médiatique sur les délinquants arrêtés. Pour le directeur régional de la police des Hauts-Bassins, c’est une façon de jouer la carte de la prudence. « Nous ne sommes pas contre la présentation de délinquants à la presse. D’ailleurs, je l’apprécie fort bien. Par la présentation de délinquants à la presse, cela contribue à sensibiliser les populations. Cependant, c’est aussi une réalité que souvent nous préférons déférer nos délinquants sans trop de tapages. Cela est en conformité avec le droit. A une date pas très lointaine, il n’était pas autorisé par les services de justice que les présumés délinquants soient exhibés à tout vent ; ils ont des droits. On nous demande de respecter leur droit à l’image parce qu’après tout, ce sont des suspects. En les exhibant comme délinquants, c’est comme si nous les avons jugés et condamnés. Les populations qui ont été témoins, n’oublieront pas ces visages. Et si éventuellement les présumés délinquants étaient reconnus innocents par la justice ? Alors ce serait un tort qu’on aurait fait subir à ces individus. C’est donc une prudence qui nous est recommandée par la justice. Mais de plus en plus, nous recevons des instructions de la hiérarchie de communiquer. La ville de Ouagadougou a eu l’avantage de communiquer très tôt. Mais nous sommes aussi lancés, la preuve en est que la semaine dernière vous avez suivi la présentation d’un délinquant (ndlr : L.A, présenté comme assassin et mangeur de chaire humaine.) et pas plus qu’avant-hier, nous avons présenté des délinquants pris avec 20 Kg de chanvre indien. Si nous avons tardé à s’inscrire dans la logique de présentation des délinquants, nous sommes en train de prendre le pas », a justifié Marcel Paré. La lutte contre la criminalité passe forcement aussi par la maîtrise de la carte criminogène de la ville. C’est cette carte qui sert en quelque sorte de feuille de route aux différentes patrouilles. « Aujourd’hui, nous ne nous contentons plus de patrouilles uniquement. Nous avons essayé d’innover en identifiant les zones criminogènes dans la ville. Cela signifie que la BAC, par jour, a une feuille de route. Elle sait par exemple que dans tel arrondissement, dans telle zone précise, on a enregistré plus de cas de vol. Et nous établissons une carte criminogène de la ville. La BAC est très mobile, maniable et s’adapte à l’évolution de la situation de la délinquance sur le terrain. Nous occupons terrain. Et il n’y a pas que la BAC seulement, mais aussi les commissariats de Dafra, de Do et de Konsa ont des programmes de patrouille. Tout le mois, chaque arrondissement a au moins, 4 à 5 patrouilles. Il y a en plus, le commissariat central et le SRPJ qui patrouillent. Par nuit on peut se retrouver à un minimum 60 policiers qui patrouillent en ville », foi du directeur régional. Les secteurs 24 et 25 étaient cités comme les zones criminogènes de la ville de Bobo-Dioulasso. Mais à en croire Marcel Paré, après l’arrestation du criminel L.A, il règne dans ces deux secteurs un calme relatif. Un calme qui n’a pas fait baisser la garde chez les éléments du directeur régional. Des patrouilles de la BAC y sont constatées. En réalité, l’arrestation de L.A a entraîné un cortège de rumeurs soutenant qu’il ne devrait pas être le seul auteur de ce forfait. Des rumeurs moins à celles sérieuses, le directeur assure que ces éléments oeuvrent à vérifier les différentes alertes. « Les rumeurs ne nous guident pas dans nos actions. Vous avez entendu comme tout le monde que L.A s’est évadé…ce sont les mêmes rumeurs qui disent qu’il aurait touché le mur et est sorti parce qu’il avait des wacks. Mais nous confirmons qu’il est détenu à la maison d’arrêt de Bobo-Dioulasso après avoir été inculpé et déposé. Son dossier se trouve présentement entre les mains du juge d’instruction. Toute chose qui ne nous permet pas de nous prononcer sur la suite de l’affaire. Il y a eu des citoyens de bonne volonté qui ont attiré notre attention sur le fait qu’il doit avoir des complices parce qu’ils ne peuvent pas comprendre que cet individu ait agi seul pendant 3 ans. Mais jusqu’à ce jour, l’individu a toujours soutenu avec des preuves, qu’il a agi seul. Cependant, nous n’avons pas négligé les dénonciations selon lesquelles il aurait des complices. Nous avons mené des perquisitions dans des domiciles, dans des bars abandonnés indiqués comme étant un de ses repères. Mais, au final, nous n’avons pas eu d’éléments palpables pour déduire. Par contre, pendant son audition, tout ce que l’individu avançait, était corroboré. Quand il a affirmé avoir tué des gens et coupé leurs têtes, il a effectivement présenté les crânes. Quand il a dit avoir attaqué et retiré une moto et qu’il l’a dépiécé pour vendre les pièces, il nous a montré des pièces restantes que les victimes ont reconnu. En tout cas, les enquêtes ne sont pas closes, nous ne sommes pas fermés. Si des éléments de preuves solides nous sont rapportés nous mènerons des investigations pour mettre les personnes concernées à la disposition du procureur du Faso », a laissé entendre le directeur régional de la police des Hauts-Bassins. L’action de la police dans cette région, si elle est efficace, l’aurait été davantage si elle n’était confrontée à une insuffisance de moyens humain et de logistique surtout. Quoique le directeur régional de la police des Hauts-Bassins se refuse d’évoquer ce manque important de moyens, le constat de ce manque ne peut être occulté. « Les peu de moyens nécessaires à l’exécution de nos missions, nous les avons, même si nous ne cesserons pas d’en demander. Nous avons un pays qui a un budget modeste. Mais je pense que par rapport au budget de l’Etat, la sécurité n’est pas la moins bien lotie. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes dans le confort : ici, les commissaires d’arrondissement n’ont pas de véhicules. Pour aller en patrouille, il faut qu’ils en empruntent des véhicules. Souvent, ils font la patrouille à moto ou à pied. Nous ne sommes à l’heure où tous les services de police disposent de moyens pour occuper toute la ville. Ce serait notre souhait de pouvoir disposer de moyens suffisants de transport. Mais nous essayons de rendre utile le minimum que l’Etat nous a donné. Quand vous apercevez les véhicules en ville, vous pensez que nous avons assez de véhicule mais si vous les rassemblez, vous n’avez pas plus de 10 véhicules à Bobo-Dioulasso. Il n’ y a pas, à proprement parlé, de véhicule de fonction, ils servent tous à des patrouilles » a déclaré le directeur régional. Dans le grand thème de la lutte contre l’insécurité, celle routière comporte un bilan très lourd dans la région des Hauts-Bassins. Selon les chiffres, elle fait plus de victime que les attaques à mains armée. « Déjà en Janvier 2013, nous avons enregistré 13 cas de décès par suite d’accident, dans la région des Hauts-Bassins, dont 11 dans la ville de Bobo et ses environs. Dans le mois de février, nous avons enregistré 12 accidents mortels dans le Houet. Au total, 28 décès à nos jours. Les attaques en main armée font certes des victimes, mais les gens passent souvent à côté des cas d’accidents mortels qui sont aussi des formes d’insécurité. Donc, notre dispositif sécuritaire c’est aussi mettre en place des équipes pour veiller au contrôle de la sécurité routière. C’est vrai que l’accent était plus mis sur la sensibilisation, mais dans les jours à venir, nous allons nous organiser pour occuper les carrefours pour sensibiliser dans un premier temps, mais nous n’allons pas fermer les yeux sur les infractions » a précisé Marcel paré. La question de la lutte contre l’insécurité est une quête et des actions quotidiennes nécessitant la collaboration et la confiance des populations. A en croire Marcel Paré, les alertes sont confidentielles et cela ne saurait être préjudiciable à l’auteur de l’alerte. Sous la rubrique de la collaboration, il faut noter le manque ou l’insuffisance de collaboration des téléphonies mobiles qui tendent à protéger systématiquement leurs clientèles quand certaines informations leur sont demandées par les services de police.
Selon nos informations, les données qu’elles acceptent mettre à la disposition des forces de sécurités sont souvent inexploitables .