Le 16 septembre 2015, une bande d’aventuriers militaro-politiques a tenté de balancer l’avenir de notre peuple dans le chaos en perpétrant un coup d’État digne d’une autre époque. C’est l’occasion de renouveler nos félicitations au Président de la Transition, au Premier ministre et à tous les membres du gouvernement qui ont su faire preuve de courage et de dignité face à leurs tortionnaires. Ces mêmes remerciements vont à l'endroit du président du Conseil National de la Transition (CNT).
La résistance héroïque de notre peuple a permis de barrer la route à la forfaiture et de rétablir les institutions de la transition.
L’échec de ce coup d’État est une étape importante dans la lutte que notre peuple a entreprise pour la construction de la démocratie et pour son bien-être.
Le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) rend un vibrant hommage à tous ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur. Le souvenir de ces martyrs et de ces journées, tout comme celui des martyrs et des journées des 30 et 31 octobre 2014, doivent être honorés à travers une « journée nationale de résistance pour la démocratie » dont nous souhaitons l’institution.
Le MPP renouvelle sa solidarité et sa compassion à toutes les victimes, à leurs familles, à leurs proches ainsi qu’à tous ceux qui ont subi des préjudices de quelque nature que ce soit.
La victoire de notre peuple qui suscite respect et admiration à notre pays est source de nombreux enseignements :
- Le premier enseignement est la confirmation de la vérité historique selon laquelle les peuples sont invincibles quand ils sont organisés, mobilisés et déterminés. Tout comme lors des journées des 30 et 31 octobre 2014, le peuple burkinabè, dès le 16 septembre jusqu’au jour fatidique du 29 septembre 2015, s’est, dans son écrasante majorité, mobilisé en faisant preuve d’ingéniosité, d’intrépidité, de courage et, de par son action, a contraint les putschistes à un constat d’échec. Ce faisant, il a apporté un démenti cinglant à tous ceux qui, contre tout bon sens, croyaient toujours que la restauration de l’ancien régime pouvait encore représenter une alternative pour ce pays. Cela n’est pas possible, ni par la voie des urnes, ni par la voie des armes ;
- Le second enseignement est que ce coup d’État a contribué à la clarification de la scène politique burkinabè. D’un côté, il y a des partis qui se battent pour la démocratie et pour le progrès et qui sont avec le peuple qui lutte. De l’autre côté, il y a ceux qui s’illustrent dans des compromissions d’appareils et qui se sont couverts d’opprobre soit en participant activement au coup d’État, soit en le soutenant ouvertement. Enfin, il y a les partis caméléons dont les positions sont dictées par les circonstances et qui s’illustrent dans l’équilibrisme et l’opportunisme. Le peuple, dans sa perspicacité légendaire, a ainsi eu l’occasion de faire la part des choses entre le bon grain et l’ivraie ;
- Le troisième enseignement réside dans l’exemplarité de notre peuple. Sans fausse modestie, nous devons saluer comme le font de nombreux observateurs à travers le monde, la grandeur et la ténacité de notre peuple. Il fait notre fierté et celle de l’Afrique toute entière. Conformément à sa longue tradition de lutte, le peuple burkinabè a su vaincre ses ennemis et montrer qu’il est le seul maître de son destin. Pour ce faire, il n’a reculé devant aucun obstacle même au péril de sa vie;
- Le quatrième enseignement est que les auteurs de ce putsch, sans le vouloir, ont permis à notre peuple de faire des avancées pour la construction de la démocratie. La dissolution du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) participe de ces avancées car son existence était une hypothèque pesant comme une épée de Damoclès sur notre processus démocratique et la paix sociale ;
- Le cinquième enseignement est que notre armée, à cette occasion, a fait la preuve de l’affermissement de son caractère républicain. De façon résolue, elle s’est investie courageusement et dans le sens de l’honneur pour la défense des intérêts de son peuple contre ses oppresseurs et pour la sauvegarde des institutions de l’État de droit.
Au total, ce coup de force avorté offre une opportunité à notre pays de balayer les survivances et les débris politiques et militaires du régime Blaise Compaoré. Dans le même élan, nous devons fonder un nouvel ordre politique pour notre pays basé sur la démocratie véritable et le respect scrupuleux de la souveraineté du peuple. Cette aspiration au changement qui se concrétise est essentiellement portée par les partis politiques démocrates et progressistes, la jeunesse dans toutes ses composantes et par le mouvement démocratique de masse. La rupture avec l’ordre ancien n’est plus un slogan. Elle est l’aune par laquelle le peuple distingue ceux qui se battent pour son meilleur devenir et ceux qui se battent pour leurs seules ambitions et qui n’ont en réalité aucun projet pour ce pays.
Maintenant que la situation redevient normale, le MPP, conformément à ses principes et à sa ligne de conduite, interpelle tout un chacun quant à ses responsabilités. Tous ceux qui se sont compromis dans cette imposture à quelque titre que ce soit doivent répondre de leurs actes conformément à la règle de droit et punis à la hauteur des fautes commises devant des juridictions compétentes et selon les procédures requises. Le refus de l’impunité et l’application des décisions de justice dont celles du Conseil constitutionnel ne sont pas négociables.
Tout en insistant pour la tenue des élections couplées à une date aussi proche que possible de la date initiale, le MPP invite ses militants à la mobilisation et à la vigilance pour la sauvegarde des acquis démocratiques de notre peuple .
Le MPP réitère ses sentiments de reconnaissance à tout le peuple burkinabè, aux jeunes, aux femmes, aux anciens, aux organisations de la société civile, aux syndicats, aux Forces de Défense et de Sécurité, aux partis politiques, aux autorités coutumières, traditionnelles et religieuses, aux Burkinabè de l'étranger, aux médias, aux amis du Burkina, à la communauté internationale ainsi qu’à l’ensemble de ses militants. Leur mobilisation sans faille a permis de faire échec au coup d’État et de sauver la démocratie.
Le MPP renouvelle son soutien aux organes de la transition tout en les félicitant pour le travail accompli.
Ouagadougou, le 30 septembre 2015
Démocratie-Egalite-Progrès
Pour le mouvement du peuple pour le progrès
Le Président
Roch Marc Christian KABORE
N.B : le surtitre et le titre sont du site