Initialement prévue le 1er octobre prochain, la rentrée scolaire a été reportée au jeudi 8 octobre 2015, vu la situation délétère qui prévaut au pays. Conséquences, les établissements secondaires, du moins ceux que nous avons pu visiter le mardi 29 septembre dernier, étaient presque vides. Concernant le report de cette date, les avis divergent chez les parents d’élèves et autres acteurs du monde éducatif.
Alors que la rentrée pédagogique était initialement prévue pour se tenir le 1er octobre 2015, un constat se dégageait dans la ville de Ouagadougou, le mardi 29 septembre 2015 : des établissements d’enseignement fantômes et vides de leur personnel administratif. Rencontrer un responsable d’établissement s’avère de ce fait très difficile. Pour cause, la situation nationale qui est actuellement tendue et empreinte d’insécurité. Faut-il alors maintenir la date de la rentrée qui se tient habituellement le 1er octobre 2015 ? Concernant la question du maintien en l’état du calendrier scolaire, Marc Ouédraogo, coordonnateur du Lycée Privé Bangré Nooma, qui n’avait pas encore connaissance du report de la rentrée scolaire, nous a livré son point de vue: « Le maintien du calendrier peut perturber les choses. Au vu des derniers développements de la situation, on se demande comment nos élèves pourront aller à l’école, dans cette dynamique d’insécurité liée à la rupture du processus de désarmement. Nous attendons toujours les instructions sécuritaires de l’Etat major ou du gouvernement de transition ». Cette situation d’incertitudes, selon lui, provoque une inquiétude chez les parents d’élèves. Certains, a-t-il confié, appellent fréquemment pour savoir si les enfants peuvent prendre la route de l’école sans risques. Un parent d’élève, Moussa Sakandé, préconise, pour sa part, un réajustement du calendrier scolaire pour permettre aux élèves d’être en sécurité. « Dans le contexte actuel, laisser son enfant prendre la route de l’école est dangereux », a-t-il laissé entendre. Même s’ils sont inquiets, la question du report de la date habituelle de la rentrée scolaire et universitaire ne fait pas l’unanimité au sein des parents d’élèves. Pour d’aucuns, il est judicieux de maintenir le calendrier et procéder à son réajustement si la situation l’exige davantage. C’est le point de vue de San Traoré, inspecteur de l’enseignement secondaire et parent d’élève. A cet effet, il a déclaré : « En attendant, on maintient la date de la rentrée en l’état, quitte à ce que, au gré de l’évolution de la situation nationale, des mesures relatives au report soient prises. C’est difficile de reporter. Par exemple, les dates de la tenue des examens tels que le BEPC et le BAC sont fixées lors de concertations sous-régionales et régionales. Il y a des échéances à ne pas dépasser. De prime abord, l’on ne peut prendre de décision hâtive, car on ne sait pas si la situation actuelle va perdurer. La date peut, pour le moment, être maintenue ». Autre avis favorable au maintien du calendrier scolaire et universitaire, celui du parent d’élève Jean Charles Tougma qui trouve en l’école, surtout en ces temps de troubles, une voie de sagesse. « Au contraire, c’est mieux que l’enfant aille à l’école et apprenne la voie de la sagesse, que de rester à la maison et apprendre des choses contraires à ses mœurs. Ce sont ces derniers qui redeviennent, plus tard, des dangers permanents pour la société », a-t-il fait savoir.
L’APE salue le report de la rentrée scolaire
Vu la situation qui prévaut au pays, le ministère des Enseignements secondaire et supérieur et celui de l’Education nationale et de l’Alphabétisation ont reporté la rentrée scolaire et universitaire au 8 octobre prochain. Cette rentrée était initialement prévue le 1er octobre prochain. A cet effet, le MENA, comme l’a confié le directeur général de l’enseignement de base, Seydou Dramé, avait déjà mis en place un comité d’organisation de lancement officiel de la rentrée pédagogique. Mais, le Conseil des ministres extraordinaire du 28 septembre en a décidé autrement puisque le gouvernement a jugé nécessaire de décaler la rentrée d’une semaine. « Il ne fallait pas que nous tenions à organiser cette rentrée vaille que vaille sachant bien que les gens ont des difficultés », a approuvé le directeur général de l’éducation de base. Pour lui, cette décision des autorités de la Transition de reporter la rentrée scolaire est d’autant plus sage que les banques n’ont pas fonctionné pendant une semaine. « Or, nous savons que la rentrée rime avec des dépenses telles la scolarités, les tenues, les fournitures… », a-t-il fait remarquer. Seydou Dramé va plus loin pour justifier le report de la rentrée scolaire : « Avec la situation que nous traversons, beaucoup de parents vous diront qu’ils n’ont pas pu monter les prêts scolaires. Donc, on ne peut pas faire fi de tout cela et aller à l’organisation ». Mais, à quel schéma devrait-on s’attendre si cette situation d’incertitudes perdure jusqu’au 8 octobre prochain ? A cette question, la réponse du directeur général de l’éducation de base est on ne peut plus claire. « A situation particulière, comportement particulier. Au jour d’aujourd’hui, bien malin qui pourra nous dire quelle sera l’issue de ce qui est en train de se passer présentement. De mon point de vue, il serait hasardeux de dire quelque chose dans l’immédiat. C’est vrai que je suis le directeur général de l’éducation de base, mais il y a beaucoup de structures qui sont impliquées dans cette organisation. Donc, il serait prétentieux de ma part de dire ce qui pourrait advenir par la suite. On attend de voir avant d’aviser. Si d’aventure la situation évoluait dans un sens ou l’autre, je crois que la hiérarchie va certainement nous instruire de prendre attache avec les services techniques des départements ministériels concernés pour réfléchir afin de trouver une solution ».
De son côté, l’Association des parents d’élèves (APE), entend se soumettre aux décisions du gouvernement pour préparer la rentrée scolaire, vu la situation particulière que vit le pays. « Pour cela, nous attendons les instructions du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation qui va nous donner des instructions que nous allons appliquer », a fait savoir Moustapha Degtoumda, président de l’APE. Quoi qu’il en soit, il a rassuré que les parents d’élèves seront informés par rapport à l’action à entreprendre au regard de la situation du moment.
De son côté, le Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEAB), salue la décision du gouvernement de reporter la rentrée scolaire. D’ailleurs, le secrétaire général du syndicat, Séma Blégné, qualifie cette décision de « sage ». Pour lui, « le report était obligatoire parce qu’avec les communiqués qui se succèdent, on n’a pas d’assurance en tant que tel venant de la part du général de l’Etat-major des armées ». Dans ces conditions, a-t-il dit, il serait difficile de laisser nos enfants dans la rue. Séma Blégné pense qu’en reportant la rentrée, les autorités de la Transition veulent permettre aux forces armées nationales de pouvoir sécuriser les établissements sur toute l’étendue du territoire. En attendant que la situation se calme, le SNEAB appelle les élèves à rester chez eux et à suivre les indications données par les militaires. Le syndicat demande aux écoles privées qui ont déjà débuté les cours depuis le 1er septembre de suspendre afin que tous les établissements puissent reprendre ensemble. A l’endroit des parents d’élèves, le SNEAB demande le soutien et la à tous les niveaux. « Que chacun puisse jouer sa partition dans cette situation particulière. Les parents d’élèves sont d’abord des citoyens et sont autant préoccupés par la situation des personnes et des biens. Les enfants étant innocents, il s’agit pour les parents de veiller à ce qu’ils restent à la maison, car cette situation ne rime pas avec fréquentation désordonnée des enfants dans les rues, dans les débits de boissons ou partout ailleurs », a conseillé le secrétaire général du SNEAB1
Par Ramatou OUEDRAOGO,
Guy Resbron Barry et Hadepté Da
(Stagiaires)