«Le Burkina Faso a jusqu’ici échappé à la menace d’une attaque terroriste, la propagation des conflits armés à travers les frontières, et l’émergence de l’intolérance religieuse, la radicalisation et l’extrémisme violent parmi sa population. Mais il reste vulnérable à toutes ces menaces en raison de sa proximité géographique avec le conflit dans le nord du Mali…» ce constat a été fait par le rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme, Ben Emmerson. Celui-ci a partagé ses conclusions avec la presse le 12 avril 2013 après un séjour de quatre jours dans notre pays et invité la communauté internationale à protéger le Burkina, «ce petit Etat paisible».
«Je suis venu au Burkina pour discuter de la situation au pays concernant la lutte antiterroriste, afin d’aider à assurer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme», a d’emblée souligné aux journalistes le rapporteur spécial des Nations unies pour le respect des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme Ben Emmerson.
Après avoir échangé avec des structures étatiques et non étatiques, il a fait des conclusions et des recommandations : «Le Burkina Faso a jusqu’ici échappé à la menace d’une attaque terroriste, la propagation des conflits armés à travers les frontières et l’émergence de l’intolérance religieuse, la radicalisation et l’extrémisme violent parmi sa population. Mais il reste vulnérable à toutes ces menaces en raison de sa proximité géographique avec le conflit dans le nord du Mali, de la longueur et de l’insécurité de ses frontières avec le Mali et le Niger, de l’instabilité économique du pays et de son manque de ressources naturelles, et de tentions politiques et sociales qui ont été observées ces dernières années, en particulier parmi la population des jeunes de 18-25 ans qui détient le plus haut niveau de chômage, et le fait que près de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté», a relevé l’expert avant d’égrener les atouts du Burkina qui, pour lui, est un modèle unique dans la sous-région : longue tradition profondément ancrée de tolérance religieuse et ethnique, dialogue et coopération entre ses habitants.
«Il serait cependant naïf de penser que le pays n’est pas en danger», a-t-il prévenu. C’est pour cette raison que l’expert n’a pas manqué de faire la recommandation suivante : «Il est essentiel qu’un Etat vulnérable dans un tel endroit, géographiquement exposé, ait les outils à sa disposition pour assurer la sécurité de ses frontières pour assurer la sécurité des investissements étrangers, essentiels à son développement et pour résoudre les problèmes économiques, sociaux, politiques et relatifs aux droits de l’homme, qui peuvent si facilement devenir des conditions propices à la propagation du terrorisme tel que prévu dans le pilier 1 de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme». Le rapporteur spécial a invité l’UE et les autres bailleurs de fonds internationaux à maintenir et à accroître le soutien international au Burkina avec une aide qui sera ciblée sur les mesures qui contribuent à la stabilité et à assurer la justice sociale. «La Communauté internationale doit veiller à ce que le matériel et les autres ressources nécessaires pour protéger ce petit Etat paisible, de menace à la fois internes et externes, soient disponibles comme une priorité régionale», a-t-il conclu.