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A Ouagadougou, des jeunes célèbrent "la fin" de Gilbert Diendéré, "le général putschiste" (REPORTAGE)
Publié le mardi 22 septembre 2015  |  Alerte Info
Situation
© Autre presse par Kamélé Fayama
Situation nationale : Dédougou dit non au coup d`Etat
Samedi 19 septembre 2015. Dédougou (région de la Boucle du Mouhoun). Depuis le 17 septembre, des manifestants de Dédougou, ville située à 250 km de Ouagadougou, descendent chaque jour dans la rue pour dire non au coup d`Etat du Régiment de sécurité présidentielle (RSP)




Le visage dégoulinant d'une sueur noirâtre, Amadé Ouédraogo, gourdin à l'épaule, jure que "c'est la fin" du général Gilbert Diendéré, l'auteur du putsch perpétré mercredi au Burkina Faso, depuis l'annonce lundi par la hiérarchie militaire, de l'arrivée de troupes de l'intérieur du pays pour "libérer Ouagadougou".


"C'est fini pour lui. C'est ce qu'on attendait. L'armée s'est rangée du côté du peuple", scande Amadé, 23 ans, arborant un bermuda en jean bleu et un maillot sans numéro de l'équipe nationale de football, parmi au moins 500 jeunes qui ont quadrillé depuis samedi le rond-point de Tampouy, un vaste quartier populaire située à l'entrée nord-ouest de Ouagadougou.

Une grande partie des riverains, concentrés aux quatre côtés du Rond-point, sont contraints une fois sur place, de s'inventer des voies sur des terrains parfois glissants, en vue de pouvoir rallier le Centre-ville, à environ huit kilomètres en traversant successivement les quartiers populaires de Baskuy, Ouidi, Hamdallaye et Larlé.

"Ici on a déjà libéré notre quartier depuis samedi. Ils n'arrivent plus à venir ici. On ne respecte pas le couvre-feu. Mais on entend souvent des tirs ailleurs. Tout est fermé. C'est nous on donne le passage", raconte-il dans la cohue, avec fierté.

Des éléments du Régiment de sécurité présidentiel (RSP), qui ont retenu en "résidence surveillée" depuis leur coup de force le président Michel Kafando (73 ans) et son Premier ministre Isaac Zida (50 ans) avant de les relâcher, ont usé vendredi d'une "kalachnikov contre un petit vendeur de café de 16 ans", avait confié à ALERTE INFO un témoin.

"On meurt juste une fois", peste pour sa part Salif Touré (13 ans), les pieds nus, éclatant en sanglot. "Ce n'est pas normal. Il était juste entrain de filmer avec son téléphone, ils lui ont dit de remettre, il a commencé à courir et ils ont tiré sur lui", se souvient l'adolescent.

Dans un immense nuage de fumée perceptible à une longue portée, vers 17H20 (GMT et locales), arrivent deux jeunes soldats vêtus du treillis marron de l'état-major général de l'armée, suivis d'une ambulance. Les manifestants accourent vers la barrière – composée d'énormes pierres, de tôles, barbelés, troncs d'arbres, pneus brûlés, etc -, pour les porter en triomphe et lever leur blocus.

Les autres passants à voitures, motos ou vélos, doivent négocier le passage ou répondre à la sauvette à l'affirmative ou la négative pour être accompagné par des "Wowowowow", leur onomatopée d'expression de "la victoire sur le RSP", une unité d'élite d'environ 1.300 hommes créée en 1995 sous l'ex-président Blaise Compaoré (1987-2014).

Dans la mi-journée, les chefs militaires ont annoncé l'arrivée de troupes en provenance de l'intérieur du pays, contre les soldats du RSP, qu'ils ont invités à "déposer les armes et se rendre au camp Sangoulé Lamizana" au quatier Gounghin (Ouest), dans un communiqué.

Tampouy est le quartier le plus peuplé se trouvant à l'entrée de Ouagadougou, sur la route de Ouahigouya à 180 kilomètres au Nord au Nord, et disposant d'un camp militaire.

Depuis le début des manifestations, le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, le plus important du pays, dresse un "bilan provisoire de 17 (civils) morts et 113 autres blessés", des suites de balles, bastonnades ou de bousculades, rapporte la presse locale.

"Nous, général Gilbert Diendéré et le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), déplorons les pertes en vies humaines (...) et présentons nos excuses à la Nation et à la communauté internationale", a déclaré vers 19H40 le chef des putschistes, sur les antennes de la télévision nationale RTB.

Depuis les premières heures du coup de force, des manifestations spontanées de "rejet" du putsch, se sont déclenchées dans l'ensemble des villes du pays, après la toute première à environ un kilomètre de la présidence situé dans le fond du quartier huppé Ouaga 2000 au sud de la ville.

Des éléments du RSP étaient intervenus à coup de kalachnikov et de cordelettes, faisant trois blessés graves, dont deux journalistes. Au moins sept de leurs confrères se sont réfugiés toute la nuit dans les locaux de la télévision privée BF1, a constaté ALERTE INFO.

Les hommes du RSP qui ont porté à la tête de leur coup d'Etat le général Diéndéré, se justifie par une "exclusion" des principaux candidats des partis de l'ex-coalition au pouvoir, des élections couplées présidentielle-législatives qui devaient se tenir le 11 octobre pour passer à un "ordre constitutionnel normal", à la suite d'un soulèvement populaire fin octobre 2014, qui a emporté les 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré.

Le groupe de médiation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), à travers ses émissaires les chefs d'Etats sénégalais Macky Sall et béninois Yayi Boni, propose, entre autres, en vue d'un "apaisement", "l'amnistie pour les conséquences liées à la présente crise", et la présidentielle "au plus tard le 22 novembre", dans un "projet de protocole d'accord" prévu pour être soumis mardi à l'appréciation des présidents de ses 15 Etats-membres.

La société civile, notamment le principal mouvement, "Le Balai citoyen", "appelle au sens de la mesure et à l'unité nationale" et invite ses militants à "laisser la justice faire son travail", dans une déclaration rendue publique vers 21 heures sur les réseaux sociaux,

Vers 22H30, des jeunes occupaient encore le Rond-point de Tampouy, où des riverains déambulaient librement dans les rues, parfois en couple.

HZO
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