Dépêchés au chevet d’un Burkina, de nouveau en convulsion par suite de l’interruption brutale de la Transition, le vendredi 18 septembre 2015, les présidents sénégalais, Macky Sall, et béninois, Thomas Yayi Boni, ont multiplié les concertations tous azimuts. De vendredi à dimanche derniers, le président en exercice de la CEDEAO et le médiateur désigné pour les élections burkinabé ont fait le tour complet des parties prenantes de cette nouvelle crise politique. De l’archevêque de Bobo, au nouvel homme fort du pays, le général Gilbert Diendéré, en passant les représentants de la classe politique et des OSC, les diplomates et le président déchu, Michel Kafando, pour ne citer que ceux-là, tous ont été entendus et réentendus. Avec à la clé un plan de sortie de crise en 13 points (lire encadrés).
Flash-back sur 72 heures de consultation menées aux pas de charge dans une atmosphère de guérilla entre « résistants » et éléments du RSP, auteurs du putsch.
Marathonien !
Vendredi 18 septembre.
Alors que les rues de Ouaga sont quasi désertes, exceptés les regroupements, ici et là, de quelques jeunes qui tentent d’organiser la résistance au moyen de barricades, dans les clinquants de l’hôtel Laïco, QG de la médiation, l’ambiance est fiévreuse. Membres des délégations sénégalaise et béninoise, représentants d’organisations africaines et internationales, chefs de partis politiques de l’ancienne mouvance présidentielle, activistes de la société civile, forces de sécurité, hommes de médias, squattent le vaste hall qui n’en est plus un pour la circonstance.
Dans la salle « Waongo », le président sénégalais, Macky Sall et son homologue béninois, Thomas Yayi Boni, reçoivent. Loin des micros et autres caméras des journalistes à l’affût du moindre fait, propos et geste.
Débuté aux environs de 14 h, ce premier round de consultations séparées ne prendra fin qu’aux alentours de 2h 30. Près de douze heures de huis clos sans interruption. Signe de blocages ?
«Un véritable manque de dialogue dans la classe politique burkinabè», déplore le chef de l’Etat sénégalais, les traits tirés, avant d’ajouter : «chose extrêmement dangereuse pour la cohésion sociale, pour l’unité et pour la concorde nationale».
De sources proches de la médiation, les diplomates présents au Burkina ont exigé sans ambages le départ des putschistes du pouvoir.
Même impératif du côté des députés de l’Assemblée intérimaire, le CNT : «Il faut que le RSP parte et que le président de la Transition demeure Michel Kafando jusqu’à la fin des élections ; que le Premier ministre, Isaac Zida soit libéré et rétabli dans ses fonctions ; que les institutions de la Transition soient rétablies ; que les élections se tiennent le 8 novembre à défaut de les organiser 11 octobre [NDLR : la date initiale]; et enfin que la sécurité des autorités de la Transition soit assurée», intime le porte-parole des « CNTistes », Hervé Ouattara, le visage grave. « Pour autant, annonce-t-il, ils [NDLR : les députés] restent flexibles et disposés à céder du terrain s’il le faut pour la paix au Burkina ».
Un groupe, deux positions
21 H. Au terme d’une entrevue de près d’une heure, sortent enfin les représentants de la société civile. Une forêt de micros et de caméras les accueillent. «Il y a eu deux positions différentes, chacun parlera au nom de son camps », prévient une voix. En l’absence Me Hervé Guy Kam, qui a quitté l’hôtel, Safiatou Lopez Zongo, désignée porte-parole de la coalition des OSC fait entendre le son de cloche de sa chapelle, laquelle professe toujours l’exclusion : «Nous avons d’abord demandé qu’on libère tous les otages, qu’on arrête de tirer sur nos camarades, que l’on rétablisse l’autorité de la Transition, que donc la communauté internationale pèse de tout son poids pour un retour à la normale. C’est la vision aussi des médiateurs. Nous ne reconnaissons pas en tout cas le pouvoir de Gilbert Diendiéré, mais plutôt celui Chérif Sy, président du CNT, président du Faso par intérim. Nous avons demandé aussi que l’on respecte la date initiale des élections ou tout au plus décalée d’une semaine ou en novembre».
Quant à l’autre aile de la constellation des OSC, le ton est plutôt nuancé: «Nous avons tous condamné le putsch et exigeons un cessez-le-feu. Nous demandons aux populations de ne plus sortir et de se mettre à l’abri. Que chacun prenne ses responsabilités pour que la paix revienne, c’est pourquoi nous demandons le rétablissement des valeurs démocratiques à travers le retour du processus de la Transition. Il faut que l’on revoie le processus électoral en incluant tous les partis politiques. Mais pour le moment, la CEDEAO et l’ONU doivent nous aider avec une force d’intervention militaire pour protéger la population et rétablir l’ordre», explique François Tapsoba du mouvement Aube du Faso.
22 H. Une nouvelle délégation vient d’entrer chez les médiateurs. Il s’agit de celle des partis qui n’étaient ni de l’opposition ni de la majorité, composée, entre autres, du colonel Yacouba Ouédraogo (UBN), de Victorien Tougma (MAP) et de Moussa Tall (MDA). Expéditif. Sitôt entrée, sitôt ressortie. A peine une demi-heure d’entretien. «Avec les centristes, ce n’est jamais compliqué», raille un confrère étranger. N’empêche, Victorien Tougma tient à faire part de sa lecture de la situation. Longuement : «C’est vrai qu’il y a eu un changement après les 30 et 31 octobre dernier, changement qui n’a malheureusement pas répondu aux attentes des Burkinabè. C’est vrai qu’on nous avait conseillé de ne pas modifier l’article 37 et on l’a fait, c’est vrai qu’on nous avait dit de faire l’inclusion et on ne l’a pas fait. C’est l’occasion de se racheter. Nous saluons cette main tendue de la communauté internationale, mais il faut que les Burkinabè se parlent. L’urgent, c’est de faire en sorte que le processus démocratique reprenne et que les élections soient justes, équitables et transparentes. Quand nous regardons comment notre pays est en ébullition, on se rend compte à quel point il est bon que l’on se réconcilie. Nous devons donc être tous responsables en tant qu’acteurs politiques».
«Ce coup d’Etat ne nous a pas étonnés»
23 H. Vient ensuite le tour des «grands brûlés d’octobre» et leurs alliés. Détendus un brin taquins, Léonce Koné, Moïse Traoré, Achille Tapsoba, Hermann Yaméogo et René Emile Kaboré s’engouffrent dans la salle où les attendent les facilitateurs. C’est parti alors pour l’entrevue avec l’ex-majorité. De retour de la salle « Waongo », le président de l’UNDD, dont la parole et les apparitions publiques sont restés rares depuis l’insurrection populaire, semble retrouver là une occasion de se dégourdir les mâchoires : «Ce coup d’Etat ne nous a pas étonnés, car quand le premier chiffre est faux, tout le calcul l’est. On a mené des organes d’une Transition dans le mépris des textes mettant l’inclusion au premier chapitre », lâche Me Hermann d’emblée, avant de poursuivre : « La Charte de la Transition, la Constitution et les traités parlaient d’inclusion, mais on n’a pas pris le soin d’en tenir compte. Nous allions nécessairement vers l’impasse». Pour une solution négociée de sortie de crise, il préconise «d’éviter les erreurs du passé, la précipitation avec laquelle nous sommes allés à ces élections ; d’assainir le climat politique d’abord, car on ne va pas à des élections quand il y a la haine, ça passe par la réconciliation, par des réformes qui sont adaptées ; de mettre un accent sur la réconciliation avec des élections inclusives ; de mettre en place une nouvelle Transition conduite par les militaires en place et de restaurer le crédit de l’Etat». Aussi l’ex-majorité appelle-t-elle au remplacement de l’Assemblée nationale, par un comité consultatif assorti d’un gouvernement qui reflète l’inclusion afin de préparer la refonte des institutions. Au sujet des scrutins à venir, le chantre du « Pacte transversal », joue la carte de l’ouverture : «Nous n’allons pas, comme certains, cultiver l’exclusion, nous tendons la main pour aller à des élections inclusives ». Sur celui de l’armée, il préfère différer la question : « Nous avons tenu compte de la nécessité de réfléchir sur la réforme de l’armée, mais après les élections ».
24 H. Les présidents Sall et Boni font leur apparition dans le hall de l’hôtel. Une nuée de journalistes, accourent à leur rencontre. On joue des coudes pour une meilleure position. Le bilan d’étape de la médiation est plutôt moins reluisant : « la situation est complexe et ce n’est pas par un claquement de doigt que l’on signera la fin des hostilités », fait savoir le chef de l’Etat sénégalais.
2H 30. A l’issue de deux heures de concertation dans la suite 1006 avec le duo de médiateurs, le nouvel homme fort du Burkina, le général Gilbert Diendiéré, toujours aussi peu disert se contente d’un « j’ai eu entretien franc avec les chefs d’Etat », avant de donner rendez-vous au lendemain 19 septembre pour la suite.
Il est attendu l’ex-CFOP et le Président Kafando. Pas question pour nous de rejoindre notre domicile, situé au diable Vauvert, à cette heure, même muni d’un laissez-passer. Nous décidons donc de passer la nuit sur place. Dans un fauteuil. Loin du confort douillet des lits des chambres de l’hôtel. Servitudes du métier.
«Qui parle de discussions, parle forcément de concession»
Samedi 19 septembre.
8H 40 mn. Arrivée d’Ablassé Ouédraogo (Le Faso Autrement). Quelques instants après, apparition d’Adama Kanazoé (AJIR), Roch Marc Christian Kaboré (MPP), Zéphirin Diabré (UPC), Bénéwendé Sankara (UNIR/PS), Saran Sérémé (PDC) et Jean Hubert Bazié (Convergence de l’Espoir). «Avez-vous dormi ici ou quoi ?», s’enquit, amusé, l’ex-chef de file de l’opposition, Diabré, après un « bonjour ! » tonique. « Oui », répondons-nous. Et lui : « Vous en avez de la chance ! Nous, nous avons dormi dans le maquis». Ambiance…
Après deux heures d’attente dans la salle Waongo, c’est à 11h 30 que les médiateurs descendent de leur suite pour rejoindre la délégation. Au terme d’une heure et demie de discussion, Roch et sa suite en ressortent puis sacrifient au rituel du compte rendu. Le patron du MPP, président du mois du cadre de concertation des partis de l’ex-CFOP, est au rapport : «Nous avons demandé que soient rétablies toutes les institutions de la Transition de manière à ce qu’elle poursuive son cours jusqu’à l’organisation d’élections transparentes qui vont sceller le retour de notre pays à une vie constitutionnelle normale». L’opposition a également exigé des mesures de sécurisation des biens et des personnes.
Quid des concessions à faire ? La réponse du président du MPP est sans équivoque : «Qui parle de discussions parle forcément de concession ; mais nous estimons qu’il y a des questions sur lesquelles on ne peut pas reculer». Tout comme l’est son intransigeance sur la place des militaires dans la vie nationale : «Dans un pays démocratique, on ne peut pas discuter avec des gens qui ont fait un coup d’Etat, il n’est pas autorisé à l’armée de s’investir dans les problèmes politiques».
13H 30. Visite au chef de l’Etat Kafando (lire les à-côtés).
De retour de la résidence surveillée du président de la Transition, tous les acteurs sont de nouveau présents. « Il y aura une plénière », entend-on çà et là. A 16h 30. Le général Diendiéré est de retour à l’hôtel. Concert de crépitements des flashs des appareils photos. « Golf », comme on l’appelle, s’éclipse dans l’ascenseur et rejoint les médiateurs dans la suite 1006. S’ensuivront deux heures d’attente, au cours desquelles il est laissé libre cours à toutes les supputations.
18h 55. Le président Boni Yayi descend du QG de la médiation. A ses côtés, Diendiéré, le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, et le représentant du SG de l’ONU, Mohamed Ibn Chambas. Après les salamalecs, le chef de l’Etat béninois, tout confiant fait part des excellentes dispositions du général pour que la situation revienne à la normale. Il donne alors rendez-vous le lendemain matin à tous les acteurs pour «la bonne nouvelle».
« Quelle bonne nouvelle ?», insistent les journalistes.
« Le retour de la transition civile ».
« Avec Kafando comme président ? »
« Je ne crois pas ! », coupe le Béninois, avant de s’engouffrer dans son véhicule. Direction : l’aéroport international de Ouagadougou.
Dimanche 20 septembre 2015 à 18h20 : A l’issue d’une journée très mouvementée à l’hôtel Laïco, le président en exercice de la CEDEAO, Macky Sall, déclare que deux chemins s’offrent au Burkina : celui de la paix, de la concorde et de l’unité nationale d’une part, et, d’autre part, celui du chaos. Aux Burkinabè, de faire le choix. Et le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, d’annoncer un plan de sortie de crise en 13 points qui seront discutés mardi prochain au cours d’un Sommet extraordinaire à Abuja.
M. Arnaud Ouédraogo
Le schéma de sortie de crise
Voici le projet d’accord politique de sortie de crise à soumettre demain au sommet extraordinaire de la CEDEAO. Il est proposé par le président en exercice de la CEDEAO, Macky Sall, accompagné de son homologue Thomas Yayi Boni du Bénin, et assisté du Dr Mohamed Ibn Chambas et de Kadré Désiré Ouédraogo, respectivement représentant spécial du SG des Nations unies et président de la Commission de la CEDEAO. Etaient à leurs côtés les Médiateurs nationaux : le président Jean Baptiste Ouédraogo, l’archevêque de Bobo, Paul Ouédraogo, le chef d’Etat-major général des armées, le Général Pingrenoma Zagré, et le secrétaire général du ministère de la Défense, le colonel-major Alassane Moné.
1 -La libération sans conditions des personnes détenues suite aux évènements du 17 septembre ;
2 - La restauration des institutions de la Transition et du président Michel Kafando dans sa fonction de président de la Transition ;
3 - Le retrait des militaires du gouvernement ;
4 - La poursuite du processus électoral et l’organisation des élections présidentielle et législatives au plus tard le 22 novembre 2015 ;
5 - La Commission nationale électorale indépendante devra prendre les dispositions nécessaires en tenant compte de la nouvelle date des élections ;
6 - Le gouvernement s’attellera activement à la préparation des élections durant la période restante de la Transition ;
7 - Le Conseil national de transition s’abstiendra de légiférer sur les sujets autres que ceux relatifs à l’organisation des élections et à la mise en œuvre du présent accord ;
8 - Les personnes dont les candidatures ont été invalidées sur la base des articles 135 et 166 de la loi électorale du 7 avril 2015 seront autorisées à participer aux prochaines élections. A cet égard, des dispositions nécessaires seront prises avant le 30 septembre 2015 ;
9 - Toutes les questions nécessitant un traitement à long terme tel que les réformes du secteur de la sécurité et de la défense y compris le RSP seront laissées à l’appréciation du président et du gouvernement issus des prochaines élections ;
10 - La cessation immédiate de toutes les violences et autres violations des droits humains, notamment les entraves aux libertés de mouvement et d’expression ;
11 - Les forces de défense et de sécurité assureront pleinement les missions de maintien de l’ordre sur l’ensemble du territoire national ;
12 - L’acceptation de pardon et l’adoption d’une loi d’amnistie au plus tard le 30 septembre 2015 sur les évènements consécutifs au coup d’Etat du 17 septembre 2015 ;
13 - Les médiateurs nationaux auront mission de veiller à la bonne application du présent accord.
Fait à Ouagadougou, le 20 septembre 2015
Les à-côté
On a vu Kafando !
Les médiateurs, après avoir reçu l’ex-CFOP, ont décidé de rejoindre le président de la Transition dans sa résidence surveillée, en compagnie de tous les journalistes présents. Deux bus sont affrétés pour la corporation. A bord, un élément du RSP, en tenue de ville, nous accompagne. La résidence est située à quelques dizaines de mètres avant le palais de Kosyam, dans une bifurcation vers l’est. Sur la route, au carrefour situé à hauteur de la télévision BF1, un barrage des putschistes. Ils arrêtent le convoi des deux bus. Visiblement, ils ne sont pas informés de notre présence dans les lieux. Ils reconnaissent tout de suite leur frère d’armes qui nous escorte et celui-ci leur explique la situation. «Vous pouvez y aller», lance le chef au conducteur du bus. A l’intérieur, les confrères sénégalais et béninois s’étonnent de la jeunesse de ces soldats. Certains tentent de les filmer en cachette et sont vite rappelés à l’ordre par «notre ami» à bord et les autres confrères. Nous voilà devant la résidence après à peine 5 mn de route. Elle appartient au Trésor public, nous informe un soldat à qui nous l’avons demandé. Les cauris représentés sur les murs confirment en effet son dire. Le temps de descendre et voilà les deux chefs d’Etat médiateurs qui arrivent et entrent, bien entendu avant nous. Pour la suite, le protocole est simple : «Les médias sénégalais et béninois vont d’abord entrer flasher les présidents, ensuite les Burkinabè iront faire de même». Et par groupes de 5, on est entré, on a vu Kafando et ont est ressorti. Il fallait être preneur d’images pour y entrer. Nous avons dû emprunter l’appareil photo d’un confrère pour être témoins que Mba Michel se porte bien.
Ah les OSC !
Quelqu’un l’avait surnommée « société si vile » au début de la Transition, et pour cause. La société civile s’est de nouveau illustrée d’une piètre manière après son entrevue avec les ombudsmans. Désigner un porte-parole pour les OSC s’avère un casse-tête chinois. Face à la presse, qui de Safiatou Lopez ou de Pascal Zaïda va parler ? «On est entré ensemble mais on a deux avis sur la situation», lâche un des représentants, ce qui a le mérite de clarifier la situation. On y va donc avec Lopez d’abord. Quand c’était au tour de Zaïda, un autre de ses camarades le pousse et répond aux journalistes, il s’agit de François Tapsoba. Et pendant qu’il s’adresse aux médias, des petits malins s’amusaient à perturber l’interview dans l’intention de l’interrompre, juste parce que leurs avis divergent.
Il n’y avait pas d’exclusion à Laïco
Des tête-à-tête colonel Yac-Safiatou Lopez, Léonce Koné-Ablassé Ouédraogo, Pascal Zaïda-Safiatou Lopez, Roch-Ablassé, et nous en oublions. Ce sont des scènes auxquelles l’observateur, même le moins avisé, pouvait être témoins ces 18, 19 et 20 septembre. En effet, les plus farouches opposants, à l’occasion des médiations, se sont rencontrés, ont discuté, ont rigolé et ont même mangé, pour certains, ensemble. Il n’y avait pas visiblement de place pour l’exclusion. On dirait que beaucoup se sont rendus compte in fine que ce qui les unit est plus fort que ce qui les divise, ce serait tant mieux en tous les cas.
Info et intox
Qu’est-ce qui n’a pas circulé comme rumeurs ces 18, 19 et 20 septembre ? Défection de 500 éléments du RSP pour rejoindre la résistance, convoi de véhicules militaires togolais en direction du Burkina, éléments du RSP tués, Smockey et Samsk Lejah arrêtés, changements de l’heure du couvre-feu… Dame rumeur n’a pas du tout chômé en cette période trouble. La désinformation et l’intoxication se confondaient aux informations. Toutes choses qui ne facilitaient pas les mouvements des Ouagavillois et l’attitude à adopter.
L’appel du 18 septembre
Le président du Conseil national de la Transition, autoproclamé président de la transition par intérim, Chérif Sy, est sorti de son silence le 18 septembre et a lu un communiqué dans lequel il a appelé les populations à sortir massivement pour affronter les putschistes qu’il considère comme «un groupe terroristes». Sur les ondes de la «radio de la résistance», créée à cette occasion, Chérif a appelé «jeunes, vieux, femmes et hommes des quartiers de la capitale» à sortir massivement pour faire face à la forfaiture des éléments du Régiment de sécurité présidentielle. Dans son adresse, il recommande que les populations érigent des barricades sur «les voies, rues, ruelles» afin empêcher les éléments du RSP d’entrer chez eux. Appelant les militants de la résistance à converger vers la mythique place de la Nation pour marcher sur le camp «Naba koom», QG du RSP.