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Koudougou : résistance citoyenne sur fond de règlements de comptes
Publié le mardi 22 septembre 2015  |  L`Observateur Paalga
Situation
© Autre presse par Kamélé Fayama
Situation nationale : Dédougou dit non au coup d`Etat
Samedi 19 septembre 2015. Dédougou (région de la Boucle du Mouhoun). Depuis le 17 septembre, des manifestants de Dédougou, ville située à 250 km de Ouagadougou, descendent chaque jour dans la rue pour dire non au coup d`Etat du Régiment de sécurité présidentielle (RSP)




Le coup d’Etat perpétré par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) a été diversement apprécié à Koudougou. Si dès le mercredi 16 et le jeudi 17 septembre à l’annonce du coup de force, certains jeunes, mus par quelques responsables politiques locaux, ont exprimé une certaine joie dans la ville, la majorité de la population a rejeté farouchement l’acte de la troupe à Diendiéré. Et en vue de contrer ce qu’ils ont qualifié de forfaiture, la population a mis en place la Coordination provinciale de résistance citoyenne.

Les mercredi 16 et jeudi 17 septembre, à l’annonce du coup d’Etat, des jeunes et certains responsables du CDP se sont rassemblés au siège du parti afin de fêter cette prise du pouvoir par le RSP. Selon certaines informations l’ancien maire Jérôme Zoma et Yaméogo François, dit Maloce, auraient distribué de l’argent, du carburant et des machettes à des jeunes pour en faire une milice. Information que nous n’avons pas pu vérifier. Mais ce qui a été notable, c’est que les proputschistes ont tenté de contrer la marche des responsables locaux des partis politiques et des organisations de la société civile, syndicales et estudiantines. On a frôlé l’affrontement, mais les proputsch ont dû fuir face au nombre. Leur tentative pour bloquer la marche des croquants échoue. Le jeudi vers les 17 heures, la ville était calme. La nuit, le couvre-feu n’a pas été respecté. Quelques maquis fonctionnaient. Le lendemain vendredi, c’est une marée humaine qui a déferlé sur la ville. Devant la compagnie de Gendarmerie, les responsables ont appelé les forces de défense et de sécurité à rejoindre le peuple dans sa lutte pour ‘’la libération du territoire’’. De retour au haut-commissariat, d’où la foule était partie, les organisateurs de la marche ont informé le maître des lieux qu’ils ont choisi ce service comme siège de la Coordination provinciale de lutte citoyenne et qu’ils entendent y rester jusqu’à ce que le pays soit libre.

Jérôme Zoma et Maloce, ciblés par les manifestants

Dans les rangs, on sentait la tension monter. Elle va arriver à son point le plus haut quand les jeunes ont été informés que l’ancien maire et François Yaméogo, dit Maloce, ont levé des milices pour contrer la lutte. Très remontés, les jeunes envahissent la ville. Débutent alors les incendies. Le bar-dancing Olympia appartenant à l’ancien maire Jérôme Zoma et situé au secteur 9 est incendié. Les croquants assiègent le Stade de France, du même Jérôme Zoma, sécurisé par une escouade de jeunes armés de gourdins et de machettes. Mais ils ont dû battre en retraite devant le nombre et la furia des manifestants. Ce bar-dancing est aussi réduit en cendres. Après le Stade de France, les croquants jettent leur dévolu sur le domicile de François Yaméogo, dit Maloce. Des jeunes, gourdins et machettes au poing, résistent un moment mais sont vite submergés par les jets de pierres. Le domicile de Maloce au secteur 2, son auberge au secteur 3 et son maquis au secteur 10 sont incendiés.

Le samedi, la population est encore sortie nombreuse et a effectué des marches dans les artères de la ville. Dans la soirée une sono est installée au haut-commissariat, transformé en siège provincial de la contestation. Cette sono a retenti toute la nuit et les contestataires ont décidé d’y passer la nuit ; afin, disent-ils, de montrer qu’ils ne se sentent pas concernés par le couvre-feu. Contrairement à la veille, aucun acte de vandalisme n’a été posé. Hier dimanche, les résistants étaient encore nombreux au haut-commissariat. Ils maintiennent le siège l’oreille tendue vers Ouagadougou, guettant l’évolution de la situation.



Cyrille Zoma
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