Principaux événements depuis le coup d’Etat au
Burkina Faso:
-17 sept: le général Gilbert Diendéré, proche de l’ex-président Blaise
Compaoré chassé par la rue en octobre 2014, prend le pouvoir à la tête d’un Conseil national pour la démocratie (CND).
Depuis la veille, le président Michel Kafando, son Premier ministre Isaac Zida et deux ministres sont otages du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qu’il dirige.
Les pustchistes décrètent un couvre-feu nocturne et la fermeture des
frontières.
Le général Diendéré accuse les responsables renversés d’avoir dévoyé la transition post-Compaoré en excluant les partisans de l’ex-président des élections prévues le 11 octobre. Il promet d’organiser "rapidement" des élections et affirme n’avoir eu aucun contact avec Compaoré.
Des hommes du RSP tirent pour disperser les attroupements (au moins trois morts). Dans la nuit, Bobo Dioulasso (ouest, 2e ville du pays) et Fada-Ngourma (est) connaissent des manifestations anti-putsch.
La communauté internationale unanime condamne le putsch. Le Conseil de
sécurité de l’ONU agite la menace de sanctions contre les putschistes. La France, ex-puissance coloniale avec sur place 220 soldats des forces spéciales dans le cadre de son opération antijihadistes, assure qu’elle n’interviendra pas.
-18 sept: après une première nuit calme sous couvre-feu, le RSP tire à
nouveau pour disperser des manifestants à Ouagadougou (3 morts).
Les putschistes annoncent la libération la veille de Michel Kafando et des ministres, le Premier ministre reste "en résidence surveillée".
Les frontières sont rouvertes après 24 heures de fermeture.
Le président de l’Assemblée du régime renversé Cherif Sy appelle la
population à se mobiliser comme le mouvement Balai citoyen, en pointe lors du soulèvement populaire anti-Compaoré.
L’Union africaine (UA) annonce la suspension du Burkina Faso et des
sanctions contre les putschistes.
La Côte d’Ivoire, où Compaoré s’était exilé en 2014, qualifie le coup
d’Etat de "question interne".
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) entame une médiation. Son dirigeant en exercice, le président sénégalais Macky Sall, et le président béninois Thomas Boni Yayi arrivent à Ouagadougou pour s’entretenir durant la nuit avec le général Diendéré.
-19 sept: la tension persiste avec le saccage des maisons de deux anciens proches de Compaoré à Ouagadougou et des barrages un peu partout dans le pays d’habitants opposés aux pustchistes.
Les présidents sénégalais et béninois poursuivent leurs consultations avec le général Diendéré mais aussi l’ancienne opposition à Compaoré, des syndicats et de hauts gradés militaires.
La présidence sénégalaise annonce un possible retour du président Kafando.
Le président béninois promet "une bonne nouvelle" pour le lendemain."Je n’ai jamais dit que j’allais conserver le pouvoir", déclare le général Diendéré.
Les violences entourant le putsch ont fait au moins dix morts (source
hospitalière) voire une vingtaine (syndicats).
-20 sept: Des partisans du Balai citoyen sont dispersés devant l’hôtel
Laico à Ouagadougou où est attendue l’annonce promise. Une centaine de
sympathisants du général Diendéré fait une irruption violente dans le hall.
La médiation de la Cédéao présente un "projet d’accord politique de sortie de crise" prévoyant de restaurer le président Kafando et d’amnistier les putschistes.
Juste avant, le président français François Hollande a mis en garde depuis Tanger "ceux qui voudraient s’opposer" au retour à la transition.
Le projet d’accord, jugé "honteux" par le Balai citoyen, prévoit le
maintien d’élections législatives et présidentielles au plus tard le 22 novembre avec la participation des candidats pro-Compaoré et le vote avant le 30 septembre de l’amnistie des putschistes.
-21 sept: le projet d’accord passe mal auprès de la société civile. En fin
de journée, l’armée sort de son silence et somme les putschistes de "déposer
les armes" tout en faisant mouvement, encouragée par la population, vers
Ouagadougou où les rues se vident.
Les présidents du Niger et du Tchad demandent aux putschistes de regagner
leurs casernes. M. Hollande appelle à "rendre le pouvoir aux autorités légitimes".
Le général Diendéré s’engage à libérer d’Isaac Zida, assurant qu’il respectera le projet d’accord.
Le président Kalando, qui confie à RFI être "très réservé" sur le projet d’accord, se réfugie à l’ambassade de France. Les Etats-Unis demandent à leurs ressortissants de partir.
-22 sept: l’armée entre sans résistance durant la nuit à Ouagadougou et négocie la reddition des putschistes "sans effusion de sang".
Isaac Zida est libéré mais le général Diendéré exige le retrait de l’armée massée dans les faubourgs de la capitale, alors que le projet d’accord doit être soumis dans la journée à un sommet extraordinaire de la Cédéao à Abuja.
lch/vdr/sba