La junte militaire au pouvoir au Burkina Faso, depuis mercredi soir, après avoir déposé le régime de transition, ne contrôle que la ville de Ouagadougou, capitale burkinabè, alors que le pays est suspendu par l'Union africaine.
Depuis la prise du pouvoir par le général de brigade Gilbert Diendéré, homme de confiance de l'ex-président, par un coup de force, des manifestations sont réprimées par des militaires, à balles réelles et le bilan de la journée de vendredi fait état de 7 morts et des centaines de blessés.
Le plus grand hôpital de Ouagadougou est débordé et la direction a même fait appel à des étudiants en médecine pour lui prêter main forte, tandis que dans la nuit du vendredi à samedi les tirs ont encore retenti dans plusieurs quartiers de la ville.
Par contre, à l'intérieur du pays, la résistance qui a pris forme depuis le premier jour du coup d'Etat ne fait que grandir. A Bobo-Dioulasso, deuxième ville et capitale économique à l'ouest du pays, la tension est toujours palpable et les populations qui n'observent pas le couvre-feu instauré ne demandent que le départ de la junte du pouvoir.
"Ici à Bobo-Dioulasso, nous ne connaissons autres dirigeants que ceux de la transition. Nous ne reconnaissons pas Gilbert Diendéré que nous considérons comme un terroriste. Les forces de défense et de sécurité de l'Ouest sont avec nous", a déclaré un leader du mouvement "Balai Citoyen" joint au téléphone.
Même son de cloche à Gaoua, dans le sud-ouest du pays où les populations s'insurgent contre les putschistes, tandis que la maison du général Diendéré, dans sa ville d'origine de Yako (100 km au Nord de Ouagadougou) a été incendiée, jeudi, par des manifestants.
La situation est la même à Banfora (425 km à l'Ouest de Ouagadougou) où la mobilisation ne faiblit pas depuis le premier jour du coup de force. Mieux, les populations ont bloqué la nationale N°1 qui mène en Côte d'Ivoire.
"Nous avons fermé la route qui va en Côte d'Ivoire et entendons continuer ainsi jusqu'à la libération des premiers responsables de la transition et la libération du Palais de la présidence du Faso", a confié un membre du comité de résistance, Issoufou Traoré.
Vendredi soir, les président sénégalais, Macky Sall et béninois, Yayi Boni, en charge des négociations ont, tour à tour, rencontré une délégation des députés du Conseil national de la Transition (CNT, Parlement intérimaire), des représentants de la société civile et le président putschiste.
"M. Sall nous a rassuré qu'il fera tout pour ramener la paix au Burkina Faso", a confié Jean Hubert Bazié, membre de la délégation du CNT. La société civile quant à elle, demande à la CEDEAO de prendre ses responsabilités, tandis que les membres du parti de Blaise Compaoré, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), s'insurgent contre les sanctions de l'Union africaine (UA), qu'ils qualifient de "non fondées".
Dans un message envoyé à la presse, ce samedi matin, la direction de la communication de la junte militaire a informé qu'une rencontre entre les médiateurs et les acteurs politiques, en l'occurrence ceux de l'ex-chef de file de l'opposition sous Blaise Compaoré est prévue pour cette matinée.
Pour l'heure, la vie a repris, ce matin à Ouagadougou, avec les même reflexes, comme depuis le coup d'Etat à Ouagadougou. Stations-service et commerce sont fermés et des groupuscules sont perceptibles aux abords de certaines artères.
Des militaires qui ont patrouillé, toute la nuit, sont encore visibles dans des quartiers, dont l'accès a été bloqué vendredi par des barricades et des pneus brûlés.
"Le régiment de sécurité présidentielle (RSP) ne compte que 1 300 hommes. En réalité, ils sont fatigués, car ils ne dorment pas. Ils n'ont pas de renfort et ils vont craquer", estime un étudiant qui compte sortir, ce samedi, pour manifester. F