"Ici à Bobo Dioulasso, il n'y pas de couvre-feu ! On n'obéit pas aux terroristes", martèle fièrement Abbas Traoré en buvant du Tchapalo (bière de mil) au 'Cabaret Pougouli', un bar miteux d'une petite rue en terre de la deuxième ville du Burkina Faso, réputée pour son esprit frondeur.
« Terroristes », c’est ainsi que beaucoup de Bobolais qualifient le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et le général Gilbert Diendéré qui ont déposé le président de transition Michel Kafando, instauré un couvre-feu et pris le pouvoir à Ouagadougou jeudi.
Assis sur des bancs, buvant le tchapalo dans des bols en plastique qu’il posent à-même le sol, les hommes discutent, débattent, se contredisent… sous le regard d’une fresque avec Tiken Jah Fakoly, le musicien ivoirien auteur notamment de « Balayeur balayé » (chanson sur les dictatures).
Pour éviter les mouches, les clients recouvrent le liquide amer de planchettes en bois quand ils causent. Il est déjà 20h et officiellement le couvre-feu instauré par la junte est en vigueur depuis 19h et court jusqu’à 5h. Les clients ne donnent aucun signe de départ de la gargote.
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