Paris,- Les résultats de l’enquête sur la mort de Thomas Sankara, l’ancien président charismatique du Burkina tué en 1987, devaient être communiqués le jeudi 17 septembre aux parties civiles à Ouagadougou, une réunion reportée sine die en raison du coup d’Etat perpétré la veille, a déclaré vendredi un avocat.
Adressé aux conseils des différentes parties civiles impliquées dans le dossier, le document en date du 14 septembre, révélé par l’hebdomadaire Jeune Afrique, les convoquaient chez le juge le jeudi 17 septembre à 09H00 locales, a confirmé à l’AFP Maître Bénéwendé Sankara, avocat de la veuve de l’ancien chef de l’Etat, Mariam Sankara.
Il s’agissait de "prendre connaissance des conclusions des rapports de l’expertise balistique et de l’autopsie" pratiquée sur les restes supposés de Thomas Sankara et de douze de ses compagnons d’armes, tous tués lors du coup d’Etat organisé par Blaise Compaoré le 15 octobre 1987, a expliqué Me Sankara (non apparenté avec le défunt), interrogé par téléphone depuis Paris.
Cette enquête, dont les résultats étaient très attendus depuis l’exhumation des ossements fin mai, visait à lever le voile sur le mystère entourant les circonstances de la mort de Thomas Sankara. Le sujet était entièrement tabou pendant l’ère Compaoré, ancien frère d’arme de Sankara parfois soupçonné d’avoir commandité son assassinat.
La survenue d’un coup d’Etat à la veille de ces révélations potentiellement explosives pour certains proches de Blaise Compaoré a été jugée surprenante par Mariam Sankara.
Le nouvel homme fort du Burkina issu du coup d’Etat, le général Gilbert Diendéré, "était à l’époque le responsable de la sécurité et des commandos de militaires. Et on pense qu’il est impliqué dans l’assassinat du président Sankara. L’enquête était là pour le prouver", a déclaré à l’AFP la veuve de Thomas Sankara, qui réside dans le sud de la France.
"Nous attendions les résultats (...) et à ma grande surprise, il y a eu ce coup d’Etat", a-t-elle souligné.
"Juste au moment où on reçoit la convocation, il y a ce coup de force. Je n’ai pas de preuve, mais c’est une drôle de coincidence quand même".
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