Les événements du samedi 13 avril 2013 à l’usine Sofitex de Dédougou, marqués par la tentative d’immolation de Banazaro Abdoulaye (cf. L’Observateur n°8353 du lundi 15 avril 2013), sont encore vécus comme un cauchemar à la direction générale de la société. Un acte «insensé» de la part de ce travailleur occasionnel dont la situation professionnelle était en voie de régularisation. C’est ce que nous a fait savoir le directeur des Ressources humaines de la Sofitex, Jean Adama Traoré, au cours d’un point de presse hier à Bobo-Dioulasso.
A la Sofitex, on semble avoir véritablement du mal à comprendre les réelles motivations de l'acte que menaçait de commettre ce travailleur occasionnel qui, pour exiger une amélioration de son statut, a, samedi à Dédougou, failli s’immoler sur une pile de balles de coton. «Je ne peux pas comprendre que ce monsieur ait décidé de se donner la mort de cette façon si la direction ne prenait pas en compte sa revendication principale qui consiste en la régularisation de sa situation.
Il aurait pu saisir les délégués syndicaux, les délégués du personnel, le MBDHP et que sais-je encore. Ce sont là des voies légales par lesquelles il aurait pu comprendre beaucoup de choses avant de vouloir se lancer dans cette tentative de suicide», a affirmé le directeur des Ressources humaines. Le moins que l’on puisse dire est que cette affaire ne laisse personne indifférent à la Sofitex, surtout pas le directeur des Ressources humaines, qui a d’ailleurs mis à profit ces échanges avec les hommes de médias pour faire l'état des lieux de la situation professionnelle des agents et apporter un éclairage sur les différents statuts du personnel. Et selon ses explications, le fonctionnement de la Sofitex est d’abord assuré par des permanents qui travaillent onze mois sur douze dans l’année.
Ensuite viennent les saisonniers, qui se composent essentiellement des employés d’usine et des travailleurs agricoles. «Ces agents-là ne travaillent qu’à une période donnée de l’année. Les usines, par exemple, ne fonctionnent que quand il y a le coton. Et après, plus rien. Il en est de même pour ceux qui sont dans le domaine agricole et dont le travail se limite à la saison pluvieuse. Voilà pourquoi on les appelle saisonniers : leurs activités n’ont lieu qu’à une période bien indiquée de l’année», a expliqué Jean Adama Traoré. Le dernier groupe de travailleurs, ce sont les employés occasionnels : c’est le cas de Banazaro Abdoulaye. Au dire du directeur des Ressources humaines, ce sont des travailleurs temporaires payés à la tâche et qui ne font pas partie du personnel.
Alors, comment expliquer la revendication de cet employé occasionnel de la section semences de Dédougou ? «Nous avons, depuis 2006, demandé aux différents chefs de région de faire parvenir aux services centraux une liste de personnes à régulariser pour combler certains départs à la retraite ou toute autre absence. Ils sont aujourd’hui plusieurs centaines de travailleurs en voie de régularisation, c'est-à-dire des saisonniers qui deviennent des permanents ou des occasionnels qui deviennent des saisonniers. Le nom de Banazaro figurait bel et bien sur la liste. Si les choses ont traîné depuis 2006, c’est compte tenu des difficultés de trésorerie que la société a vécues au cours de ces dernières années.
Nous étions dans l’obligation absolue de réduire les charges pour que la société survive. Les choses se sont améliorées maintenant et à la date d’aujourd’hui, nous avons au total 1124 personnes qui verront leur situation se régulariser à la Sofitex», a expliqué le DRH qui conclut par ailleurs que Banazaro Abdoulaye a tout simplement fait preuve de manque de patience. Alors est-ce désormais la fin de la collaboration entre Banazaro et la Sofitex ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il qu’il a dû user de stratagème pour accéder hier à son service après avoir été refoulé à la porte d’entrée comme certains travailleurs de son statut.