Rentrée à Antananarivo pour des raisons sociales, Lalao Ravolomanana s’est vu investir comme candidate à la présidentielle malgache. La visite à sa mère malade n’aura été qu’une occasion, sinon un prétexte pour la femme de Marc Ravalomanana de s’engager dans la compétition présidentielle à venir. A la vérité, tout aura été planifié depuis la Nation arc-en-ciel où réside le couple, qui y est exilé depuis 2009 suite au soulèvement populaire d’Antananarivo qui a placé TGV au sommet de l’Etat. On sait qu’après l’avoir chassé du pouvoir, TGV nourrit une haine de vipère contre l’ex-président malgache qu’il a contraint de vivre en exil, loin des siens. Après des années de pourparlers et de tractations souterraines pour gommer les inimitiés entre les deux hommes, on a abouti à des compromis et obtenu une date probable de l’élection présidentielle à laquelle aucun des deux rivaux ne prendra part. Mais la guerre et ses embuscades entre TGV et Ravalomanana sont visiblement loin d’être terminées. Elles ont pris une autre tournure, bien insidieuses celles-là, mais qui n’en demeurent pas moins intensives : la guerre par procuration. En effet, chacun d’eux, frappé par la règle de jeu qui leur interdit de se lancer à la compétition présidentielle, a trouvé une parade. C’est bien connu, quand la décision de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) est tombée, selon laquelle ni lui, ni Ravalomanana, ne peut prendre part à l’élection présidentielle à venir, TGV a vite trouvé son homme de confiance, définitivement acquis à sa cause pour le positionner comme candidat de son parti.
Le président exilé qui n’avait pas trop de marge de manœuvre vient de trouver aussi sa formule magique en plaçant sa femme en tête de la compétition présidentielle. Les manœuvres des deux rivaux prouvent que la présidentielle à venir est d’un enjeu historique. Le camp qui arrivera au pouvoir fera avaler des couleuvres à l’autre. Et de ce fait, les deux hommes en sont conscients. Ravalomanana joue son va-tout pour ne pas rester dans les décombres politiques et s’assurer qu’il pourra un jour revenir au pays afin de respirer le vent de la liberté si sa seconde moitié venait à être élue présidente. TGV n’est pas non plus dupe. Il sait pertinemment que son rival, qu’il a longtemps fait courber l’échine, risquera de lui rendre la monnaie de sa pièce si jamais sa femme parvient à se hisser au sommet de l’Etat malgache. Mais la validation de la candidature de cette dernière reste une grande inconnue. Ravalomanana risque gros en plaçant une candidature aussi problématique que celle de Lalao, sa femme, qui ne remplit pas l’une des conditions posées par la loi : résider au pays depuis six mois avant la clôture des dépôts des candidatures. Et si la loi venait à être appliquée, stricto sensu, à la candidature de dame Ravalomanana qui n’a pas plus d’un mois de séjour à Madagascar, que fera donc la mouvance Ravalomanana ? Va-t-elle adopter la politique de la chaise vide ou opter pour la contestation ? La question reste posée. Espérons que l’Eglise malgache qui se donne pour gigantesque tâche de faire baisser la tension politique parviendra à permettre à chacun des deux rivaux de passer le premier obstacle de la validation des candidatures. Le reste, c’est une autre histoire.