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Première journée continue à Ouagadougou : les agents s’adaptent, les usagers se cherchent
Publié le mercredi 16 septembre 2015  |  Le Pays
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© L’Express du Faso par Evrard Ouédraogo
Violations des constitutions en Afrique : un colloque se penche sur les solutions
Jeudi 28 mai 2015. Ouagadougou. Salle de conférences du ministère des Affaires étrangères. Le président de la transition, Michel Kafando, a donné le coup d`envoi des travaux de 48 heures du colloque international sur le thème "Etat de droit, démocratie et changements anticonstitutionnels de gouvernement : concept, limites et perspectives". Photo : Pr Augustin Loada, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale




En sa séance du 2 septembre 2015, tenue dans la ville de Fada N’Gourma, le Conseil de ministres a décidé de l’instauration de la journée continue dans l’Administration publique burkinabè à compter du 15 septembre 2015. Une mesure qui, pour reprendre les termes du ministre en charge de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Augustin Loada, n’est pas une révolution, mais impactera à coup sûr les habitudes des agents et des usagers des services publics. Sera-t-elle effective et bien appliquée ? C’est ce que nous avons voulu constater hier 15 septembre 2015 en faisant le tour de certaines administrations publiques.

Mardi 15 septembre 2015, il est 12h 30 à Ouagadougou et les habitants de la ville vaquaient à leurs occupations quotidiennes dans une ambiance bon enfant. Ceux qui, en dehors des agents de l’Administration publique, empruntaient les artères de la ville au cours de cette partie de la journée qualifiée « d’heure de pointe », étaient visiblement plus à l’aise. La raison est toute simple : les embouteillages et autres encombrements de la circulation constatés les autres jours avaient considérablement diminué. Par moments, on se croirait un jour férié où les travailleurs restent majoritairement chez eux pour se reposer. Cette fois-ci, ce n’était pas le cas, mais tous les agents de l’Etat devaient assurer le service continu

dans leurs différents bureaux et descendre à 15h30. C’est donc en traversant la ville avec moins de difficultés que nous avons fait le tour de certaines structures de l’Etat. Notre premier point de chute a été le ministère de l’Economie et des finances pour sa particularité, vu le remue-ménage qui y règne du fait de l’arrêt de travail des membres du Syndicat des agents des finances (SYNAFI). « Je retourne à mon bureau comme je suis venu », nous a lancé un usager dès que nous lui avons tendu notre micro. Lui, c’est Issouf Zou, un chef d’entreprise venu au MEF pour s’informer de la revue des marchés publics. Au MEF donc, l’atmosphère ne se prêtait pas vraiment pour que nous ayons les renseignements adéquats, vu que beaucoup d’agents étaient absents. C’est ainsi que nous nous sommes rabattus sur une autre structure de ce ministère, le Trésor public. Il était 14h15 et la vue du parking de cette structure, en disait long sur la présence des agents. Dans la cour, nous rencontrons un agent qui était descendu du bâtiment principal pour se désaltérer avant de reprendre le service. « Nous voulons voir le bureau du chargé des ressources humaines (RH)», lui avons-nous demandé. Renseignement pris, nous voilà en face de la secrétaire du chargé des RH. Celle-ci nous dira que le RH était dans le bureau du Directeur général (DG). Voulant faire d’une pierre deux coups, c’est-à-dire voir le RH en même temps que le DG, nous nous sommes rendus dans le bureau de ce dernier. C’est alors que sa secrétaire nous dira que « le DG est en réunion avec une mission
venue du Niger ». Alors, comme vous l’aurez constaté,
dans tous les bureaux où nous sommes passés, nous avons rencontré des agents et le premier responsable du Trésor public était en réunion de travail avec quelques-uns de ses collaborateurs. Il était 14h30. Du Trésor public, nous décidons de mettre le cap sur le ministère des Enseignements secondaire et supérieur (MESS). Essoufflés après avoir monté les escaliers des 3 étages, nous parvenons enfin dans le bureau du chargé de communication dudit ministère. Après avoir échangé un salut confraternel, celui-ci nous conduit auprès de Gustave Kabré, conseiller technique du MESS. « Comment vivez-vous cette première journée de travail continu ? », avons-nous lancé à son endroit. C’est tout décontracté que ce dernier dira : « Nous sommes là depuis 7h et, à l’heure de la pause, nous avons mangé à la cantine pour regagner rapidement nos bureaux ».

Des usagers qui peinent à s’adapter

A la question de savoir si celui-ci a constaté une différence entre la journée d’aujourd’hui (Ndlr : 15 septembre) et les journées précédentes, Gustave Kabré répondra :« Personnellement, je ne rentrais pas à la maison pendant la pause. Donc à mon niveau, il n’y a pas grand changement. Maintenant que tout le monde est appelé à travailler en continu, il faut nécessairement une certaine commodité, notamment en ce qui concerne les toilettes ». Le principe de la journée continue dans l’Administration publique, pour lui, n’est pas mauvais en soi ; mais, a-t-il souligné, il faut qu’il y ait nécessairement des mesures d’accompagnement. Même si les agents dans les différentes administrations ont appliqué cette nouvelle mesure malgré l’absence de certaines commodités, l’affluence des usagers entre 12h et 15h n’a pas été évidente. En effet, la cellule en charge des marchés publics du MESS qui, habituellement, pendant les heures de service, grouille de monde, était vide autour de 15h lorsque nous arrivions sur les lieux. « Depuis 12h30, je n’ai pas encore reçu d’usager », nous a confié Safiatou Zoetaba/Soré avant d’ajouter : «On s’ennuie, mais peut-être qu’avec le temps, les usagers vont s’adapter». Au Tribunal de grande instance de Ouagadougou (TGI), au service des greffes, la longue file d’attente constatée habituellement pour l’établissement des casiers judicaires, certificats de nationalité et autres documents administratifs était inexistante. Le greffier en chef du TGI, Salfo Rabogo, a aussi expliqué cela par le fait que les usagers ne s’étaient pas encore habitués aux nouveaux horaires. « Le constat que nous avons fait est que les usagers ne sont pas très bien informés sur la situation. En effet, jusqu’à l’heure de la pause, il y avait des gens qui attendaient dans le couloir. Lorsque nous avons suspendu pour aller manger, à notre retour, l’affluence a considérablement diminué et beaucoup étaient partis », a-t-il expliqué. « Attendent-ils peut-être 15h pour revenir comme ils avaient l’habitude de le faire ? », nous sommes-nous demandé. Si tel est le cas, au regard des nouveaux horaires, les agents ne leur accorderont que 30 minutes de service. Tout porte à croire que nombreux sont les usagers qui n’ont pas encore compris que les horaires de service des administrations ont changé. Pourtant, il faut s’y conformer comme l’a fait cette dame que nous avons croisée au Trésor public. Elle, c’est Mme Ouédraogo et elle s’y était rendue à 14h30 pour déposer une demande de remise de pénalité. A l’entendre, cette nouvelle mesure est bénéfique pour les usagers. Toutefois, elle a déploré le comportement de certains agents pendant cette partie de la journée. « Je viens d’un autre service où la télé était en marche et l’on s’entendait à peine tellement le son était élevé. La mesure est salutaire mais si les agents doivent à une certaine heure regarder des feuilletons, ce ne sera pas simple», a-t-elle déploré.

Adama SIGUE

Légende

1 - Le conseiller technique du MESS, Gustave Kabré : « Nous sommes juste descendus à 12h 30 à la cantine pour manger »

2 - L’état du parking du Trésor public autour de 14h en disait long sur la présence des agents

3 - Mme Ouédraogo, usagère du Trésor public, a invité les agents à plus de professionnalisme

4 - Pour Salfo Rabogo, greffier en chef du TGI, les agents ne sont pas encore habitués aux nouveaux horaires
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