Sit-in des agents des finances : on a frôlé l’affrontement avec la CRS

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Publié le samedi 12 septembre 2015 | Le Quotidien

© Autre presse par DR
Mohamed Savadogo, secrétaire général du SYNAFI

Les manifestants maintiennent la pression

Depuis le 7 septembre dernier, le Syndicat national des agents des finances (SYNAFI) est en grève jusqu’au 25 septembre prochain pour réclamer justice dans la gestion du fonds commun et la relecture des textes les concernant. Mais, le sit-in du vendredi 11 septembre 2015 a failli virer à l’affrontement entre manifestants et forces de l’ordre.

Comme il est devenu de coutume depuis un peu plus de 7 mois, et le dernier mot d’ordre de grève, les agents des finances membres du SYNAFI ont investi très tôt le matin, la cour de leur ministère de tutelle. Vuvuzelas et sifflets en bouche, les manifestants ont observé 5e jour de sit-in d’affilé, toute chose qui devrait se poursuivre jusqu’au 25 septembre prochain, si toutefois, leurs doléances ne sont pas satisfaites. Armés de deux microphones et d’un baffle, les manifestants ont essayé de se faire entendre : « Il est plus que jamais nécessaire de se raffermir, car la victoire est proche, elle est à portée de main ». « Quel que soit ce qui va arriver, nous sommes sûrs d’une chose : nous voulons seulement que le protocole d’accord soit appliqué », s’est égosillé un des responsables du syndicat.

Des affrontements évités de justesse

Mais, pendant que le sit-in battait son plein, à 10 h 7 mn, un cargo de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), avec à son bord une vingtaine d’éléments fait son entrée sur les lieux. Les policiers sont en tenue (boucliers, gaz lacrymogènes…), prêts à disperser les manifestants. Loin d’être intimidés, les manifestants entonnent l’hymne national. Pendant ce temps, un cordon de sécurité est dressé par certains d’entre eux, entre les forces de l’ordre et le reste des manifestants. Le ditanyè est repris plusieurs fois. Pendant ce temps, les policiers se concertent pour adopter une stratégie.

C’est alors que les forces de l’ordre se scindent en deux groupes et foncent sur les manifestants. Ceux–ci, les bras levés, se couchent à plat ventre sur le bitume. C’est alors que l’un des policiers sort une bouteille de gaz qu’il asperge sur les manifestants couchés dont une femme asthmatique qui sera plus tard conduite à l’hôpital. Les manifestants se ruent alors vers une source d’eau pour combattre les effets du gaz lacrymogène. Une fois les effets du gaz estompés, les manifestants reviennent à la charge avec des chants, dans un esprit pacifique. « Restons mobilisés. Ce n’est pas de la faute des policiers. Ils font leur travail », lance un des responsables du SYNAFI.

Des discussions stériles

Quelques minutes plus tard, le secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances, Justin Nikiéma, fait son apparition pour essayer de calmer les grévistes : « Je suis là pour demander le calme et la sérénité. J’ai un message à vous livrer ». Il a demandé aux manifestants de garder le sang-froid et le calme pendant qu’il s’entretiendra avec quelques- uns de leurs responsables. « Le dialogue doit toujours primer. A l’heure où je vous parle, le dialogue gouvernement-syndicats se tient à l’immeuble Baoghin », a poursuivi Justin Nikiéma.

Ce à quoi le secrétaire général du syndicat a répondu : « Nous n’avons jamais rompu le dialogue. Mais, nous ne voulons plus dialoguer pour dialoguer ». Pendant que les responsables et le secrétaire général se rendait dans un bureau pour discuter, les autres attendaient dans la cour. Après plus d’une heure de discussions, le secrétaire général du SYNAFI, Mohamed Savadogo, et les autres « négociateurs » sont ressortis pour rendre compte. « Il n’y a pas eu de propositions concrètes. Nous avons discuté pour la forme. C’était des paroles en l’air. Il a simplement dit que les autorités sont engagées à régler le problème.

Il a aussi dit de garder le sang-froid et que le Premier ministre voudrait nous rencontrer. Cette rencontre avec le Premier a été annoncée il y a près de 3 semaines. Pour un problème interne est-ce qu’on a besoin du Premier ministre pour le régler ? Même si nous partons au Premier ministère ou à la Présidence du Faso, c’est le ministre de l’Economie et des Finances qui qui va régler le problème », a expliqué Mohamed Savadogo. Poursuivant dans son argumentaire, le SG du SYNAFI a indiqué que Justin Nikiéma a confié qu’il n’est pas celui qui a appelé la CRS et qu’elle serait venue d’elle-même : « Mais la CRS ne peut pas se lever d’elle-même pour venir gazer les gens. D’ailleurs, 2 personnes ont été transportées d’urgence à l’hôpital dont une femme asthmatique. Nous sommes dans une situation de non-retour ». Pour lui, les esprits des manifestants sont surchauffés à telle enseigne qu’il a été décidé de poursuivre la lutte tant que le problème n’est pas résolu.

Dans un esprit d’équilibrage de l’information, nous avons tenté par deux fois de rencontrer le secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances qui se trouvait dans son bureau. Mais, celui-ci a refusé autant de fois de donner sa version des échanges qu’il a eus avec les responsables du SYNAFI

Par PBB