« Le gros du travail a été abattu », selon Barthélémy Kéré, président de la CENI
Dans le cadre de la transparence de ses actions sur le processus électoral en cours au Burkina, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a procédé le 10 septembre 2015 à Ouagadougou, au tirage au sort pour le positionnement des partis politiques et regroupements d’indépendants sur le bulletin unique des élections législatives de 2015. C’était en présence des membres de la CENI, des Organisations de la société civile (OSC), des représentants des Partenaires techniques et financiers, des partis politiques et regroupements d’indépendants.
Désormais, les partis politiques et regroupements d’indépendants connaissent leur position, dans chaque province, sur le bulletin unique de vote pour les législatives de 2015. En effet, la CENI a défini, par tirage au sort, l’ordre dans lequel ils figureront sur le bulletin de vote lors des élections législatives du 11 octobre 2015, dans chacune des 45 provinces. C’était au cours d’une cérémonie tenue le 10 septembre dernier dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères et de la coopération régionale. Pour les élections législatives à venir, ce sont 81 partis politiques et 18 regroupements d’indépendants qui ont été validés par le Conseil constitutionnel.
Débuté à 9h15, par le mot de bienvenue du président de la CENI, Me Barthélémy Kéré, le tirage au sort fait par deux jeunes (garçon et fille) innocents, a pris fin aux environs de 15h00 sous la supervision de Me Emmanuel Minoungou, huissier de justice. C’est ce dernier qui a procédé à l’appel des partis politiques et regroupements d’indépendants qui ont fait acte de candidature pour les législatives de 2015 dans chacune des provinces. Le tirage s’est déroulé de la façon suivante : le Secrétaire général de la CENI, Ernest Dramane Diarra, désigne dans l’ordre alphabétique le nom de la circonscription électorale (NDLR : région et province). Puis, Me Emmanuel Minoungou prend les bulletins sur lesquels sont inscrits les noms des partis ou des candidats validés par le Conseil constitutionnel pour concourir dans cette circonscription. Celui-ci en vérifie l’exactitude, déchire leur contenant et les glisse dans l’urne transparente posée à cet effet. Tous les bulletins retenus pour cette circonscription électorale, une fois dans l’urne, sont mélangés par un représentant de parti politique ou regroupement d’indépendants. Puis, ils sont tirés au sort les uns après les autres par un des enfants commis pour la circonstance.
Ainsi, le tirage a été effectué pour les 45 circonscriptions électorales. On peut alors noter qu’aucun parti politique ou regroupement d’indépendants n’a un rang pré-défini sur le bulletin de vote, d’une circonscription à l’autre. Selon le Président de la CENI, Me Barthélémy Kéré, le gros du travail a été abattu. « Après ce tirage, la CENI s’activera à amener les spécimens à l’imprimerie. C’est un matériel très sensible. Il y a un ensemble de travail à faire au niveau de ces imprimeries que nous avons choisies par appel d’offres », a-t-il indiqué, avant de soutenir que les dispositifs sécuritaires sont mis en place de telle manière qu’aucun document ne rentre ou ne sorte au moment de l’impression des bulletins de vote.
L’occasion faisant le larron, il s’est prêté aux questions des journalistes par rapport au faussaire qui a été interpellé par le commissariat de police de Ouaga 2000 pour la conception frauduleuse de cartes d’électeurs pour certains individus. Pour lui, il n’y a pas de panique en la matière, car des cartes d’électeurs frauduleusement confectionnées ne peuvent avoir aucune influence sur le fichier électoral. « Vous pouvez confectionner des cartes d’électeurs comme vous voulez, mais vous ne pouvez pas faire en sorte que les détenteurs de ces cartes puissent se retrouver sur la liste des électeurs. Or, pour voter, il faut non seulement avoir une carte d’électeur, mais aussi être inscrit sur la liste des électeurs. Mais cela nous intéresse de savoir également s’il y a vraiment un faussaire qui fabrique des cartes d’électeurs, pourquoi il le fait et quel est le mécanisme de fraude qu’il veut envisager », a-t-il laissé entendre, après avoir soutenu que pour la sécurisation de l’ensemble du processus électoral, le MATDS a mis en place un dispositif sécuritaire présidé par le chef d’état-major de la gendarmerie.
« C’est cette structure que j’ai saisie pour lui demander de procéder aux investigations le plus rapidement possible et de me confirmer ou infirmer cette information », a-t-il soutenu. Toutefois, Me Kéré a tenu à demander aux populations de rester vigilantes. Car, a-t-il dit, dans un processus électoral d’une telle envergure, il y aura ce genre de phénomènes en vrai ou en faux. Qu’à cela ne tienne. Le Directeur national de campagne de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Nathanaël Ouédraogo, qui a levé le lièvre à la cérémonie de tirage au sort, a confié que le gérant qui a été interpellé a révélé avoir fabriqué près de 5000 cartes d’électeurs frauduleusement. (NDLR : lire encadré).
Mamouda TANKOANO
Légende
1.Le président de la CENI, Me Barthélémy Kéré, s’est réjoui de la réussite du tirage au sort
2.Le tirage au sort est intervenu en présence de responsables de partis politiques et de regroupements d’indépendants
3.Me Emmanuel Minoungou a supervisé le tirage au sort
4.Seydou Zagré du MPP
5.Nathanaël Ouédraogo de l’UPC (Ph. A.O)
ENCADRE 1
Quelques responsables de partis politiques apprécient le tirage au sort
Seydou Zagré du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP)
« La CENI est dans son rôle. C’est avec la satisfaction de l’ensemble des acteurs que le tirage au sort a débuté. Nous sommes émus que ce soit terminé dans ces conditions afin que tout le monde puisse prendre part à ces élections que nous souhaitons démocratiques, apaisées et transparentes. Pour nous, le problème, ce n’est pas quelle case nous occupons sur un bulletin de vote. Pour l’ensemble des électeurs, le problème, c’est de savoir reconnaître le logo du parti politique. Je pense que l’intérêt de ce tirage au sort est de permettre de disposer de ce spécimen et de pouvoir continuer le travail de sensibilisation. »
Nathanaël Ouédraogo, Directeur national de campagne de l’UPC
« Notre impression est bonne, car l’opération s’est déroulée dans la transparence et tous les partis politiques et regroupements indépendants ont été tirés avec les mêmes chances dans toutes les provinces. Cela montre que la démocratie burkinabè est bien avancée. Car ailleurs, on positionne le parti le plus puissant en haut et les autres partis en bas. Ici, la chance a été donnée à chacun des candidats et nous sommes contents que le processus se soit terminé dans la transparence. Pour le Kadiogo, il y a 12 lignes et 7 colonnes avec 60 partis politiques et regroupements d’indépendants. Si vous êtes au milieu à la 3e colonne, ce n’est pas évident qu’on vous retrouve très vite. Alors que si vous êtes à la 1re colonne et en 1re ligne, on vous retrouve facilement sur le bulletin de vote. »
Propos recueillis par M.T
ENCADRE 2
Nathanaël Ouédraogo à propos de la conception frauduleuse des cartes d’électeurs
« J’ai échangé avec le président de la CENI, Me Barthélémy Kéré. Car il nous est revenu que dans un cybercafé à Ouaga 2000, il y avait des conceptions frauduleuses de cartes d’électeurs. Nous avons pu vérifier l’information et nous avons saisi le Commissariat de police de Ouaga 2000 qui s’est dépêché sur les lieux et a interpellé le gérant. Ce dernier a dit avoir fabriqué près de 5000 cartes d’électeurs frauduleusement. Son matériel a été saisi et nous avons adressé une lettre à la CENI. Nous attendons sa réponse. (…) Le sieur qui a été arrêté a donné les noms de deux partis politiques. En attendant que la police fasse son enquête, nous devons être très prudents et nous ne devons pas vous communiquer les noms. »