Les responsables des organisations professionnelles des médias ont animé une conférence de presse, pour dire non à la nouvelle loi régissant la presse nationale, le 8 septembre 2015, à Ouagadougou.
La nouvelle loi portant régime juridique de la presse écrite, en ligne et audiovisuelle adoptée le 4 septembre dernier par le Conseil national de la Transition(CNT) continue de faire des gorges chaudes chez les organisations professionnelles des médias. Ce qui est principalement reproché à cette loi est l’amende qui est de 1 à 5 millions de francs CFA. Elles l’ont fait savoir au cours d’une conférence de presse, le 8 septembre 2015, à Ouagadougou. Ces organisations ont dénoncé et rejeté purement cette disposition. Elles ont appelé le Président du Faso, Michel Kafando à ne pas la promulguer parce qu’elle se révèle « suicidaire » pour les organes de presse et liberticide. En outre, les conférenciers ont demandé au président de la Transition d’user de ses prérogatives pour demander une seconde lecture de la loi afin de la ramener à l’ancien code. Lequel code de l’information de 1993 avait plafonné les peines pécuniaires à 1 million de francs CFA exception faite de l’amende pour offense à Chef d’Etat qui pouvait atteindre 2 millions de F CFA. Elles ont également appelé l’ensemble des démocrates, les députés, les partis politiques, les intellectuels, les organisations des droits de l’Homme…à se mobiliser pour faire échec à cette velléité manifeste de musèlement et de liquidation de la presse burkinabè. Le président de la Société des éditeurs de presse privée (SEP), Lookmann Sawadogo, lui, a déploré la non prise en compte des avis et propositions des professionnels après les ateliers tenus à Koudougou en février dernier. « Nos organisations ont été surprises de constater que les différentes rencontres n’ont abouti à rien, si ce n’est à légitimer une forfaiture entreprise par le gouvernement de Transition », a regretté M. Sawadogo. Et d’ajouter : « il est paradoxal qu’un gouvernement de Transition, par essence neutre et citoyen, travaille à léguer au pouvoir politique à venir une presse ramollie par des amendes dissuasives ». Il a par ailleurs confié que les conclusions des ateliers avaient porté sur l’ensemble des trois lois. Et un consensus s’était largement dégagé sur le maintien des amendes aux anciens quantum prévus dans le code de 1993. « Avec la nouvelle loi, nous courrons le risque de fermer nos entreprises. Je dirai qu’il était préférable d’aller en prison, purger sa peine pendant que son entreprise fonctionne que de payer une amende et fermer », a lâché le directeur de publication de la radio Liberté, Justin Coulibaly. Pour le représentant du centre national de presse Norbert-Zongo, Boureima Ouédraogo, la presse qui a joué un rôle déterminant dans l’insurrection populaire sort perdante avec l’adoption de cette loi. Toutefois, le président de la SEP a reconnu une avancée dans l’adoption de cette loi qui abroge les peines privatives de libertés pour les délits de presse.
Gaspard BAYALA
Fabrice Y. Koudougou
(Stagiaire)