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Le Quotidien N° 733 du 12/4/2013

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Caravane de presse sur la santé de la reproduction : Toucher du doigt les problèmes de santé des populations
Publié le vendredi 12 avril 2013   |  Le Quotidien


Lené
© Autre presse par DR
Lené Sebgo, ministre de la Santé


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Le ministère de la Santé, à travers la direction de l’hygiène publique et de l’éducation pour la santé (DHPES), en collaboration avec la direction de la santé de la mère et de l’enfant (DSME), a entrepris une caravane de presse en faveur de la santé de la reproduction et de la planification familiale. Cette activité s’inscrit dans le cadre du 7e programme de coopération entre le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) et le gouvernement du Burkina. Il est prévu à cet effet, une couverture de six régions au titre de 2013. Dans sa première phase, trois régions sont concernées, celles du Sahel, du Centre-nord et du Plateau central. La caravane était le lundi 8 avril 2013 à Dori, dans la province du Séno.
Afin de rendre plus visible les actions de terrain et de contribuer à renforcer le niveau de connaissance des populations sur la santé de la reproduction et de la planification familiale, il a été jugé nécessaire de réaliser une caravane de presse. Et, du 8 au 13 avril 2013, cette caravane de presse va sillonner les régions du Sahel, du Centre-nord et du Plateau central. Cette caravane devrait permettre aux hommes de média des différents organes participants, de faire des reportages, dans les localités visitées, sur la santé de la reproduction d’une manière générale et la planification familiale en particulier afin de les diffuser à des fins de sensibilisation en faveur d’un changement de comportement au sein de la population. L’équipe a commencé ses activités le lundi 8 avril 2013 par la région de Dori, suivie d’une visite au gouvernorat. Elle a également rencontré une association qui œuvre dans le domaine de la santé de la mère et de l’enfant. L’association Khoolesmen lutte contre la pratique de l’excision à travers le Sahel. L’équipe est arrivée à la direction régionale de la santé du Sahel aux environs de 8 h 43 mn et a été reçue par l’attaché de santé, Marc Ganou. Ce dernier a communiqué sur l’état de santé de la reproduction au niveau du Sahel.

Pour l’attaché de santé à la direction régionale de la santé du Sahel, Marc Ganou, la planification familiale de l’année 2012, dans l’ensemble de la région du Sahel a atteint une prévalence de 23% et est légèrement en hausse par rapport à celle de 2010 et de 2011. « C’est une performance qui reste largement en déçà de la moyenne nationale qui est de 35% », a-t-il soutenu. Il a également ajouté que la faible performance de la planification familiale s’explique par deux axes. Le premier concerne les services de santé et le second se rapporte à la communauté elle-même. Dans le premier cas, selon l’attaché de santé, les prestataires de la santé qui ont bénéficié de la formation continue ne sont pas assez sur le terrain. Ce qui rend difficile le travail, car il faut recommencer la formation. Toujours dans la même lancée, il a fait cas du manque des implants et des dispositifs intra-utérins au sein des services de santé. En dehors des services de santé, selon Marc Ganou, en ce qui concerne la communauté, on constate un manque d’implication. A l’écouter, le poids des hommes dans cette région est très considéré : « Il y a des femmes qui recherchent une méthode contraceptive, mais cela n’est pas évident, car elles ne sont pas comprises de leur mari. Certaines viennent en cachette pour pouvoir bénéficier de ces méthodes contraceptives ».
La présidente de l’association Khoolesmen, Hama Diallo Aissata, est allée dans le même sens que son prédécesseur Marc Ganou, en déclarant que son association a été confrontée à des difficultés d’ordre religieux, car la région du Sahel est islamique : « Les hommes dans cette région disent que dans le Coran, il est interdit qu’une femme prenne des comprimés pour espacer la naissance des enfants ». A cela s’ajoute le fait que les membres de son association sont victimes de préjugés. Mais selon elle, cela ne l’empêche pas de travailler, car elle a un objectif à atteindre. Elle mène des activités pour accompagner les autorités sanitaires de la province du Séno en leur effort pour la planification familiale. Parmi ces activités, on peut citer la sensibilisation à l’utilisation des méthodes contraceptives par les femmes, mais aussi des plaidoyers auprès des hommes afin qu’ils admettent la pratique. Comme stratégie, Hama Diallo Aissata utilise la sensibilisation de groupe et de porte en porte pour faire passer le message. « Toutes celles qui entrent dans le cadre de la planification familiale doivent être obligatoirement sous contraceptif afin d’être convaincantes auprès des personnes à sensibiliser», a-t-elle expliquée.
Pour la représentante de la direction de la santé de la mère et de l’enfant, Carine Gnangao, des barrières ont été perçues au niveau du ministère et au niveau institutionnel, qui selon elle, freinent l’adhésion des femmes à la planification familiale. « Souvent, nous constatons que les femmes sont sensibles parce qu’elles vivent directement les problèmes. En plus, ce sont elles les premières concernées », a-t-elle soutenu. Une sensibilisation de proximité a été lancée afin d’amener les hommes à comprendre le bien fondé de la planification familiale et les avantages que cela peut apporter, non seulement à la santé de la femme, mais aussi à celui de l’enfant, voire pour la famille toute entière. Carine Gnangao a invité les leaders des communautés à plus d’implication : « Quand un leader donne un mot d’ordre, alors la population ne peut que suivre ».

District de Gorom-gorom

La caravane de presse dans sa tournée, a effectué une visite de terrain au district de Gorom-gorom, dans l’Oudalan, afin de s’imprégner des réalités concernant la planification familiale. Le responsable de la santé et de la reproduction du district sanitaire de Gorom-gorom, Sodeha Hien, a laissé entendre que le district est confronté à certains obstacles. Au niveau de la communauté, les pesanteurs socioculturelles font que certains hommes sont toujours réticents à la planification familiale, a-t-il expliqué. L’éloignement des villages de certaines structures de soins fait que les gens ne s’y rendent pas facilement. Il a ajouté que la mobilité du personnel constitue une des difficultés majeures de la région. Le chef de canton de l’Oudala, Ezab Ag Alhour, a laissé entendre qu’à son niveau, il mène une sensibilisation auprès de la population afin qu’elle adhère à la planification familiale. Selon lui, malgré son engagement, il est resté impuissant face à la résistance de certains hommes de la communauté, car la région est islamisée. « Il faut que nous soyons soudés afin de donner un coup de main au district de Gorom-gorom », a-t-il suggéré. La caravane de presse ne s’est pas limitée au district de Gorom-gorom. Elle s’est également rendue au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Saougo, à une trentaine de kilomètres plus loin. C’est avec surprise qu’elle a constaté que le CSPS ne compte que deux agents de santé, dont une accoucheuse et un assistant de santé, pour une population de plus de 5000 habitants. Blandine Koné, accoucheuse dans le CSPS de Saougo, reçoit environ 200 femmes par jour pour les consultations prénatales, soit 22 accouchements par mois. Le phénomène s’explique par le fait que la femme peulh préfère les accouchements à domicile et ne se rend au centre de santé que lorsque cela est nécessaire. Mais, il faut souligner qu’à Saougo, il y a une particularité relativement à la planification familiale. « Il y a certains hommes qui conduisent leurs femmes au CSPS pour la planification familiale. La méthode la plus utilisée est l’implant et le dispositif intra-utérin », a mentionné Blandine Koné. Avant de terminer, elle a souhaité que le gouvernement leur apporte de l’aide en leur octroyant des ressources humaines, financières et logistiques pour accomplir parfaitement leur mission .
Par Sandrine GOUBA (Stagiaire)

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