La population du secteur 26 (non loti) de Bobo-Dioulasso est descendue dans la rue le jeudi 3 septembre pour exiger la libération de François Kaboré, responsable du Comité de cellule de veille pour la justice sociale du lotissement (CCVJS) du secteur 26 (Sarfalao) qui serait « injustement emprisonné ».
« Libérez……François » ; « Libérez….François » ! C’est par ce slogan chanté en chœur que dans la soirée du jeudi 3 septembre, des populations du secteur 26, notamment des femmes munies de balais, de spatules, de nattes et autres ont marché depuis leur secteur jusqu’au Haut-commissariat du Houet pour exiger la libération de François Kaboré, leader du CCJVS emprisonné. En effet, François Kaboré est le coordonnateur du CCVJS, mouvement né pour lutter contre les injustices dans les opérations de lotissement du secteur 26, mais aussi dans les autres non lotis de la ville. Et c’est ce dernier qui aurait été écroué pour avoir bastonné une dame du secteur.
Devant le Haut-commissariat, les marcheurs disent être venus pour exiger la libération de leur leader qui, de leur avis, est victime d’un complot ourdi pour affaiblir leur lutte. « Notre combat c’est de faire en sorte que chaque résident des non lotis soit attributaire d’au moins une parcelle. Si on fait des lotissements et que les vrais résidents ne sont pas satisfaits, y a problèmes. C’est en ce sens que nous avons créé notre organisation pour fédérer nos énergies afin de constituer un groupe de pression », a expliqué Ouédraogo Mariam, marcheuse. Elle va plus loin pour expliquer les raisons de l’emprisonnement de leur leader : « Une dame l’a accusé de l’avoir frappée et ils sont venus le prendre pour le jeter en prison. Elle dit qu’on a cassé sa mâchoire. Alors que nous la voyons tous les jours en train de manger des arachides. Quelqu’un qui a la mâchoire cassée peut-il manger des arachides ? C’est une machination pour juste enfermer François dans l’intention d’affaiblir notre lutte. Nous savons qu’elle a payé un agent de santé pour lui délivrer un certificat médical qui atteste qu’elle a été frappée. Nous savons qu’elle ment ». Mais, pour les marcheurs cette situation est loin d’être finie car, « nous ne baisserons pas les bras. Nous nous battrons pour qu’on le libère ».
A côté de Ouédraogo Mariam se trouve un vieillard à la barbe blanche apparemment très remonté : « On a corrompu la dame avec de l’argent pour qu’elle accuse François. Nous la connaissons .Elle n’a pas été frappée. C’est un complot » s’est-il offusqué. Furieux, le vieillard va jusqu’à proférer des menaces. « Si elle refuse d’avouer qu’elle a été corrompue, qu’elle ne soit pas étonnée de ce qui pourrait lui arriver. Elle ferait mieux de dire la vérité sinon, elle ne bouffera pas l’argent qu’elle a pris pour accuser François. C’est une tierce personne qui dépensera cet argent », a-t-il mis en garde.
Devant le Haut-commissaire, les marcheurs ont été accueillis par des éléments de la CRS. Néanmoins, ils ont pu former sur place une délégation de 5 personnes qui est allée rencontrer le maître des lieux afin de lui exposer leur préoccupation. Même s’ils n’ont pas eu satisfaction, ils ont tout de même été marqués par la franchise du Haut-commissaire selon eux. « Il nous a fait savoir qu’il s’agit d’une affaire de justice et qu’il ne pouvait pas s’en mêler. Toutefois, il nous a conseillés de nous organiser pour aller rencontrer les autorités judiciaires pour en savoir davantage », ont-ils apprécié l’acte du Haut-commissaire et l’ont au passage salué pour son « franc parler ». Qu’à cela ne tienne, les populations du secteur 26 n’ont pas l‘intention de baisser les bras tant que leur leader sera toujours détenu dans un endroit qu’ils ignorent d’ailleurs1
Par Mady BAZIE