Le président du Faso, Michel Kafando, a échangé avec les forces vives de la région de l’Est, le jeudi 3 septembre 2015 à Fada N’Gourma. Les échanges ont permis aux populations de cette partie du pays de comprendre la mission du gouvernement de la Transition et d’exposer quelques difficultés auxquelles elles sont confrontées.
La rencontre entre le président du Faso, Michel Kafando, et les forces vives de la région de l’Est a été le dernier acte du séjour de l’exécutif à Fada N’Gourma. En effet, le jeudi 3 septembre 2015, le chef de l’Etat et le gouvernement ont échangé à bâtons rompus avec les populations des cinq provinces (la Gnagna, le Gourma, la Komondjari, la Kompienga et la Tapoa) de la région. Après la minute de silence observée à la mémoire des martyrs de l’insurrection des 30 et 31 octobre dernier et aux victimes de l’accident du car nigérien il y a deux semaines, le gouverneur de la région de l’Est, le colonel-major Péguy Hyacinthe Yoda a planté le décor. Il a présenté une photographie de la région de l’Est : une population de plus de 1 200 000 habitants, une superficie de 46 807km2. L’agriculture, l’élevage, la pêche, la chasse et le tourisme cynégétique sont les principales activités pratiquées dans cette partie du Burkina Faso, a fait savoir le gouverneur. « Malgré toutes ces potentialités, des contraintes et difficultés existent », a déploré Péguy Hyacinthe Yoda. Au nombre de celles-ci, il a évoqué, en tête de liste, l’insécurité. Ses causes, à son avis, sont, entre autres, la faiblesse du maillage sécuritaire, la porosité des frontières de la région et la faible implication des populations dans la lutte contre le grand banditisme. A côté de ce volet, il a noté le manque d’infrastructures sanitaires et scolaires (143 ndlr : écoles sous paillotes dénombrées dans la région) et la dégradation des infrastructures routières.
Un paquet de difficultés
Les forces vives de la région, quant à elles, se sont alignées derrière le gouverneur de l’Est pour exposer tout un paquet de difficultés qui font obstacle au développement de la localité. Ainsi, pour le représentant des services publics étatiques de l’Est, Aurélien Poda, avec l’incivisme grandissant dans l’administration, les responsables éprouvent des difficultés à appliquer les décisions. « Les contribuables refusent de s’acquitter de leurs impôts », a-t-il regretté. Il a également soulevé la question du manque de matériels de fonctionnement et de locaux pour abriter les services publics. Selon le représentant des projets, programmes, ONG et associations de développement de la région, Ives Ouoba, l’absence de loi limite ses structures à intervenir dans la lutte contre le rapt des filles, une pratique rampante dans la localité. Il a fait remarquer, en outre, la baisse des effectifs des volontaires de la région au fil des ans Des réponses ont été apportées à toutes ces préoccupations par le président du Faso et les membres du gouvernement. Sur la question de l’insécurité, le ministre délégué à la Sécurité, Sidi Paré, a confié que des dispositions sont en train d’être prises pour ramener à la baisse le taux de la criminalité dans la région. En ce qui concerne la dégradation des infrastructures routières, le ministre en charge de la question, Daouda Traoré, a fait savoir que son département, au titre de l’entretien routier, n’a reçu aucun montant à cet effet. Toutefois, il a annoncé que grâce à l’appui des partenaires, certains tronçons comme Koupèla-Fada N’Gourma-Kantchari seront aménagés. S’agissant de la baisse des effectifs des volontaires, le ministre en charge de la Jeunesse, Salifou Dembelé, a répondu que cela est dû à la réduction du budget alloué à ce volet. Qu’à cela ne tienne, il a porté à la connaissance de l’assistance que son département a obtenu une rallonge de 4 milliards de F CFA qui va permettre aux différentes directions régionales de mener convenablement des activités à l’endroit de la jeunesse. Il a ajouté que son ministère a développé des initiatives visant la promotion de l’auto-emploi, la formation des jeunes diplômés et le prolongement de l’activité volontaire à un an.
Dans son intervention, le président du Faso, Michel Kafando, a dit être conscient des problèmes que connaît la région. Il a saisi l’opportunité pour expliquer aux forces vives les activités de la Transition, dont la tenue, la veille, du conseil des ministres délocalisé dans la cité de Yendabli. Ce conseil, a précisé le président Kafando, a battu le record en termes de durée (10 heures). A quelques mois de la fin de la Transition, il a confié que son équipe a assuré l’essentiel des tâches qu’elle s’était fixé pour sauver le « pays des Hommes intègres », au lendemain de l’insurrection populaire. « Nous avons trouvé des dettes intérieures et extérieures énormes », a dévoilé le président de la Transition. Mais, a-t-il dit, tout est rentré dans l’ordre au point de gagner la confiance des institutions internationales. « Nous avons commencé à inquiéter les premiers responsables de l’ancien système qui avaient impunément dilapidé les deniers publics », a ajouté Michel Kafando. Pour lui, l’ultime mission de la Transition, à l’heure actuelle, c’est d’organiser des élections dont les résultats seront acceptés par tous. A cet effet, il a fait un clin d’œil aux candidats écartés des prochains scrutins tout en les invitant à respecter la décision du Conseil constitutionnel.
Paténéma Oumar OUEDRAOGO