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Ces petites gens qui font de grandes choses
Publié le jeudi 3 septembre 2015  |  Sidwaya




Estimés à quelques milliers d’âmes, les Burkinabè vivant à Dabou, à une centaine de kilomètres au Sud d’Abidjan, se rencontrent dans plusieurs secteurs d’activités avec cependant une forte présence dans le domaine agricole. Certains comptent parmi les plus grands producteurs de la région, voire du pays.

Un champ d’hévéa à perte de vue, une forêt de palmiers à huile, un peu plus loin, une vaste étendue d’ananas. Ce sont plus de 100 hectares d’hévéa, une cinquantaine pour la palmeraie et autant de surface d’ananas qui s’offrent à l’admiration. De larges superficies qui côtoient celles des multinationales Nous sommes dans les plantations de Alphonse Nana, à une trentaine de kilomètres au Sud de la ville de Dabou. Agé de 65 ans, il a fait du métier de planteur sa principale activité depuis 1982. Avec trois hectares d’ananas à ses débuts, ce Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire est présentement l’un des plus grands planteurs particuliers de la localité. En ce mois de juillet 2015, une grande partie de sa production d’hévéa est en pleine saignée au regard des nombreuses entailles profondes remarquables sur les troncs des arbres. Et il en est ainsi, se réjouit le planteur, depuis maintenant plus d’une décennie. Sa production sera complète dès l’année prochaine, avec l’opérationnalisation du reste des arbres. A l’écouter, « s’ils (les arbres) sont bien entretenus, au bout de sept ans de vie vous pouvez commencez à les exploiter ». Il récolte ainsi par arbre plusieurs centaines de kilogrammes du précieux liquide blanc et ce, 12 mois sur 12. Le cours mondial de l’hévéa est actuellement bas, mais le producteur ne s’alarme pas pour autant. « Nous étions à 1000 FCFA le kilogramme mais présentement, il se situe à 325 FCFA, mais nous restons confiants car ce sont des choses qui nous arrivent régulièrement, nous y sommes habitués », explique-t-il. Comme lui, ils sont une vingtaine de planteurs burkinabè dans la région dont les surfaces exploitées sont d’au moins 30 hectares. Pour la majorité d’entre eux, la préférence va à la culture de l’hévéa. « C’est vrai qu’il faut au moins deux millions de FCFA pour entretenir les plants jusqu’à la production, mais l’avantage est que lorsque vous commencez la production, elle est continue sur des décennies », selon Alphonse Nana. La main-d’œuvre, elle, est burkinabè à 80%, souligne-t-il. Le concernant, il s’est attaché les services de collaborateurs d’horizons divers pour l’exécution des différentes tâches. Ils sont au total 29 ouvriers sur ses deux sites. « Il y en a de plusieurs nationalités dont des Ivoiriens. En plus des cadres, nous avons ceux qui sont chargés de l’entretien, ceux qui s’occupent de la saignée pour ce qui concerne l’hévéa et des gens pour les récoltes », précise celui-ci. Yacouba Dougouré et Emile Ouoba font partie de ces ouvriers. Sous une fine pluie, équipés de machettes utilisées pour la saignée des arbres, ils expliquent à leur patron qu’ils étaient là pour finir d’entailler des arbres, une opération entamée la veille. Pour ces employés dont le campement est situé à quelques dizaines de mètres des champs, c’est un plaisir que de travailler pour M. Nana. « Depuis quatre ans que je travaille avec lui, je n’ai pas entendu dire du mal de ce monsieur. Le traitement nous convient. La paie mensuelle (125 000 et 150 000 FCFA par travailleur) est régulière », témoigne Yacouba Dougouré.

Des activités diverses

Retour en ville où Assétou Kabré s’est fait un nom dans un tout autre domaine. Située au cœur de la ville, au bord d’une des voies les plus fréquentées, sa librairie offre une gamme variée de produits. «Grâce au partenariat que j’ai établi avec toutes les maisons d’édition du pays depuis trois ans maintenant, j’arrive à offrir à ma clientèle une diversité de produits », affirme la commerçante. En cette fin de journée, après une réunion des opérateurs économiques de la région en prélude à la visite prochaine du chef de l’Etat ivoirien, elle est entourée de son personnel, histoire de prendre le pouls de son activité. « Avec les vacances scolaires, le marché s’est fortement ralenti et on a l’impression que c’est toute l’activité de librairie même qui est en berne », diagnostique-t-elle. Par ailleurs, présidente de l’association des revendeurs de gaz butane, elle dit ne pas se plaindre trop de sa situation, mais aurait souhaité plus de soutien pour étendre ses activités à d’autres secteurs. Cette cause, elle la plaide auprès des autorités burkinabè à chaque fois qu’elle en a l’occasion. « La dernière fois, c’était à la faveur de la rencontre gouvernement-secteur privé où nous avons déploré le manque de politiques à l’endroit des femmes de la diaspora. Nous sommes exclues des soutiens qu’ils soient sous forme de prêt ou autres appuis financiers de la part des gouvernements», relève-t-elle.
A un pâté de maison de la librairie de Mme Kabré, au quartier Bastos, « Le Petit Fromager » est une autre adresse bien connue des uns et des autres. Le restaurant climatisé de Ousmane Soré est un « lieu de hautes personnalités hein ! », nous prévient notre informateur.
« C’est vrai que des autorités y font régulièrement escale, mais rassure le promoteur, Le Petit Fromager est ouvert à tout le monde ». Installé, il y a de cela sept ans à son propre compte, après plus de 20 ans de métier, il propose à sa clientèle des spécialités africaines et européennes. Le prix du plat varie entre 3500 F CFA et 4000 F CFA. « Hormis le fait que j’ai été victime de pillage pendant la crise postélectorale (près de deux millions de FCFA de perdu), je ne connais pas de difficultés particulières liées à mon activité », confie le restaurateur. Des moments chargés de souvenirs douloureux dont lui et les autres disent préférer oublier. Les choses ont repris leur cours normal et avec elles, leurs activités. « C’est le plus important et nous espérons que la paix si chère à la prospérité des affaires sera préservée »


Voro KORAHIRE
(De retour de Dabou)

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Tinga Kabré, délégué consulaire à Dabou: « Si le délai pour la déclaration de naissance pouvait être repoussé à trois mois… »


Elu en 2000, Tinga Kabré dirige la communauté burkinabè de Dabou avec la collaboration d’une dizaine d’autres représentants.
Comment est organisée la communauté burkinabè vivant ici à Dabou ?

Les gens ont toujours en tête une organisation de type ancienne basée sur ce qu’ils appellent des départements. Ils préfèrent s’identifier par cette appellation et c’est ce que nous avons retenu pour ne pas frustrer les uns et les autres. C’est ainsi que nous avons les départements de Kadiogo, Boulkiemdé, Boulgou, Passoré Koulpélgo, Yatenga et Séno représentés chacun par un délégué et un délégué adjoint qui participent à la gestion de la communauté.

Combien sont-ils les Burkinabè vivant ici et dans quel(s) domaine(s) d’activités évoluent-ils?

Difficile à dire. Le préfet nous avait demandé à un moment donné de procéder à un recensement, mais j’avoue que ça n’a pas été facile. Nous disposions d’une semaine pour le faire, ce qui ne nous a pas permis de toucher tout le monde. Mais l’on retiendra que nous sommes plus d’un millier, voire deux mille personnes. Pour ce qui est de leurs occupations, ils sont à 90% dans l’agriculture. L’on en rencontre aussi dans les autres secteurs d’activités et même dans l’administration privée, mais dans de moindres proportions.

Quelles sont les difficultés que rencontrent les membres de cette communauté ?

Nous avons des problèmes récurrents liés au foncier. Il y a aussi ceux relatifs à l’établissement de certains actes administratifs ou d’Etat civil comme le certificat de nationalité ou encore l’acte de naissance dont la déclaration doit se faire dans un délai de deux mois. Si ce délai pouvait être repoussé ne serait-ce qu’à trois mois, ce serait bien. Le coût de la carte consulaire est également décrié par une bonne partie de la communauté. A cela s’ajoutent les frais d’inscription à l’université qui sont actuellement de 300 000 FCFA pour les non Ivoiriens. Ce qui contraint des élèves à abandonner le cursus parce qu’il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir envoyer son enfant étudier au pays.

Propos recueillis
à Dabou par V.K
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