350 000. Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), depuis le mois de janvier 2015, plus de 350 000 personnes auraient tenté la traversée de la Méditerranée en direction de l’Eldorado européen. Parmi eux, plus de 2643 auront laissé la vie dans cette affreuse odyssée.
350 000. Le chiffre est énorme, mais ne reflète qu’une partie, la plus visible, de la déferlante humaine qui est en train de s’abattre sur le vieux continent, car l’actualité récente l’a suffisamment démontré, le phénomène ne se limite plus aux côtes de la Sicile ou de l’Espagne, il concerne désormais toutes les frontières européennes. Et c’est tantôt en porte containers, en camions réfrigérés, par train ou tout simplement à pied via des chemins insolites, tels que le tunnel sous la Manche, que les migrants tentent vaille que vaille de rejoindre leur Eldorado européen. Qu’Ils viennent d’Irak, d’Afghanistan, de Syrie, de Libye ou d’Erythrée, tous sont prêts à gager le fruit de toute une vie de travail et, par-dessus tout, à risquer leur bien le plus précieux, leur vie, pour fuir la guerre et tenter leur chance sur les chemins de l’exil dans l’espoir de vivre mieux et surtout en paix.
En Europe centrale, ils sont des milliers, réfugiés pour la plupart, à frapper aux portes de l’Union européenne. En Hongrie, chaque jour près de 2000 nouveaux arrivants viennent s’ajouter aux milliers d’autres qui désespèrent de pouvoir parvenir à rallier la prospère Allemagne, leur destination finale. En France, ce mardi une rame de l’Eurostar a été bloquée par une vague de migrants déferlant dans le tunnel sous la Manche, alors qu’une semaine auparavant la police autrichienne faisait la macabre découverte de 71 personnes mortes asphyxiées dans un camion frigorifique.
Gagné par le désespoir et l’incompréhension, un intellectuel syrien désormais migrant a lancé un vibrant appel à l’Europe, via le journaliste de l’agence Reuters qui lui tendait son micro : «Vous devez nous aider, nous sommes des êtres humains», s’est-il exclamé. Mais face à lui et à ses semblables, un mur de crainte et d’appréhension devant ce qui peut apparaître comme une déferlante humaine, un tsunami de misère et de détresse capable de balayer le soupçon de prospérité chèrement acquis malgré la crise. Décidément, le fossé se creuse entre les migrants et leurs hôtes et celui qui avait dit que la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, aussi méchant qu’il ait pu paraître alors, ne croyait pas si bien dire tant ses paroles paraissent prophétiques.
Et si aujourd’hui il est clair que l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, elle fait des efforts. Ainsi, l’Allemagne, la France et l’Italie pour ne citer que ceux-là auraient appelé leurs voisins à prendre des mesures pour humaniser davantage les conditions d’accueil, notamment à travers une répartition « équitable » des migrants. Un bon début si jamais le pas est franchi. Mais attendons de le voir pour y croire.
H. Marie Ouédraogo