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Sur la braise/Côte d’Ivoire : les prémices d’une contestation post-électorale
Publié le mercredi 2 septembre 2015  |  Le Pays
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© Autre presse
le Président ivoirien Alassane Ouattara




A environ deux mois de l’élection présidentielle en Côte d’ivoire, le mercure du thermomètre politique ivoirien est monté d’un cran avec la sortie pour le moins tonitruante, de la Coalition nationale de la jeunesse pour le changement (CNJC), le mercredi 26 août dernier, enjoignant le président ivoirien Alassane Ouattara, de recevoir l’opposition pour « discuter des conditions » d’organisation du scrutin à venir. Par la voix du président de la CNJC, Abraham Diédi, l’opposition ivoirienne menace d’empêcher la tenue de l’élection présidentielle du 25 octobre prochain, si le pouvoir en place à Abidjan ne cède pas à leurs exigences notamment la mise en place d’une Commission nationale électorale équilibrée, l’adoption d’un code électoral consensuel, l’établissement d’une liste électorale acceptée par tous, et un égal accès de tous les partis aux médias publics. La jeunesse de l’opposition exige en outre « la libération de tous les détenus politiques, le retour des exilés et le respect scrupuleux de la loi fondamentale ». Faute de quoi, elle appellera ses militants et sympathisants à battre le pavé à compter du 10 septembre prochain, jusqu’à ce que les Houphouétistes au pouvoir consentent à les recevoir pour « des discussions franches afin que la prochaine élection présidentielle puisse être véritablement transparente et inclusive », selon le mot de Jean Jacques Béchio, transfuge du PDCI et porte-parole de la coalition. La CNC a ainsi renforcé la sortie de sa jeunesse.
A l’évidence, les membres de ce regroupement pour le moins hétéroclite, entendent donner du fil à retordre au président sortant Alassane Ouattara, en comptant bien sur la contribution des autres candidats parmi lesquels le très contesté chef du Front populaire ivoirien (ex-parti au pouvoir), Pascal Affi Nguessan, et tous ces partisans encore nombreux de l’ex-président Laurent Gbagbo. Ces derniers pourraient abandonner l’option du boycott du scrutin pour celle du vote-sanction. Mais il est fort possible que le durcissement du ton des membres de la CNC, soit simplement un ballon d’essai qui vise à préparer les esprits à une éventuelle, pour ne pas dire à une probable, contestation des résultats des prochaines élections présidentielle et législatives, avec des risques évidents de dérapages et de cafouillage post-électoraux, dans une Côte d’Ivoire pas encore totalement remise de la crise meurtrière de 2011 consécutive au refus du président sortant d’alors d’accepter le verdict implacable des urnes.

ADO et les siens seraient bien inspirés d’adopter une attitude humble

Il est évident que dans cette coalition déjà fragilisée par l’attitude pour le moins équivoque de certains de ses membres fondateurs, il y a des lépreux politiques qui, conscients de leur handicap et donc de leur incapacité à rassembler les voix nécessaires à leur consécration, n’hésiteront pas à renverser la calebasse de lait que l’électorat ivoirien pourrait gracieusement tendre le 25 octobre prochain à Alassane Ouattara.
Et c’est certainement pour conjurer ce sort que la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la Côte d’Ivoire et chef de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), Mme Aïchatou Mindaoudou, a appelé dans un communiqué, tous « les acteurs politiques ivoiriens, de toutes tendances, à faire preuve de retenue dans leurs propos et à tout mettre en œuvre pour contribuer au maintien d’un environnement électoral apaisé, au renforcement de la cohésion sociale et à la consolidation de la réconciliation nationale ».
Car, si beaucoup d’observateurs prédisent la victoire du candidat du RHDP, le véritable challenge pour ce dernier serait de l’emporter avec panache et sans bavure, pour éviter que des résultats contestés et peut-être contestables ne débouchent sur des violences comme celles qui ont endeuillé plus de 3000 familles à l’issue des précédentes élections. Pour ce faire, ADO et les siens seraient bien inspirés d’adopter une attitude humble et respectueuse vis-à-vis de l’opposition qui, bien qu’affaiblie par les querelles d’ego de ses leaders, n’en constitue pas moins un adversaire de taille, surtout en cas de second tour où elle pourrait glaner de nombreuses voix dans les quartiers pro-Gbagbo d’Abidjan et dans l’ouest du pays qui abrite les inconditionnels de l’ancien président.

Hamadou GADIAGA
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