Des infrastructures scolaires et sanitaires sont en construction dans le Sahel dans le cadre du Programme socioéconomique d’urgence de la transition (PSUT). Cependant, l’inaccessibilité des sites concernés, rencontrées par les camions à benne, constituent du pain-béni pour les populations locales. Charrettes et tricycles transportent désormais des matériaux de construction moyennant des sommes d’argent.
Ces vacances ne sont pas du tout repos pour le petit Zoulkafi Maïga, élève en classe de 3e au lycée de Markoye. Et pour cause, il doit allier travaux champêtres et transport de matériaux de construction, en charrette, du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de son village, Dambam 1. Ledit hameau bénéficie de cette infrastructure sanitaire dans le cadre de la mise en œuvre du Programme socioéconomique d’urgence de la Transition (PSUT). Mais l’impraticabilité de la voie a contraint l’entreprise en charge des travaux à trouver une autre solution. La trouvaille consiste désormais à convoyer par charrette, les matériaux de construction de Markoye à Dambam 1, situé à une dizaine de km. L’occasion faisant le larron, ce détour a donné un coup de fouet aux activités économiques des populations de Dambam 1 en général et réveillé des talents d’entrepreneur chez le jeune Zoulkafi. Celui-ci arrive ainsi à se faire des revenus pendant cette période de vacances. Il lui faut souvent 8h pour pouvoir transporter dix sacs de ciment à raison de 3000 FCFA. Des retombées financières, certes, obtenues moyennant de gros efforts, mais qui n’entament en rien la bonne humeur et la fierté du jeune homme. Il nous confie : «Les ânes et la charrette appartiennent à mon père. Avec les travaux champêtres, il nous autorise à les utiliser un jour sur deux». La rentrée scolaire à venir, Zoulkafi l’envisage désormais avec sérénité. «Je paierai mes fournitures moi-même ainsi que mes tenues scolaires», affirme-t-il, laissant entendre, au passage, qu’il ne comptera pas sur son père, du moins pour la rentrée scolaire 2015-2016.
Il lui a seulement valu quatre jours de travail pour comptabiliser 12 000 FCFA. «D’ici la fin du chantier, j’aurai largement dépassé cette somme», nous a-t-il assuré. Zoulkafi n’est pas la seule « abeille » à jouir de ce nectar occasionné par la réalisation du CSPS. C’est le cas de Madjidou Beydari, élève au Cours élémentaire deuxième année (CE2) qui, malgré son jeune âge, est toujours en compagnie de son grand frère Hamza. «Madjidou a aussi sa part. Je l’encourage à accompagner son frère. Là, il pourra, lui aussi, s’acheter des habits et même des fournitures à la rentrée des classes», témoigne son père, Hamidou Beydari.
Egalement, le ramassage du sable et des graviers constitue une véritable manne financière pour la majorité de la jeunesse de Dambam 1. Et certains commencent déjà à se faire un nom grâce à l’avènement de cette activité lucrative. Djibrila Oumarou en fait partie. Il affirme faire au moins dix voyages de charrette de gravier par jour à raison de 200 FCFA l’unité. L’ «Hercule» de Dambam 1 n’a d’ailleurs pas le choix : «Je suis chef de famille. Pour que ma femme fasse un bon repas, il faut que je lui donne de l’argent». De toutes ces activités, Boubacar Massoudou Maïga, habitant de Dambam 1 s’en réjouit, estimant qu’il s’agit d’une œuvre d’utilité publique : «C’est une source de revenu pour les populations. Malgré l’hivernage, certains laissent leurs champs pour une journée dans le but de s’impliquer dans la construction du CSPS».
Le bidon d’eau de 20 litres à 50 FCFA
Autre lieu, autre source de revenu. A Bossey dans la commune rurale d’Arbinda, c’est la vente d’eau à l’entreprise de construction du CSPS, Wend-panga qui fait également des émules et des bienheureux. Le bidon de 20 litres d’eau y est vendu à 50 FCFA. Dès lors, très tôt le matin, avant de rejoindre les champs, c’est une foule de personnes, en majorité des femmes et des enfants, qui prennent d’assaut le chantier de la future maternité. Comme il faut s’y attendre les bousculades pour vendre son produit sont monnaie courante. Et bonjour les chaudes empoignades et les volées de bois vert. Face à cette anarchie grandissante, la sagesse a fini par prendre le dessus. Et pour les besoins de la cause, le chef du village, en personne, a dû enfiler une casquette de comptable! «Nous notons les noms de tous ceux qui apportent de l’eau au chantier. Et dès que l’entreprise nous fait parvenir l’argent, je me charge de le repartir en fonction du rendement de chacun », indique-t-il, l’air de faire œuvre utile pour ses administrés.
Malgré les différentes contraintes qui pourraient porter un coup à son grain, c’est avec fierté que l’entreprise dit contribuer au bonheur socio-économique des populations du Sahel. En effet, pour le seul village de Dambam 1, à en croire le directeur général de l’entreprise Wend-panga, Julien Ouédraogo, plus de 150 tonnes de ciment seront transportées de Markoye avec des charrettes et des tricycles. «Ce sont des sources de revenu pour toute la population de ces villages. Et c’est surtout un soulagement pour les parents d’élèves», souligne ce dernier. Et de poursuivre que plus de 600 tonnes de matériaux seront envoyés dans les quatre sites. «De Ouagadougou à Dambam 1 par exemple, le transport d’une tonne de ciment nous coûte 60 000 FCFA», révèle-t-il. D’où la nécessité, selon lui, pour le gouvernement, de tenir compte des distances dans l’attribution des marchés publics.
300 emplois créés
«En ce qui concerne la création d’emplois, ce sont au total plus de 300 emplois qui ont été créés autour de ces quatre chantiers. Et près de 100 millions de F CFA seront déboursés par l’entreprise pour la prise en charge de ces emplois», relatent les premiers responsables du PSUT. Tout en n’omettant pas les difficultés que sont la pénibilité d’accès aux sites, le manque d’eau, ceux-ci se réjouissent de la dynamique qui impacte positivement l’économie locale. «En effet, l’entreprise a régulièrement recours aux services des populations.
Soit pour décharger ses camions bloqués dans le sable pour transférer les matériaux, par traction animale ou motorisée sur ses chantiers, soit pour les besoins d’approvisionnement en eau», argumente le coordonnateur du PSUT, Olivier Sawadogo. Pour le cas de l’approvisionnement en eau, poursuit-il, le besoin sur l’ensemble des sites est estimé à 768 000 litres, soit 38 400 bidons de 20 litres. «Au regard des effets induits dans le cadre des différentes réalisations en cours, il n’est d’aucun doute que le PSUT est un vaste chantier dont l’importance des retombées pour les populations est inestimable», se réjouit M. Sawadogo. Et d’ajouter que pour les seules réalisations de l’entreprise Wend-panga dans la région du Sahel, ce sont plus de 192 millions de F CFA qui seront injectés dans l’économie nationale. «Il appartient donc à tous de se mobiliser pour le succès du PSUT en vue d’améliorer considérablement les conditions de vie des populations», conclut-il.
Du PSUT
Initié par le gouvernement de la transition, le PSUT a pour objectif général de contribuer au bien-être des populations, par la création de richesses au niveau des couches vulnérables et les plus représentatives de la population et d’améliorer l’offre éducative et sanitaire. Prévu pour être exécuté dans les 13 régions du pays, sa mise en œuvre s’articule autour de quatre axes stratégiques. Le premier axe concerne le soutien aux initiatives économiques des jeunes et des femmes et la création d’emplois à travers le financement de 10 000 projets de jeunes, de 5 000 micro-entreprises des femmes et la création de 30 000 emplois. Le deuxième est relatif au renforcement de l’offre en matière d’éducation à travers la construction et l’équipement de 75 complexes scolaires, deux amphithéâtres à Koudougou et Bobo-Dioulasso et une technopole pédagogique à l’Université de Ouagadougou.
Le renforcement de l’offre en matière de santé à travers la construction et l’équipement de 34 CSPS et la réalisation d’infrastructures diverses dans les domaines que sont entre autres, les routes, l’approvisionnement en eau potable, constituent les deux derniers axes du PSUT. S’agissant du renforcement de l’offre éducative et sanitaire, le programme a mobilisé plus de 70 entreprises nationales. Et c’est dans ce cadre que l’entreprise Wend-panga a bénéficié des marchés de construction dans le Sahel.
Adama SEDGO