L’ancien président de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara avait déjà créé l’événement en déclarant de Ouagadougou sa candidature à la présidentielle prévue pour se tenir le 11 octobre prochain au pays de Sékou Touré.
C’était à l’occasion d’une conférence de presse tenue à Ouagadougou le 11 mai 2015.
Hier mercredi 26 août, il a fait de nouveau le buzz : l’avion d’Air Burkina à bord duquel il s’est embarqué pour Conakry via Abidjan a été interdit d’atterrissage à la verticale de Port Bouet et refoulé sur Accra : « Un passager politique est à bord de l’avion. L’avion a été refoulé et est reparti à Accra », a alors expliqué un agent d’Air Burkina aux quelque deux cents partisans de l’opposant guinéen qui étaient venus l’attendre à l’escale d’Abidjan.
Si la soixantaine de passagers dudit vol a pu regagner Abidjan par un vol d’Egypte Air, l’Embraer d’Air Burkina à bord duquel avait pris place Dadis Camara a regagné Ouagadougou avec son prestigieux (certains diraient encombrant) passager.
Tel était hier, et grosso modo au moment où nous bouclions la présente édition, les circonstances de l’odyssée manquée vers sa Guinée natale de l’homme qui a présidé aux destinées de son pays de décembre 2008 à décembre 2009.
Mais alors quelques questions se posent dont la suivante : qui a donné l’ordre de détourner l’avion sur Accra ? En d’autres termes, qui n’a pas intérêt à ce que l’enfant terrible de la Guinée rejoigne le bercail ?
Techniquement, l’ordre est probablement parti de Côte d’Ivoire puisque c’est dans l’espace aérien de ce pays et à la verticale du point d’atterrissage que l’avion a été détourné si on peut dire. Mais si on sait qu’à Conakry la foule qui attendait Dadis a été dispersée manu militari, on peut en conclure que l’ordre a été suggéré de Conakry.
C’est un secret de polichinelle en effet que de dire que le pouvoir guinéen ne voit pas de bon œil le retour de ce trublion de Dadis. Car si, laissé à lui seul, il ne représente guère que quelque 8% de voix venant en grande partie de la Guinée forestière, on ne saurait oublier que son alliance avec le principal opposant d’Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, a de quoi troubler le sommeil de celui qui ne rêve à rien d’autre qu’à sa propre succession.
Par la force des choses, Moussa Dadis Camara a donc été ramené à son point de départ au grand soulagement de tous ceux qui ne sont point du tout pressés de le voir rejouant un rôle politique majeur en Guinée. Mais a-t-il pour autant dit son dernier mot ?
Affaire à suivre…
Ebou Mireille Bayala