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Jean- Baptiste Satchivi président de la Chambre consulaire régionale
Publié le mercredi 26 aout 2015  |  Sidwaya




Présent à Ouagadougou, début août, le Béninois Jean -Baptiste Satchivi a dirigé une réunion de la Chambre consulaire régionale de l'Union économique et monétaire ouest africaine qui a recentré son plan d’action 2015. L’homme d’affaires , qui a fait ses armes dans l'agroalimentaire, est le nouveau président de cet organe de promotion du secteur privé régional. Il dévoile ses ambitions à la tête de l'instance visant à impliquer le secteur privé dans le processus de l'intégration économique.

Sidwaya (S.) : Quatre mois après votre désignation à la tête de la Chambre consulaire régionale de l'UEMOA, vous est-il possible de présenter les grandes lignes des missions de cet organe?

Jean Baptiste Satchivi (J.B.S.) : La Chambre consulaire régionale (CCR) entend réaliser l’implication effective du secteur privé dans le processus d’intégration de l’UEMOA. Cette mission s’articule autour de trois grands axes. D'abord, il s'agit de participer à la réflexion sur le processus d’intégration et de mettre en œuvre des réformes actées par les organes compétents de l’UEMOA. Il est question de voir à travers un certain nombre de dispositions, comment le secteur privé peut valablement participer à ce processus. Ensuite, c’est la promotion des échanges commerciaux et des investissements de l’Union. Enfin, il y a l’appui technique aux chambres consulaires nationales et à d’autres membres.

S. : La Chambre compte trois commissions techniques. Quelles sont les missions dévolues à celles-ci?

J.B.S. : La commission technique des affaires générales et institutionnelles dirigée par le président de la commission, Souleymane Soumaré, doit réviser les textes régissant les CCR en vue d'améliorer leur contribution aux programmes de mise en œuvre de la stratégie PPP (Partenariat public-privé) au sein de l’UEMOA. Elle propose des pistes d'actions visant à bonifier la participation du secteur privé régional à ce programme. La problématique de financement, l'instauration d'une présidence rotative à la tête de la CCR figurent également dans notre agenda. Quant à la commission technique des politiques communes de l’Union, pilotée par Nasser, elle a travaillé sur des thèmes en rapport avec l’intégration pour laquelle des recommandations ont été émises. Pour nous, il est urgent de résorber cette question de la disparité des fiscalités au sein de l'Union et d'asseoir des véhicules appropriés au financement des PMI et PME. Nous plaidons également pour la mise en place d'un dispositif permettant de booster les échanges intra-communautaires encore en- deçà de 20%. L'épineuse question de la souveraineté nationale des Etats- membres constitue l'un des goulots d'étranglement à l'intégration économique. La CCR préconise un taux incitatif unique de TVA pour le secteur industriel pour permettre l’éclosion des industries dans l’espace communautaire. Enfin, la commission technique des politiques sectorielles de l’Union, pilotée par le président Elie Justin Ouédraogo se penche sur la contribution du secteur privé régional à la crise énergétique dans l’espace UEMOA. Comment le secteur privé peut, à la limite, participer à trouver des solutions au problème de l’énergie dans chaque pays ? Il a été révélé qu’il s’agit d’une crise de l’offre de la demande énergique. L’énergie est à l’industrie, ce que le sang est au corps humain. Nous avons beaucoup insisté sur la nécessité d’une plus grande volonté politique pour accompagner le secteur de l’énergie dans le sens de l’intégration et de la promotion du secteur privé. Il faut bâtir tout un schéma, sécuriser les investissements en rassurant les investisseurs de la sous-région sur le retour de leurs placements. La problématique de l’énergie nucléaire a été posée notamment les possibles opportunités à tirer du plan Borloo- du nom de ce politique et ancien ministre français- pour l’électrification de la zone ouest-africaine. Cette crise énergétique est une niche pour le secteur privé et une opportunité de mettre l’accent sur la formation des jeunes techniciens à la mise en place des infrastructures solaires, leur entretien, leur maintenance et leur développement.

S. : Quelles sont vos priorités?

J.B.S. : Nous devons construire le siège de notre institution à Lomé. Avec un budget de 8 milliards de F CFA, l’appel d’offre du projet, lancé le 6 juillet, arrive à son terme le 8 septembre prochain et nous espérons achever les travaux dans les 20 mois à venir. A côté de cela, la CCR va lancer son programme de formation «Talent du monde» pour le compte de l’UEMOA. Ce projet conçu en partenariat avec la région de Bretagne en France met l’accent sur la situation des jeunes entrepreneurs de l’espace UEMOA. A terme, nous comptons mettre en selle 200 jeunes entrepreneurs. Nous œuvrons à bâtir des entreprises communautaires, des multinationales de l’UEMOA portées par des chefs d’entreprises de l’espace communautaire. Pour ce faire, nous devons travailler avec et demander l’appui de la commission de l’UEMOA. Nous voulons fabriquer des champions régionaux qui portent tout le potentiel.

S. : Vous avez été porté à la tête de la CCR de l’Union en mai dernier, quelle est votre vision ?

J.B.S. : Notre vision est de réaliser l’implication effective du secteur privé dans le processus d’intégration de l’UEMOA. Nous avons un marché de plus de 100 millions de consommateurs avec une dynamique en terme de croissance. Nous avons une moyenne de taux de croissance de 5% avec une capacité de croissance de la population qui va doubler dans 30 à 40 ans. Il faut donc répondre aux attentes de cette population, ses besoins alimentaires, en formation, en logement… C’est un marché potentiel auquel il faut faire participer le secteur privé. Notre vision est véritablement de faire du secteur privé le catalyseur de l'intégration économique qui n'est possible que par les échanges commerciaux.

S. : En quoi la CCR peut participer à la concrétisation du processus d’intégration économique ?

J.B.S. : Je vois la CCR comme ce creuset d’échanges, de b to b, de partage d’expériences qui doit amener nos décideurs à prendre de bonnes décisions pour l'essor du privé régional. Car elle est le lien qui rassemble les créateurs de richesses et d’emplois.

S. : Le commerce intra-régional reste faible, moins de 20 %. Quels sont les leviers sur lesquels il faut actionner?
J.B.S. : C'est d'abord rendre effective la libre circulation des biens et des personnes. Mais si nous- mêmes de par nos incongruités, nos lourdeurs et nos mauvais comportements à nos frontières, sur nos routes, bloquons la fluidité de ces échanges, nous entravons l’intégration économique. Je ne veux pas indexer tel ou tel pays, mais c’est une question qui interpelle nos Etats.

S. : Quel impact l'entrée en vigueur au sein de la CEDEAO dont fait partie l'UEMOA du Tarif extérieur commun (TEC) peut avoir sur les échanges intracommunautaires ?

J.B.S. : La vocation du TEC en réalité est de titiller la production locale. C’est un préalable aux accords de partenariat économique avec l’Union européenne.
C’est aussi un préalable pour amener les entreprises de l’espace qui s’inscrivent dans des activités de production. La TEC intervient pour tirer la sonnette d’alarme pour dire, vous chefs d’entreprises, essayez de voir dans votre milieu, quelles sont les activités de production qui peuvent être développées pour que vous soyez à l’échange avec une meilleure plus-value. Il nous revient de sensibiliser autour du TEC, porter l’information et de mener des politiques volontaires qui puissent appuyer davantage les entreprises qui s’inscrivent dans les activités de production.
C’est un passage nécessaire pour orienter nos entreprises dans la compétitivité. Il faut que la politique de l’UEMOA et surtout des différents pays en synergie puissent permettre d’appuyer les entreprises qui font ces choix.


Par Nadoun COULIBALY
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