En prélude aux élections du 11 octobre à venir, les partis politiques, les OSC, les médias, les agences de communication ou de publicité ont signé en présence du président Michel Kafando, le vendredi 21 août 2015 à Ouagadougou, un pacte de bonne conduite pour un scrutin apaisé au Burkina Faso.
Les autorités de la Transition, sous les auspices du Conseil supérieur de la communication (CSC), s’activent à des élections couplées présidentielle-législatives apaisées le 11 octobre prochain. A cet effet, à quelques jours de l’ouverture de la campagne (19 septembre), formations politiques, Organisations de la société civile (OSC), médias et agences de communication ou de publicité ont paraphé le 21 août à Ouagadougou, un pacte de bonne conduite qu’ils ont immédiatement remis en main propre au président de la Transition Michel Kafando. Auparavant, à tour de rôle, 18 candidats à la présidentielle, le candidat le plus âgé et le plus jeune aux législatives, les représentants des OSC, des médias publics et privés, de la presse en ligne, des agences de communication et de publicité, ont apposé leur signature sur la version finale du pacte adoptée en atelier le 3 juin 2015. Par ce pacte de bonne conduite constitué de 17 articles, les parties prenantes sont conscientes de «leur responsabilité dans la préservation et la consolidation de la cohésion nationale et de la paix sociale» ainsi que de la nécessité «d’une bonne gouvernance démocratique qui implique l’organisation d’élections justes, honnêtes et transparentes». De même, elles s’accordent à reconnaitre que les périodes électorales sont souvent porteuses de germes de fractures sociales. C’est ainsi que tous les signataires du pacte se sont engagés, tout au long du processus électoral, à «œuvrer pour la sauvegarde de la paix, de la concorde sociale et de l’unité nationale par l’acceptation des diversités d’opinions politiques et le rejet de la violence sur toutes ses formes». En sus, ils ont promis de promouvoir et renforcer «la culture démocratique au Burkina, avant, pendant et après la campagne en vue des élections couplées présidentielle et législatives du 11 octobre 2015».
En clair, le pacte souligne que les discours et débats politiques «doivent être circonscrits à une saine émulation des idées, à la critique des programmes politiques et aux suggestions destinées à améliorer la gouvernance démocratique et la promotion du développement».
Eviter une crise
post-électorale
C’est alors que les partis et formations politiques se sont engagés à bannir de leurs discours et programmes, le mensonge, la diffamation, les incitations à la fraude et à la corruption électorales. Quant aux OSC, elles ont promis se cantonner à leur rôle de veille sociale, conformément à leur statut, ainsi qu’à une saine utilisation des médias. Ceux-ci se sont engagés à leur tour dans leurs colonnes, «à assurer un traitement égalitaire, équilibré et équitable des candidats ou formations politiques prenant part au scrutin», de même qu’à «bannir toute discrimination, mensonge, dénigrement, et diffamations directes ou indirectes». La présidente du CSC Nathalie Somé a indiqué dans son allocution que l’idée du pacte de bonne conduite découle du fait qu’une couverture médiatique apaisée ne peut s’effectuer en l’engagement des autres acteurs tels les partis politiques, les candidats et les OSC. «Nous avons foi en l’engagement des parties à s’approprier ce pacte et à impulser une conduite exemplaire à la hauteur des attentes du peuple burkinabè», a-t-elle ajouté, précisant qu’il est vital d’éviter aux Burkinabè de longues périodes d’instabilité sociopolitique à l’issue des élections. Le Président de la Transition, Michel Kafando s’est, quant à lui, réjoui de l’adhésion de tous à ce pacte qui vient fixer les règles du jeu pour une bonne maitrise des élections à venir. Il est important, a poursuivi le président du Faso, de relever le défi, lors des prochaines consultations électorales, «en démontrant notre commune volonté de vivre ensemble, de transcender nos différences et nos intérêts individuels pour ne voir que l’essentiel». Avant de conclure : «Nous avons intérêt à tourner la page de la Transition dans un climat d’apaisement et de sérénité. C’est seulement ainsi que les prochaines autorités pourront s’attaquer aux innombrables chantiers qui sont autant de défis à relever».
- Sié Simplice HIEN
Alpha Sékou BARRY
(Stagiaire)
Propos et points de vue de quelques acteurs à l’issue de la signature du pacte
Eddie KOMBOIGO, candidat du CDP
«Je souhaite que les acteurs politiques s’accordent à ce que tout le monde puisse être candidat, tel que les règles de la charte de la Transition le prescrivent. Je souhaite également qu’à l’issue des 12 mois de transition, des élections inclusives soient organisées. Nous avons une responsabilité future pour la paix dans ce pays. Nous demandons la pondération, la modération dans le langage, pour préserver la paix»
Me Gilbert Noel Ouédraogo, candidat de l’ADF/RDA
«J’apprécie vraiment cette démarche qui a été initiée par le Conseil supérieur de la communication, parce que vous n’ignorez pas que notre pays a besoin de concorde, de réconciliation. J’adhère pleinement à cette initiative, raison pour laquelle je suis là. Nous devons tous apporter notre contribution pour que la paix soit une réalité au Burkina Faso ».
Tahirou Barry, candidat du PAREN
«Cette occasion, au lieu d’être une récréation, doit être un moment de réflexion. Même si on n’a rien à proposer, même si on n’a aucune idée à défendre, on doit s’interdire de boxer en-dessous de la ceinture (NDLR : référence à l’image symbolique du pacte). C’est dans cet esprit donc que s’inscrit ma signature du pacte de bonne conduite. Pour amener nos militants à respecter ce pacte, nous procéderons à des sensibilisations, pour leur faire comprendre que la démocratie est une saine compétition des idées et non pas une compétition d’injures ».
Me Bénéwendé Sankara, candidat de l’UNIR/PS
« Cet acte est un engagement fort qui a été pris devant le peuple burkinabè, devant l’opinion nationale et internationale. Au-delà du cérémonial de la simple signature, je pense que c’est un engagement solennel pour chaque candidat, pour chaque formation politique, à respecter l’éthique en politique, dans les discours, dans les actes que nous allons poser dans le sens de conforter notre processus démocratique, de sorte à ce que les campagnes puissent se dérouler sans violences. Nous devrons, après l’insurrection des 30 et 31 octobre, réussir la mise en œuvre d’un processus véritablement démocratique, qui va donner à notre pays, la plénitude des valeurs qu’on trouve dans tout Etat de droit. C’est-à-dire, la quiétude, la stabilité. Et cela, pour qu’on puisse véritablement, à travers nos projets de société, construire le Burkina Faso. Je pense que cet engagement en vaut vraiment la peine ».
Tulinabo Mushingui, ambassadeur des Etats-Unis
« Il était très important de signer ce pacte. Cette signature est d’autant plus significative qu’elle a été faite devant tout le monde, avec la présence symbolique du président du Faso. Cela ne peut qu’être salué ».
Propos recueillis par A.S.B